Au tribunal correctionnel de Lyon, le réquisitoire a été sans concession : Gaël Perdriau, maire de Saint-Étienne, est accusé d’avoir fait chanter son adjoint Gilles Artigues à l’aide d’une vidéo compromettante. Le parquet a requis cinq ans de prison dont trois fermes, assortis d’une lourde amende et d’une peine d’inéligibilité.
Le procès de Gaël Perdriau, maire de Saint-Étienne exclu de son parti Les Républicains mais toujours en fonction, a pris un tournant décisif ce lundi 29 septembre. Poursuivi pour association de malfaiteurs, chantage et détournement de fonds publics, l’édile et trois de ses proches sont accusés d’avoir piégé son ancien premier adjoint, Gilles Artigues, grâce à une vidéo intime, puis de l’avoir maintenu sous pression pendant près d’une décennie afin de l’écarter de la vie politique.
Durant plus de deux heures, la procureure Audrey Quey a dressé un réquisitoire d’une sévérité rare, évoquant une « organisation mafieuse » installée à la mairie de Saint-Étienne, et un maire dont « le pouvoir l’a rendu fou ». Selon le ministère public, Perdriau avait « la main sur l’arme de destruction massive » : il savait l’existence de la sextape, en a toléré l’usage et validé les manœuvres de ses proches, tout en laissant perdurer un système financé par des subventions publiques détournées.
Les faits remontent à 2014, année de l’élection municipale remportée par Perdriau grâce au soutien de Gilles Artigues, élu centriste et ancien député. Rapidement, le maire et son directeur de cabinet, Pierre Gauttieri, auraient monté avec Samy Kéfi-Jérôme et Gilles Rossary-Lenglet une machination destinée à neutraliser leurs rivaux potentiels, parmi lesquels Artigues lui-même. Ce dernier sera finalement la victime, filmé à son insu avec un escort-boy, puis contraint de se retirer progressivement de la vie publique.
Pour le parquet, la responsabilité de Perdriau est centrale. « Qui a validé le piège ? À mes yeux, c’est Gaël Perdriau », a affirmé la procureure, qui réclame à son encontre cinq ans de prison dont trois fermes, 50 000 euros d’amende et une peine d’inéligibilité de cinq ans avec exécution provisoire. Cette peine, a-t-elle souligné, répond à la gravité d’une affaire qui porte « un trouble au processus démocratique » et à « l’abjection » des faits reprochés.
Ses co-prévenus, eux aussi, risquent des peines de prison : deux ans fermes et 40 000 euros d’amende pour Samy Kéfi-Jérôme et Gilles Rossary-Lenglet, tandis qu’un an ferme aménageable et la même amende ont été requis contre Pierre Gauttieri, seul à avoir reconnu ses torts et présenté des excuses.
L’affaire, qui secoue la vie politique stéphanoise depuis son éclatement en 2022, a plongé la ville dans une crise durable. Aux yeux de la procureure, Saint-Étienne se retrouve aujourd’hui « à l’arrêt », privée de visites ministérielles et de grands investissements, prisonnière d’une administration gangrenée par les intrigues de son maire. Le jugement est attendu mardi 30 septembre, après les plaidoiries de la défense.
Marianne – « Le pouvoir l’a rendu fou » : au procès Perdriau, 3 ans de prison ferme requis contre le maire de Saint-Étienne – lien – 29 septembre 2025