En neuf jours à peine, une pétition contre la loi agricole Duplomb, accusée de réintroduire un pesticide dangereux, a franchi un seuil symbolique inédit de 500 000 signataires. Lancée par une étudiante de 23 ans, cette mobilisation citoyenne pourrait conduire à un débat historique à l’Assemblée nationale.
Jamais une pétition n’avait atteint une telle ampleur sous la Ve République. Ce samedi 19 juillet, le compteur du site de l’Assemblée nationale affichait plus de 500 000 signatures pour la pétition contre la loi Duplomb, initiée par Eléonore Pattery, une étudiante en master de santé environnementale. Cette mobilisation sans précédent pourrait ouvrir la voie à un débat parlementaire dans l’hémicycle, pour la première fois dans l’histoire institutionnelle du pays.
Le texte, adopté définitivement le 8 juillet, suscite une vive controverse. En cause, l’une de ses dispositions phares : la réintroduction de l’acétamipride, un néonicotinoïde interdit en France, mais autorisé jusqu’en 2033 au niveau européen. Réclamée par des filières agricoles comme celles de la betterave ou de la noisette, cette molécule est décriée par les apiculteurs, qui y voient un danger pour les pollinisateurs, et par les défenseurs de l’environnement qui redoutent ses effets sanitaires encore incertains, faute d’études indépendantes à grande échelle.
« La Loi Duplomb est une aberration scientifique, éthique, environnementale et sanitaire », dénonce la pétition, qui a connu une accélération fulgurante avec près de 400 000 signatures en 48 heures, soutenue par des figures publiques telles que l’acteur Pierre Niney et plusieurs élus de gauche.
La procédure prévoit que, si la pétition atteint 500 000 signatures réparties sur au moins 30 départements, la conférence des présidents de l’Assemblée nationale peut décider d’un débat en séance publique. Bien que ce débat ne puisse remettre en cause la loi en vigueur, il marquerait un précédent démocratique significatif. « Depuis 1958, aucune pétition n’a jamais franchi ce cap », souligne la députée LFI Aurélie Trouvé, présidente de la commission des Affaires économiques, qui s’est dite « surprise et enthousiaste » face à cet engouement inédit.
Déjà, dès le cap des 100 000 signatures franchi, la pétition a été automatiquement publiée sur le site institutionnel et sera discutée à la rentrée en commission, où un vote décidera de son classement ou d’un examen approfondi. Pour ses initiateurs, il ne s’agit pas seulement de contester une mesure, mais de réclamer une « révision démocratique des conditions dans lesquelles elle a été adoptée ». La loi avait en effet été adoptée au forceps, dans un climat de tensions politiques, avec une motion de rejet préalable déposée par son propre rapporteur, Julien Dive (LR), qui a dénoncé une stratégie d’obstruction par les députés de gauche.
Derrière cette contestation, c’est tout un débat sur l’agriculture française, l’usage des pesticides, et les limites de la représentation parlementaire qui se cristallise. Le signal envoyé par cette pétition est fort : une partie croissante de la société exige transparence, prudence et participation active dans les choix qui engagent santé publique et environnement.
Pour signer la pétition c’est ici.
Sources : Le HuffPost, AFP, site de l’Assemblée nationale