Le chef d’état-major des armées, le général Fabien Mandon, alerte sur la nécessité pour la France d’être prête à un affrontement avec la Russie dans les trois à quatre prochaines années. Cette mise en garde, reprise par plusieurs responsables militaires, s’appuie sur les projections des services de renseignement européens, qui estiment possible un conflit direct entre Moscou et l’Otan à l’horizon 2029.
Mercredi 22 octobre, devant les députés de la commission de la Défense, le général Fabien Mandon, chef d’état-major des armées, a affirmé que la France devait être « prête à un choc dans trois, quatre ans » face à la Russie. Une déclaration qui, bien au-delà du simple avertissement, marque un tournant dans le discours militaire français : celui d’une anticipation explicite d’un possible affrontement entre l’Otan et Moscou à moyen terme.
Cette prise de parole s’inscrit dans un contexte budgétaire et stratégique sensible. Le gouvernement, sous l’impulsion du Premier ministre Sébastien Lecornu, défend actuellement son projet de loi de finances 2026, qui prévoit de porter le budget de la Défense à 57,1 milliards d’euros, soit une hausse de 13 % et un effort équivalant à 2,2 % du PIB. Une progression jugée indispensable pour « préparer les armées à affronter un retour du tragique dans l’histoire », selon les mots du général Mandon.
Jeudi, le chef d’état-major de l’armée de terre, Pierre Schill, a lui aussi insisté sur cette notion de « retour des empires ». Devant les députés, il a martelé : « Pour être libre, il faut être craint. Pour être craint, il faut être fort. » Il estime que le budget 2026 « donne enfin les moyens à la France de peser sur son destin ». Une rhétorique de fermeté qui traduit la conviction croissante, au sein de l’appareil militaire, que l’Europe doit rompre avec des décennies de sous-investissement stratégique.
Mais pourquoi cette échéance de 2029 ? Elle ne vient pas de nulle part. Selon les services de renseignement allemands (BND), cités par Les Échos, la Russie pourrait, d’ici cette date, retrouver des capacités militaires suffisantes pour envisager une confrontation directe avec l’Otan. Le 13 octobre dernier, le directeur du BND, Martin Jäger, a mis en garde le Bundestag : « Nous ne devons pas croire qu’une attaque russe éventuelle ne surviendra pas avant 2029. Nous sommes déjà dans le feu de l’action. »
Pour les experts, cette « année charnière » correspondrait au moment où l’armée russe, malgré l’usure de la guerre en Ukraine, aura reconstitué une partie de ses effectifs et de son matériel. Moscou, selon Jäger, « teste déjà la résilience européenne » par des actions hybrides : survols de drones, sabotages, cyberattaques et campagnes de désinformation.
Face à ces signaux, la France, comme ses partenaires européens, multiplie les efforts pour renforcer ses capacités de dissuasion et de projection. Le général Mandon l’a rappelé sans détour : « La Russie est un pays qui peut être tenté de poursuivre la guerre sur notre continent. Notre devoir est d’être prêts. » Selon lui, la simple perception d’une Europe déterminée et réarmée pourrait suffire à décourager toute initiative hostile.
Selon le chef d’état-major, « Si nos adversaires sentent que nous ne sommes pas prêts à nous défendre, je ne vois pas ce qui peut les arrêter. »
Sources :
Le HuffPost – « Pourquoi la France doit être prête à un choc avec la Russie à l’horizon 2029 » – octobre 2025 – https://www.huffingtonpost.fr
Les Échos – « Les services allemands alertent sur un risque d’escalade militaire avec la Russie avant 2029 » – octobre 2025 – https://www.lesechos.fr
franceinfo – « Michel Olhagaray : « Il faut que les Français sachent que le danger est là » » – octobre 2025 – https://www.francetvinfo.fr