La motion de destitution d’Emmanuel Macron déposée par les députés de La France insoumise a été déclarée irrecevable ce mercredi matin par le Bureau de l’Assemblée nationale. Soutenue par 104 parlementaires de gauche, elle ne sera donc ni examinée en commission, ni débattue dans l’Hémicycle.
Le verdict est tombé : la motion de destitution visant le président de la République, Emmanuel Macron, a été jugée irrecevable par le Bureau de l’Assemblée nationale, réuni ce mercredi matin. Déposée par La France insoumise (LFI) et cosignée par 104 parlementaires de gauche, dont des écologistes et des socialistes, cette initiative politique n’ira donc pas plus loin dans le processus parlementaire.
Selon les informations du Figaro, la décision a été prise à l’issue d’un vote interne au Bureau, qui a réuni les représentants de l’ensemble des groupes politiques. Le résultat est sans appel : 5 voix pour, 10 contre et 5 abstentions. Sans surprise, les vice-présidentes insoumises Nadège Abomangoli et Clémence Guetté ont soutenu la motion, de même que les députés écologistes et socialistes présents. Les représentants du socle commun présidentiel (Renaissance, MoDem et Horizons) ont voté contre, tandis que les membres du Rassemblement national se sont abstenus.
Une décision prévisible mais symbolique
Cette issue était attendue. La nouvelle composition du Bureau, dominée par les forces de la majorité présidentielle, rendait hautement improbable l’adoption d’un texte aussi explosif. La motion de destitution, prévue par l’article 68 de la Constitution, permet théoriquement de démettre le chef de l’État en cas de “manquement à ses devoirs manifestement incompatible avec l’exercice de son mandat”. Mais la procédure est extrêmement encadrée et, jusqu’ici, aucune destitution n’a jamais été examinée au fond sous la Ve République.
Les députés insoumis avaient déposé cette motion en invoquant des “dérives autoritaires” et une “atteinte grave à l’État de droit”. Une initiative à forte portée politique, dans un contexte où le gouvernement démissionnaire de Sébastien Lecornu tente toujours de sortir de la crise institutionnelle. Pour LFI, le refus du Bureau traduit un “verrouillage du pouvoir” et un “déni démocratique”.
Le Rassemblement national s’abstient
L’attitude du Rassemblement national, qui a choisi l’abstention, n’est pas passée inaperçue. Hier, Jean-Luc Mélenchon dénonçait sur X un « RN plus hypocrite que jamais ». « Ça fait partie de son accord avec les macronistes pour les postes à l’Assemblée ? », questionnait le leader de La France Insoumise.
Côté RN certains élus affirment que ce positionnement reflète la volonté du parti de ne pas cautionner une démarche jugée opportuniste, tout en évitant d’apparaître comme le défenseur du président. Un équilibre politique fragile, alors que le RN cherche à renforcer son image de parti institutionnel en vue des prochaines élections.
Ce matin, Marine Le Pen a confirmé qu’elle « censurait tout », ce qui annonce un futur blocage des institutions.
Une procédure à l’avenir incertain
L’irrecevabilité prononcée par le Bureau met fin à cette tentative de destitution, du moins pour l’instant. La motion ne sera ni transmise à la commission des lois, ni présentée en séance publique. En revanche, les députés de gauche peuvent déposer une nouvelle version s’ils estiment pouvoir mieux en justifier les fondements juridiques. “Le message politique est passé”, confie un élu socialiste cité par Public Sénat.
Dans les faits, cette décision met une nouvelle fois en lumière les limites de la procédure de destitution présidentielle en France, souvent perçue comme plus symbolique que réellement applicable. Mais dans le climat tendu de la crise politique actuelle, elle illustre surtout le fossé grandissant entre l’exécutif et une partie du Parlement.
Sources :
Le Figaro – “La motion de destitution d’Emmanuel Macron jugée irrecevable par le Bureau de l’Assemblée nationale” – 8 octobre 2025 – https://www.lefigaro.fr
Public Sénat – “Le Bureau de l’Assemblée rejette la motion de destitution d’Emmanuel Macron déposée par LFI” – 8 octobre 2025 – https://www.publicsenat.fr
LCP – “Procédure de destitution : la motion contre Emmanuel Macron stoppée net” – 8 octobre 2025 – https://www.lcp.fr