Condamné à cinq ans de prison, dont deux ferme, pour association de malfaiteurs dans l’affaire du financement libyen de sa campagne de 2007, Nicolas Sarkozy a été incarcéré ce mardi matin à la prison de la Santé, à Paris — une première dans l’histoire de la Ve République.
L’ancien chef de l’État, âgé de 70 ans, a quitté son domicile vers 9 h 15, saluant brièvement la foule avant de rejoindre l’établissement pénitentiaire. Dans un message publié peu avant son arrivée, il a déclaré « éprouver une peine profonde pour la France », tout en affirmant ne pas craindre la prison.
Peu avant 8 heure du matin, les trois fils de Nicolas Sarkozy sont arrivés au domicile familial, dans le cadre du rassemblement en soutien à l’ancien chef d’État organisé avant son incarcération à leur initiative diffusé sur les réseaux sociaux.
Plus d’une centaine de sympathisants s’étaient rassemblés devant la Villa Montmorency, dans le XVIᵉ arrondissement de Paris, pour soutenir Nicolas Sarkozy au moment de son entrée à la prison de la Santé. Parmi la foule, l’ancien conseiller de Nicolas Sarkozy Henri Guaino, à partager au micro de BFMTV sa « grande peine ». « Je ressens de la honte pour mon pays, et de l’angoisse, quand la justice des hommes est aussi éloignée de l’idéal de justice. »
Le titre « Du ferme » du rappeur La Fouine a retenti lors du départ de Nicolas Sarkozy accompagné de Carla Bruni qui était venu salué ses soutiens. La foule a également pu entendre les « Portes du pénitencier » et « Money Money Money » selon Hugo Couturier.
Invité sur le plateau de BFMTV, l’avocat de Nicolas Sarkozy, Maître Christophe Ingrain, a confié qu’il trouvait « irréel » d’accompagner l’ancien chef de l’État en prison et a confirmé qu’une demande de remise en liberté sera faite « très rapidement ». « Une seule nuit en prison est une nuit de trop », estime-t-il.
Alors qu’il se trouvait dans la voiture qu’il l’ammènait à la prison de la Santé, Nicolas Sarkozy a publié un message sur X avant son incarcération. Il assure qu’il continuera « à dénoncer ce scandale judiciaire ». »Jéprouve une peine profonde pour la France qui se trouve humiliée. »
L’ancien président est ensuite arrivé à la prison de la Santé, dans le 14e arrondissement de Paris, où Christophe Ingrain, l’avait rejoint. Des surveillants pénitentiaires se sont rassemblés devant la prison pour dénoncer la surpopulation carcérale et la dégradation de leurs conditions de travail. Le rassemblement a été dispersé dans le calme par les forces de l’ordre.
Nicolas Sarkozy a pénétré dans l’enceinte de la maison d’arrêt de la Santé pour y être incarcéré.
En théorie , il a du suivre la procédure classique des détenus : fouille intégrale, remise du “kit d’arrivant”, numéro d’écrou et dépôt de ses effets personnels. L’ancien chef de l’État sera installé dans une cellule individuelle de 9 m², avec télévision, douche et plaque chauffante, mais placé en quartier d’isolement pour éviter tout contact avec les autres prisonniers, notamment ceux impliqués dans la même affaire. Son quotidien sera strictement encadré : promenades seul, trois parloirs par semaine, appels surveillés. Sarkozy aura accès à un téléphone fixe pour appeler ses proches. D’après France Télévisions, il a emporté avec lui les deux tomes du Comte de Monte-Cristo, personnage auquel il s’est comparé lors d’un pot de départ entre amis et une biographie sur Jésus.
Selon Le Figaro, les autres détenus auraient crié depuis leurs cellules : « Oh, bienvenue Sarkozy ! », « Y a Sarkozy ! ».
Après l’entrée de Nicolas Sarkozy à la prison de la santé, ses avocats Jean-Michel Darrois et Christophe Ingrain ont dénoncé une « acrobatie judiciaire » et plaidé l’innocence de leur client. « C’est un jour funeste, pour lui, pour nos institutions et pour la France », a déclaré maître Jean-Michel Darrois alors que l’incarcération d’un ancien président est une première en France. Christophe Ingrain a confirmé que la demande de remise en liberté a été déposée au micro de BFMTV.
Se présentant comme une victime d’acharnement judiciaire, Sarkozy s’est comparé au Comte de Monte-Cristo d’Alexandre Dumas, mais aussi à Edmond Dantès ou Alfred Dreyfus.
Avant son incarcération, Nicolas Sarkozy a indiqué avoir reçu le soutien de nombreuses figures politiques de droite, parmi lesquelles François Fillon, Jordan Bardella et des membres de la famille Chirac. Il a également été reçu à l’Élysée par Emmanuel Macron, qui a expliqué ce geste comme un acte de considération humaine envers un ancien président. L’ancien premier ministre Edouard Balladur s’est également rendu à son domicile hier.
Enfin, le ministre de la Justice Gérald Darmanin a annoncé qu’il se rendrait lui-même à la prison de la Santé pour lui rendre visite et veiller à sa sécurité.
La magistrate honoraire et vice-présidente de la Ligue des droits de l’Homme, Évelyne Sire-Marin a dénoncé les propos de Gérald Darmanin s’inquiètant de l’influence du garde des Sceaux. Pour Rémy Heitz, plus haut magistrat de France, une visite de Gérald Darmanin à Nicolas Sarkozy en prison pourrait porter « atteinte à l’indépendance des magistrats »
Selon Darmanin, « S’assurer de la sécurité d’un ancien Président de la République en prison, fait sans précédent, n’atteint en rien à l’indépendance des magistrats mais relève du devoir de vigilance du chef d’administration ».
L’incarcération de Sarkozy après trois condamnation marque un tournant historique et politique majeur. Ses avocats ont l’espoir de voir l’ancien président remis en liberté avant Noël.
Sources : BFMTV, Le Monde, Le Figaro, X (anciennement Twitter).
