Benjamin Duhamel n’est pas le seul a accusé les médias du groupe Bolloré d’impartialité. Le directeur éditorial de Radio France, Vincent Meslet, réplique aux attaques de CNews et Europe 1 après la diffusion de la vidéo polémique impliquant Thomas Legrand et Patrick Cohen. Il accuse les médias du groupe Bolloré de vouloir « déstabiliser » l’audiovisuel public.

La polémique autour de la vidéo volée de Thomas Legrand et Patrick Cohen en discussion avec des responsables socialistes ne cesse de provoquer des remous. Alors que le comité d’éthique de France Télévisions a blanchi Patrick Cohen, c’est désormais Radio France qui entre dans l’arène. Dans une interview accordée au Parisien ce dimanche 14 septembre, Vincent Meslet, directeur éditorial du groupe public, a vivement critiqué la stratégie médiatique des chaînes appartenant à l’empire Bolloré.

« Nous ne laisserons pas un concurrent nous déstabiliser », prévient-il. Pour lui, les chaînes du groupe CNews et Europe 1 ont instrumentalisé cette affaire, allant jusqu’à occuper « 70 à 80 % du temps d’antenne de certaines tranches le week-end dernier ». Selon Meslet, il s’agit d’une véritable « campagne » visant à fragiliser Radio France.

Le directeur éditorial n’a pas mâché ses mots : « Nous faisons face à un oligopole hostile voulant étendre son influence. Ce dernier écrase les identités des marques qu’il rachète pour qu’elles ne fassent plus qu’une — alimentée par les mêmes auteurs — et augmentent ainsi sa force de frappe. Ce groupe est précisément la négation du pluralisme qu’il nous reproche de ne pas assez défendre. »

Tout en reconnaissant « la maladresse » des propos de Thomas Legrand — suspendu de l’antenne de France Inter afin de « protéger notre antenne » — Vincent Meslet a pris la défense des deux journalistes, victimes selon lui d’un montage tronqué par le média L’Incorrect. Il assure que le pluralisme reste au cœur de la mission de Radio France : « Lors d’une journée type, nous donnons la parole à une cinquantaine d’intervenants différents sur France Inter, France Info et France Culture. Nous évoquons 70 sujets dans nos journaux, dont 41 % sont nationaux, 36 % internationaux et 23 % locaux. »

Meslet distingue par ailleurs Radio France des médias d’opinion qu’il accuse de verser dans la militance. « Ce sont des médias militants, d’obsessions », dit-il à propos de CNews et Europe 1, avant de souligner la différence avec d’autres groupes privés comme TF1, M6 ou BFM/RMC, jugés plus respectueux du débat contradictoire.

Vivement critiqué par Benjamin Duhamel dans Quotidien, Pascal Praud a contre-attaqué sur Europe 1. L’animateur de CNews a dénoncé une « attaque » et revendiqué un « combat culturel » face aux autres médias.

Cette passe d’armes intervient alors que Sibyle Veil, présidente de Radio France issue de la promotion Léopold Sénor de l’ENA, la même promotion de celle d’Emmanuel Macron et Céline Pigalle, directrice de l’information et ancienne directrice de la rédaction d’i Télé, qui avait mis fin à la collaboration d’Éric Zemmour à l’émission Ça se dispute, après l’interview que celui-ci avait donnée au journal italien Corriere della Sera, doivent être entendues dans les prochains jours par l’Arcom pour s’expliquer sur la gestion de l’affaire. La confrontation avec les représentants du groupe Bolloré s’annonce explosive.

Sources :
Le Nouvel Obs – « La presse Bolloré, “des médias militants, d’obsessions” : Radio France réplique sur l’affaire Legrand-Cohen » – lien (14 septembre 2025)