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Michel Sapin. Image : Capture d'écran BFM Business.

Michel Sapin défend une fiscalité plus juste pour les plus riches

L’ancien ministre socialiste de l’Économie, Michel Sapin, estime que la France est loin d’avoir atteint le « ras-le-bol fiscal ». Invité sur BFM Business, il plaide pour une contribution accrue des plus fortunés, tout en reconnaissant que ces mesures, essentiellement symboliques, ne suffiront pas à combler le déficit public.

Ancien pilier du quinquennat de François Hollande, Michel Sapin n’a rien perdu de son franc-parler. Sur le plateau de BFM Business, jeudi 24 octobre, l’ancien ministre de l’Économie a défendu sans détour une hausse ciblée des impôts pour les ménages les plus aisés. « Que les gens paient des impôts, c’est la moindre des choses », a-t-il déclaré, jugeant « anormal » que « l’on paie un pourcentage d’impôt beaucoup plus faible quand on est milliardaire que lorsqu’on gagne 3 000 euros par mois ».

Cette déclaration intervient alors que le gouvernement de Sébastien Lecornu prépare son projet de loi de finances (PLF) pour 2026, marqué par plusieurs mesures symboliques de justice fiscale : taxation renforcée des holdings, contribution additionnelle sur les hauts revenus et reconduction de la surtaxe de l’impôt sur les sociétés. Autant de signaux politiques adressés à la gauche de la majorité et aux socialistes, qui avaient conditionné leur soutien au budget à des engagements plus forts sur la redistribution.

Pour Michel Sapin, ces dispositions restent encore timides. « Il y a de la marge pour arriver au ras-le-bol fiscal », ironise-t-il, rappelant que les plus riches continuent de bénéficier de mécanismes d’optimisation « très efficaces », notamment par le biais des structures d’entreprises et des régimes de participation. L’ancien ministre a également dénoncé la prolifération de l’abus de bien social, « extrêmement utilisé dans les sociétés à actionnariat unique et peu contrôlées ».

S’il assume sa volonté de « faire contribuer davantage ceux qui en ont les moyens », Michel Sapin n’ignore pas les limites de la démarche. « Ce n’est pas la taxation des riches qui règle le problème du déficit », reconnaît-il, insistant toutefois sur la portée morale et symbolique de ces mesures : « Il faut que tout le monde partage l’effort. Et le seul effort que puisse faire quelqu’un de très riche, c’est de payer plus d’impôts. »

Cette position, typiquement keynésienne, contraste avec la ligne plus prudente du gouvernement, qui tente de concilier discipline budgétaire et équilibre politique. Si les hausses d’impôts restent un tabou pour une partie de la majorité, le débat sur la justice fiscale s’impose à nouveau dans un contexte de déficit public dépassant les 5 % du PIB et d’inflation persistante.

En filigrane, Michel Sapin défend une idée simple mais clivante : réhabiliter l’impôt comme outil de solidarité nationale, loin de la rhétorique du « ras-le-bol fiscal » qui avait dominé la décennie précédente. Une posture qui, pour certains économistes, résonne comme un retour à l’esprit du socialisme fiscal à la française.

Sources :

Le Figaro – « Que les gens paient des impôts, c’est la moindre des choses » : Michel Sapin estime que le ras-le-bol fiscal est loin d’être atteint – lien

BFM Business – Michel Sapin plaide pour une fiscalité plus juste envers les plus riches – lien

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