De retour d’Ukraine, les sénateurs américains Richard Blumenthal et Lindsey Graham ont rencontré samedi Emmanuel Macron et plusieurs ministres à Paris. Objectif : accélérer l’adoption d’une loi prévoyant des sanctions secondaires contre les clients de l’industrie pétrolière russe, tout en renforçant la coordination transatlantique avant le G7.
Alors que les tensions avec la Russie atteignent un nouveau pic, deux figures influentes du Sénat américain, Lindsey Graham (républicain) et Richard Blumenthal (démocrate), ont entamé une tournée diplomatique à travers l’Europe pour rallier les alliés des États-Unis à leur projet de loi. Intitulée « Russian Sanctions Enforcement Act », cette initiative vise à imposer des droits de douane de 500 % aux pays qui continueraient d’acheter du pétrole et du gaz russes, notamment l’Inde et la Chine.
Une rencontre stratégique avec Macron et ses ministres
Après une visite à Kiev vendredi et un entretien avec Volodymyr Zelensky, les deux sénateurs ont rencontré à Paris les ministres français des Finances et des Affaires étrangères, puis Emmanuel Macron. Ils souhaitent faire adopter le texte au Congrès américain avant le sommet du G7, prévu du 15 au 17 juin au Canada.
« Il faut augmenter le coût de la guerre pour Poutine », martèle Lindsey Graham. « 40 % de l’économie russe est aujourd’hui consacrée à l’effort de guerre », renchérit Blumenthal, soulignant que l’enjeu est de faire pression sur les clients stratégiques de Moscou, en particulier Pékin et New Delhi.
Vers une architecture sécuritaire pour l’Ukraine
Au-delà des sanctions économiques, les deux sénateurs appellent à la mise en place d’une garantie sécuritaire de type Article 5 de l’OTAN pour l’Ukraine, avec la présence de troupes européennes au sol et l’appui des services de renseignement américains. Ils estiment que le récent accord sur les minerais stratégiques entre Kiev et Washington ancre davantage les intérêts des États-Unis dans la région.
« Nous voulons ouvrir des fronts multiples avec les Européens », expliquent-ils : baisse du prix plafond du baril russe (actuellement fixé à 60 dollars), pression sur les producteurs mondiaux pour augmenter leur offre, et l’adoption de nouveaux paquets de sanctions coordonnés. D’après leur communiqué, Emmanuel Macron soutient la baisse du plafond pétrolier et envisage de transmettre un message fort à la Chine et à l’Inde.
Trump entre deux lignes
Bien que Donald Trump ait été l’un des premiers à évoquer des sanctions secondaires, il n’a pas encore pris position sur le texte actuel. Selon Lindsey Graham, pourtant proche de l’ancien président, « l’opération de charme de Trump envers Poutine a trouvé ses limites ». Trump aurait donné deux semaines à Poutine pour prouver sa volonté de paix. Faute de résultats, sa position pourrait durcir.
« Poutine va continuer à gagner du temps, faire des gestes symboliques, mais son objectif est d’élargir son contrôle territorial », analysait Blumenthal.
Une reconnaissance de la Russie comme État terroriste ?
Les deux sénateurs ont annoncé vouloir déposer un nouveau texte législatif visant à reconnaître la Russie comme État sponsor du terrorisme, une mesure destinée à accentuer la pression diplomatique et à obtenir le retour de quelque 20 000 enfants ukrainiens déportés depuis le début de la guerre.
Source : Les Échos.