À Paris, l’artiste JR a installé un collage éphémère de 173 mètres de long sur le pont d’Iéna, en mémoire des victimes d’accidents de la route. Réalisée avec l’association Antoine Alléno, cette œuvre composée de plus de 1 300 portraits rend hommage aux proches endeuillés et interpelle sur la reconnaissance des « homicides routiers ».
Ce vendredi 12 septembre, le pont d’Iéna, au pied de la tour Eiffel, s’est transformé en un lieu de mémoire et de sensibilisation. L’artiste JR y a déployé une fresque éphémère de 173 mètres baptisée Alive (« vivants »), composée de 1 330 portraits en noir et blanc. Ces visages sont ceux de parents, frères, sœurs et amis de victimes d’accidents de la route. Réalisée avec l’appui d’une centaine de bénévoles, l’installation a été conçue en partenariat avec l’association Antoine Alléno, fondée par le chef étoilé Yannick Alléno après la mort tragique de son fils en 2022, percuté par un chauffard alcoolisé.
Toute la journée du samedi, les passants ont foulé cette immense mosaïque humaine, dont les images se sont effacées progressivement. Une symbolique forte : celle de la mémoire fragile des victimes et de leurs proches. « Ce qu’on voulait symboliser, c’est déjà la quantité, l’immensité du mal et de la peine. Les portraits disparaissent pour rappeler l’effacement de ceux dont on ne parle pas », a expliqué Yannick Alléno à l’AFP.
Son ex-femme et vice-présidente de l’association, Isabelle Mescam-Alléno, a insisté sur le combat mené : « Ce qu’on dénonce, c’est le vide sidéral du non accompagnement des familles dans le cas des homicides routiers, qu’il soit psychologique, administratif ou judiciaire. »
Cette mobilisation s’inscrit dans un contexte récent : en juillet dernier, la notion juridique d’« homicide routier » a remplacé celle d’« homicide involontaire » pour les délits liés à la route. Une avancée obtenue grâce à la pression des associations de victimes et qui souligne la responsabilité des conducteurs et la gravité de ces drames. En 2024, 1 174 personnes ont perdu la vie dans des accidents causés par un tiers.
Pour les familles, voir leurs visages intégrés à l’œuvre a été un moment de reconnaissance.
Connu pour ses installations monumentales dans l’espace public, JR avait déjà marqué les esprits avec ses trompe-l’œil au Louvre ou encore son collage sur la façade du Panthéon en 2014. Avec Alive, il continue de donner une voix aux invisibles et d’interpeller la société sur des causes douloureuses mais essentielles.
Source : Beaux Arts.