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Pierre Goldman. Photo : @Michaël Prazan

Procès Goldman : un film retrace l’affaire judiciaire du demi-frère de Jean-Jacques

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Le cinéaste Cédric Kahn signe un huis clos judiciaire avec Le procès Goldman, qui reconstitue le second procès du militant Pierre Goldman. Au-delà d’un simple drame politique, c’est un portrait d’un homme tiraillé, dont l’histoire fascine et dérange.

Avec Le procès Goldman, Cédric Kahn plonge le spectateur dans l’atmosphère tendue d’un huis clos judiciaire d’une intensité rare. Le film tente de reconstituer le second procès de Pierre Goldman, militant d’extrême gauche, intellectuel et demi-frère de Jean‑Jacques Goldman. Né le 22  juin 1944 à Lyon et assassiné à Paris le 20 septembre 1979, à l’âge de 35 ans, sa trajectoire personnelle dépasse le film.

Avec Le procès Goldman, Cédric Kahn explore en effet le second procès de Pierre Goldman. En novembre 1975, Pierre il est rejugé après une première condamnation à perpétuité pour quatre braquages à main armée, dont un ayant coûté la vie à deux pharmaciennes. S’il reconnaît sa participation aux vols, il nie avec constance toute implication dans les meurtres. Cette position ambivalente, entre aveu et déni, alimente la tension dramatique du récit. Les scènes se déroulent presque exclusivement dans une salle d’audience dont les murs clos deviennent le théâtre d’un combat d’arguments, de regards et de silences lourds de sens.

Mais la figure de Pierre Goldman est encore plus complexe que ne laisse transparaitre le films.

Un engagement politique radical

Étudiant à la Sorbonne, il s’est impliqué activement dans les services d’ordre du mouvement étudiant d’extrême gauche entre 1962 et 1968. Il mène ensuite une existence brouillée par des séjours en Amérique latine — notamment au Venezuela où il rejoint des maquis — avant de commettre en décembre 1969 une série de vols à main armée. Le 8  avril  1970, il est arrêté et accuse à Paris de délits graves, dont un double meurtre de pharmaciennes.

Lors du premier procès, en décembre  1974, il est condamné à perpétuité — une sentence qui suscite une forte réaction médiatique et le soutien d’intellectuels et artistes. Mais la Cour de cassation censure ce verdict pour vice de forme en 1975, et lors du second procès à Amiens en avril  1976, il est acquitté des meurtres mais reconnu coupable des vols et condamné à douze ans de réclusion — peine ramenée à six ans et demi, dont il sort libéré pour bonne conduite fin 1976.

Parole d’intellectuel en prison

Durant son incarcération, Pierre Goldman écrit son autobiographie, Souvenirs obscurs d’un juif polonais né en France, qui rencontre un grand succès critique et public. Il y explore l’héritage de ses parents, figures de la Résistance communiste, et sa quête obsédante de ressembler à ces héros.

Une réinsertion ambitieuse mais brisée

Libéré en 1976, il collabore avec Libération et le Nouvel Observateur, fonde la « Chapelle des Lombards », un célèbre club de salsa à Paris, mène une vie intellectuelle et culturelle intense, et projette plusieurs ouvrages et films.

Un assassinat non résolu, geste politique ou barbouzerie ?

Le 20  septembre 1979, il est assassiné en pleine rue à Paris. L’acte est revendiqué moins de 30  minutes plus tard par un groupe d’extrême droite nommé Honneur de la Police. L’enquête n’aboutira pas et l’affaire reste parmi les crimes politiques les plus mystérieux de la Ve République.


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