Un an avant sa mort en 2016, Michel Rocard, figure emblématique de la politique française, a accordé une interview marquante dans laquelle il exprimait des opinions critiques sur l’évolution du rôle de l’homme politique dans le monde moderne. Dans cette conversation, Rocard soutenait que le véritable pouvoir ne résidait plus entre les mains des élus, mais qu’il avait été transféré à des entités plus puissantes, comme les grandes banques et les médias.
Pour Michel Rocard, l’une des évolutions majeures était le rôle prépondérant joué par les banques dans la gouvernance mondiale. Selon lui, « le consortium des grandes banques systémiques » a pris le contrôle de l’organisation financière mondiale, une conséquence directe des crises économiques qui ont déstabilisé les États et mis en lumière la faiblesse des gouvernements face aux géants financiers. Il soulignait que cette évolution a ôté aux hommes politiques une grande part de leur capacité d’action, en particulier sur les questions économiques et financières.
Rocard, qui a longtemps milité pour une plus grande régulation des marchés financiers, déplorait cette situation et pointait du doigt une mondialisation qui a permis aux banques de prendre le dessus sur les décisions politiques.
L’influence des médias
Outre les banques, Michel Rocard mettait également en lumière le pouvoir grandissant des médias, en particulier la télévision. Selon lui, les grands projets politiques ne peuvent plus réussir sans le soutien des médias dominants. Il allait même jusqu’à affirmer que les directeurs d’antenne des journaux télévisés, en particulier ceux du 20h, ont le pouvoir d’approuver ou de bloquer des réformes d’envergure :
« Tous les hommes politiques d’aujourd’hui savent qu’un grand projet de réforme ne peut passer que si les directeurs d’antenne de la télévision sont d’accord. Si ces derniers s’opposent à une réforme, elle ne passera plus. Terminé.
Dans cette interview, Michel Rocard livrait une analyse sans concession du rôle de l’homme politique moderne, affirmant que le pouvoir réel a glissé vers d’autres sphères, notamment financières et médiatiques. À travers ses réflexions, il invitait à une prise de conscience sur les limites du pouvoir politique face aux forces économiques et médiatiques qui façonnent le monde d’aujourd’hui.
