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États-Unis : des dizaines de journalistes quittent le Pentagone pour protester contre les nouvelles règles de censure

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Le 15 octobre 2025, une scène inhabituelle s’est déroulée à Arlington (Virginie) : des dizaines de journalistes ont quitté leurs bureaux du Pentagone, cartons à la main, après avoir rendu leurs accréditations. Cette décision collective fait suite à de nouvelles règles imposées par le ministère de la Défense, contraignant les médias à ne diffuser que des informations “officielles”, excluant toute publication issue de sources internes non autorisées.

D’après l’Associated Press, les reporters disposaient jusqu’au 14 octobre à 17 heures pour signer un document de 21 pages. Ceux qui refusaient perdaient automatiquement leur accréditation d’accès au bâtiment. La quasi-totalité des correspondants permanents a préféré claquer la porte plutôt que de céder à ce qu’ils qualifient de “censure institutionnelle”.

Le ministère de la Défense accusé de museler la presse

Plusieurs médias américains majeurs, dont The Washington Post et The Guardian, ont dénoncé une dérive autoritaire du Pentagone, accusé de vouloir contrôler la narration militaire.

“Quelque chose se perd lorsque le ministère de la Défense choisit de se soustraire à tout contrôle”, écrit Nancy A. Youssef dans The Atlantic. Selon la journaliste, le public américain perd le droit de savoir comment sont utilisés près de 1 000 milliards de dollars de budget militaire et comment sont gérés 3 millions d’employés fédéraux.

Depuis plusieurs mois déjà, le Pentagone réduisait progressivement l’accès des médias, fermant la salle de briefing historique et expulsant certaines chaînes de télévision de leurs espaces de travail.

Pour beaucoup, cette décision marque un tournant majeur dans les relations entre le pouvoir et la presse aux États-Unis.

Un climat de méfiance et de désinformation

Les correspondants soulignent les conséquences concrètes de cette rupture : sans présence sur place, le délai d’accès à l’information sur les opérations militaires risque de s’allonger considérablement.

“Quand un événement majeur survenait à l’étranger, nous pouvions obtenir des précisions immédiates auprès des attachés de presse. Désormais, il faudra attendre des heures, parfois des jours”, confie un journaliste à The Guardian.

Cette situation ouvre la voie à une communication unilatérale et orchestrée par le Pentagone. Selon Tom Bowman, correspondant de NPR, les autorités pourraient désormais s’appuyer sur des vidéos courtes, des posts calibrés et des influenceurs partisans pour diffuser leur propre version des faits.

Une atteinte à la liberté de la presse dénoncée

Ces départs massifs ont provoqué une vague d’indignation dans les milieux journalistiques américains. Plusieurs associations de défense de la liberté de la presse, dont le Committee to Protect Journalists (CPJ), ont exigé un retour immédiat à un accès libre et indépendant aux informations militaires.

Pour Nancy A. Youssef, cette crise symbolise le déclin du contrôle démocratique sur les institutions de défense”. Malgré tout, elle affirme que les reporters “continueront à enquêter, où qu’ils soient, et à raconter ce que les citoyens ont le droit de savoir”.

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