Pierre Moscovici quittera la Cour des comptes en janvier 2026 pour devenir membre français de la Cour des comptes européenne à Luxembourg.
Le premier président de la Cour des comptes, Pierre Moscovici, a officialisé son départ de l’institution française dans un courrier interne révélé le 18 septembre 2025. Après cinq années passées à la tête de la rue Cambon, l’ancien ministre socialiste rejoindra la Cour des comptes européenne, basée à Luxembourg, à compter du 1er janvier 2026.
« La France a proposé ma candidature en qualité de nouveau membre français de la Cour des comptes européenne », a précisé Pierre Moscovici dans sa lettre, ajoutant que cette proposition sera soumise au Parlement européen et au Conseil à l’automne.
Une trajectoire au cœur des institutions françaises et européennes
Âgé de 68 ans, Pierre Moscovici avait été nommé en juin 2020 à la présidence de la Cour des comptes, succédant à Didier Migaud. Son mandat, prolongé jusqu’en septembre 2026 grâce à un décret repoussant la limite d’âge, devait théoriquement durer encore un an et demi. Mais il a choisi de clore son mandat avant terme pour poursuivre son engagement européen.
Dans son courrier, il affirme partir « fier d’avoir été à la tête d’une institution et d’un collectif exceptionnels » et considère sa future mission au sein de la Cour des comptes européenne comme le prolongement naturel de « plus de quarante années au service des juridictions financières, de l’État et des institutions européennes ».
Un rôle stratégique à Luxembourg
À Luxembourg, Pierre Moscovici n’occupera pas la présidence – actuellement assurée par l’Irlandais Tony Murphy, récemment renouvelé – mais siègera comme membre représentant la France. Son mandat sera de six ans, renouvelable.
La Cour des comptes européenne joue un rôle clé dans l’Union européenne : elle contrôle la conformité des comptes de l’UE et évalue la bonne gestion des fonds publics européens. Avec l’expérience acquise à la fois à Bercy, à Bruxelles en tant que commissaire européen aux Affaires économiques (2014–2019), et à la Cour des comptes française, Moscovici s’inscrit dans la continuité de son parcours institutionnel.
Succession à la Cour des comptes française
Le départ de Pierre Moscovici ouvre désormais la voie aux spéculations sur sa succession à la tête de la Cour des comptes. Plusieurs noms circulent comme celui de l’ancien Premier ministre, Jean Castex, de l’ancienne cheffe du gouvernement, Elisabeth Borne, de l’ancienne ministre du Logement, Emmanuelle Wargon, ou encore de l’actuel ministre de l’Économie, Bruno Le Maire.
La décision pourrait cependant se faire attendre, Emmanuel Macron ayant déjà pris plusieurs mois pour nommer Pierre Moscovici en 2020.
Le fils de Serge Moscovici
Pierre Moscivici est le fils de Serge Moscovici (1925-2014), psychologue social français issu d’une famille juive roumaine, qui est l’un des fondateurs de la psychologie sociale européenne et un théoricien majeur de l’écologie politique et de l’écoféminisme. Directeur d’études à l’EHESS et fondateur du Laboratoire européen de psychologie sociale, il a développé des concepts clés comme la théorie des représentations sociales ou des « minorités actives ». Son œuvre, récompensée par de nombreux prix internationaux, a profondément marqué les sciences sociales et l’activisme écologique
Une carrière marquée par l’économie et l’Europe
Ancien professeur d’économie à Sciences Po aux côtés de François Hollande, Pierre Moscovici a été ministre de l’Économie sous la présidence de ce dernier en 2012. On se souvient notamment de sa formule sur le « ras-le-bol fiscal » des Français en 2013.
Battant en retraite politique en 2014 après un revers électoral, il s’était tourné vers Bruxelles où il avait occupé jusqu’en 2019 le poste de commissaire européen aux Affaires économiques et financières. Son retour à Luxembourg à la Cour des comptes européenne apparaît donc comme un retour aux sources européennes dans sa carrière.