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Etienne Tête. Image : Capture d'écran Lyon Mag TV.

Municipales 2026 à Lyon : Étienne Tête dénonce les « mensonges » du Grand Stade et la candidature de Jean-Michel Aulas

Étienne Tête, ancien adjoint aux marchés publics de la ville de Lyon et opposant de longue date au projet du Grand Stade de Jean-Michel Aulas, a réagi à l’annonce de la candidature de l’ancien président de l’OL à la mairie de Lyon dans un entretien accordé à Raphaël Ruffier pour Lyon Mag TV. M. Tête, qui fut la « bête noire de Jean-Michel Aulas », a exprimé un scepticisme marqué quant aux motivations et à la capacité de gestion de l’homme d’affaires, dénonçant un risque de « système effrayant » de connivence entre le politique et l’argent.

M. Tête s’est dit « très étonné » de cette candidature, soulignant qu’Aulas est assez âgé et possède une fortune estimée à 450 millions d’euros. Il ne croit absolument pas à l’affirmation d’Aulas selon laquelle il voudrait « rendre au centuple aux Lyonnais ». Pour Étienne Tête, toute l’histoire et toute la vie de Jean-Michel Aulas ont consisté à « s’occuper que de lui et que de sa fortune ». Tête doute qu’il ait eu un « chemin de Damas » ou une révélation pour devenir généreux. Il affirme que si M. Aulas souhaitait entreprendre des actions généreuses, il pourrait le faire sans passer par la ville de Lyon.

Selon Tête, les motivations réelles d’Aulas pourraient être d’ordre psychologique (« il s’ennuie ») ou liées à la volonté de « continuer à faire du business sous une autre façon ».

Le coût exorbitant du Grand Stade et la spoliation

L’ancien adjoint a rappelé que le projet du Grand Stade a coûté très cher aux contribuables lyonnais. Il estime que les contribuables de Lyon et de la Métropole ont apporté des « sommes considérables » à Jean-Michel Aulas, chiffrant cet apport à 240 millions d’euros (ou 200 millions selon la Cour des comptes, en tenant compte du coût des rames de tramway). Ces sommes ont été injectées dans son projet de Grand Stade ou le fonctionnement de l’Olympique Lyonnais. Tête souligne qu’Aulas a ainsi obtenu une « plus-value financière considérable » sur cette opération, estimée entre 57 et 58 millions d’euros.

M. Tête maintient que le projet a été construit sur des mensonges : le stade Gerland était « bien réaménageable », il y a eu des mensonges concernant le classement CVSO (qui a disparu) et le nouveau stade n’était pas nécessaire pour l’Euro 2016, car Lyon était déjà en surcapacité.

Pour rendre constructible ce terrain, qui était de nature agricole, il a fallu investir massivement dans les infrastructures : un tramway, des parkings aux planètes, un grand contournement sud, ainsi que des accès sud et nord. Tête a qualifié l’ensemble du processus de « grosse manipulation », en citant notamment l’interdiction faite à des propriétaires de terrains constructibles de faire des hôtels afin d’assurer la rentabilité des hôtels promis à M. Aulas.

L’affaire des expropriations

Étienne Tête, qui a été l’avocat de « tous les expropriés » dans cette affaire, a mis en lumière la spoliation subie par ces derniers. Les terrains qui avaient vocation à devenir constructibles ont été rachetés à 1 € le mètre carré. La Métropole de Lyon (à l’époque) les a ensuite revendus à Jean-Michel Aulas à 40 € le mètre carré, lui permettant de revendre ces terrains à 700 ou 800 € le mètre carré pour la construction d’hôtels ou d’autres projets.

Un « mauvais gestionnaire » qui ne paie « pratiquement pas d’impôts »

M. Tête a remis en question le bilan de gestion de Jean-Michel Aulas à la tête de l’OL Group. Il soutient qu’Aulas est un « mauvais gestionnaire » et le principal responsable des pertes du groupe. Sur deux années de gestion, Jean-Michel Aulas était responsable de la perte de 161 millions d’euros, contre 151 millions d’euros pour M. Textor sur les deux années suivantes. Depuis 2007 (l’entrée en bourse), Aulas aurait perdu peut-être 300 millions d’euros sur l’ensemble de sa gestion. Tête affirme également qu’Aulas a fait des promesses qu’il n’a jamais tenues, citant l’exemple de la création d’emplois : il avait promis 2000 emplois, mais seulement 100 emplois avaient été créés après deux ans de fonctionnement en 2018.

Bien qu’Aulas ait créé une fortune considérable, Tête a ajouté que, comme toutes ces personnes ayant ce niveau de fortune, il « paie pratiquement pas d’impôts » selon les rapports de l’État sur la fiscalité. Tête a toutefois noté que c’est l’intervention de M. Sédou, qui l’a forcé à vendre (d’après ce qu’on lit dans la presse), qui a sauvé l’OL, permettant une valorisation à 560 millions d’euros lors de la vente.

Stratégies politiques et conflits d’intérêt

Étienne Tête s’inquiète des potentiels conflits d’intérêt si Jean-Michel Aulas était élu, notamment s’il conserve des intérêts dans le périmètre du grand stade. Tête cite l’exemple de l’annonce d’un métro vers l’est, une décision qu’il qualifie de « conflit d’intérêt » et qui n’est de toute façon pas de la compétence de la ville de Lyon, mais de la Métropole.

Pour M. Tête, Aulas est déjà dans des « stratégies politiciennes d’un autre temps ». Le fait qu’il soit « totalement antiécologiste » démontre qu’il n’a pas pris la mesure des enjeux du réchauffement climatique et de la biodiversité. Tête considère que les propos d’Aulas sur une « écologie du 21e siècle » positive ne veulent « strictement rien dire » et il dénonce le jeu sur l’émotion et les tentatives de faire « disparaître les écologistes ».

Étienne Tête a conclu l’entretien en exprimant son opinion qu’il ne pense pas que Jean-Michel Aulas va gagner l’élection. Quant à son propre engagement dans la campagne, Tête se positionne comme un « observateur » et reste membre du mouvement des Verts.

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