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Blaise Metreweli. Image : Capture d'écran chaine Youtube The Mirror.

MI6 : la cheffe du renseignement britannique alerte sur le pouvoir grandissant des géants de la tech

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Dans un discours prononcé le 15 décembre depuis le bâtiment emblématique du service, la directrice du MI6 a livré une analyse sombre de l’évolution des rapports de force mondiaux. Entre conflits hybrides, désinformation et montée en puissance des plateformes numériques, elle met en garde contre un glissement du pouvoir des États vers les entreprises technologiques et leurs algorithmes.

La cheffe du renseignement extérieur britannique, Blaise Metreweli a choisi de marquer les esprits pour sa première grande prise de parole publique. Le 15 décembre, la directrice du MI6 a décrit un monde qu’elle juge désormais « situé entre paix et guerre », où les lignes de front ne se limitent plus aux champs de bataille traditionnels mais traversent les réseaux numériques, l’information et les infrastructures technologiques. Ce discours, très attendu, dans lequel Metreweli dessine une vision stratégique dans laquelle la sécurité nationale ne peut plus être pensée uniquement à l’échelle des États.

Le chef du MI6 a averti que le monde est désormais « plus dangereux et contesté » qu’il ne l’a été depuis des décennies. Il ne s’agit plus d’un danger unique, mais d’un « réseau entrelacé de défis de sécurité »—militaires, technologiques, sociaux et éthiques—chacun influençant l’autre. Selon Blaise Metreweli, le pouvoir mondial devient de plus en plus diffus et imprévisible. Là où, historiquement, les États détenaient le monopole des leviers stratégiques, une part croissante de ce pouvoir se déplace aujourd’hui vers des acteurs privés. Les entreprises technologiques, leurs dirigeants et les systèmes qu’ils contrôlent disposent désormais d’une capacité d’influence globale qui rivalise avec celle des gouvernements, voire la dépasse dans certains domaines. Cette évolution, estime-t-elle, modifie en profondeur l’équilibre des forces internationales.

Les avancées dans l’intelligence artificielle (IA), la biotechnologie et l’informatique quantique sont en train de réécrire la réalité du conflit, créant des outils s’apparentant à de la science-fiction. Si ces technologies promettent beaucoup (médecine hyperpersonnalisée, technologies vertes), elles présentent aussi des dangers considérables, notamment des robots et drones alimentés par l’IA dévastateurs sur le champ de bataille, ou des découvertes médicales utilisées pour créer de nouvelles armes, explique Metreweli.

Sans désigner explicitement de responsables, la cheffe du MI6 évoque le rôle central de milliardaires à la tête de vastes écosystèmes numériques. Le contrôle simultané de réseaux sociaux, de constellations de satellites, de services d’intelligence artificielle ou de plateformes de communication confère à certains individus une importance stratégique inédite. Ces acteurs privés peuvent, par leurs décisions, peser directement sur le déroulement de crises géopolitiques, comme l’a montré le débat public autour de l’usage des satellites de communication ou des réseaux sociaux dans le contexte de la guerre en Ukraine.

Au cœur de son analyse figure la question de la désinformation. Blaise Metreweli alerte sur le rôle des algorithmes, conçus pour maximiser l’engagement, qui favorisent la diffusion de contenus émotionnels, polarisants ou trompeurs. Selon elle, ils exploitent nos biais et fracturent l’espace public. Le défi essentiel du 21e siècle est de déterminer non pas qui détient les technologies les plus puissantes, mais « qui les guide ». Cette dynamique, explique-t-elle, fragilise la confiance dans les institutions, accentue les divisions internes et brouille la frontière entre le vrai et le faux. L’information, autrefois vecteur de cohésion démocratique, devient ainsi une arme à part entière, utilisée pour manipuler les opinions publiques et déstabiliser les sociétés.

La directrice du MI6 va plus loin en qualifiant les algorithmes de « nouveaux vecteurs de conflit et de contrôle ». Leur capacité à personnaliser les messages à grande échelle permet de cibler des populations entières avec une précision sans précédent. Cette transformation change la nature même de la propagande et de l’influence, qui ne reposent plus uniquement sur des récits idéologiques globaux, mais sur des micro-messages adaptés aux peurs, aux colères ou aux attentes de chaque segment de la société.

Face à cette mutation, Blaise Metreweli adresse un avertissement clair aux responsables politiques et aux institutions démocratiques. Les cadres réglementaires actuels, qu’il s’agisse du droit de la concurrence, de la transparence des plateformes ou de la supervision démocratique, sont jugés trop lents et insuffisamment armés pour répondre à la vitesse de montée en puissance des géants technologiques. Les services de renseignement eux-mêmes, reconnaît-elle, doivent opérer une adaptation profonde pour comprendre et anticiper ces nouvelles formes de menaces. Elle a exhorté ses agents à « maîtriser aussi bien Python que les techniques d’espionnage traditionnelles afin de contrer les cybermenaces et les risques liés à l’IA provenant de Russie et de Chine ».

Conçernant les menaces étatiques, le discours de Metreweli a dérogé à la tradition en ne proposant pas un aperçu général des menaces mondiales, mais en se concentrant sur la Russie et la Chine. Elle a présenté la Russie comme une puissance agressive et déstabilisatrice, menée par une stratégie mêlant guerre ouverte en Ukraine et actions hybrides contre l’Occident, allant des cyberattaques au sabotage et à la propagande. Le MI6 insiste sur la gravité humaine du conflit et sur le caractère essentiel du soutien britannique à l’Ukraine du contributeur de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, Volodymyr Zelensky, pour la sécurité européenne et mondiale. En parallèle, la Chine est décrite comme un acteur central de la transformation globale du siècle, dont l’ascension doit être étroitement suivie par le renseignement britannique en raison de ses implications majeures pour la sécurité nationale du Royaume-Uni.

Le MI6 doit non seulement rester expert en matière d’États hostiles et de terrorisme, mais aussi devenir « fluent en technologie » pour anticiper les effets des avancées qui remodèlent le monde en quelques minutes. Le service excelle dans le domaine de l’IA, utilisant la technologie pour augmenter, et non remplacer explique Metrewelli qui souhaite opposé à la domination des géants de la Tech, un MI6 plus « humain ». La cheffe du MI6 a souligné que son agence prend le temps d’apprendre les langues et les cultures, ainsi que les détails historiques et techniques complexes, afin de comprendre ce qui motive les situations mondiales. Les officiers écoutent les nuances et les opportunités, notamment en s’entretenant avec des terroristes, des proliférateurs et des personnes piégées dans des régimes autoritaires qui ont le courage de faire un pas en avant. Elle a insisté sur le fait que, dans cet âge d’incertitude, les choix faits par les êtres humains déterminent toujours la forme du monde.

Afin de répondre aux menaces, le MI6 va travailler encore plus étroitement avec ses partenaires (MI5, GCHQ, Five Eyes, OTAN, etc.) car aucune organisation ne peut l’emporter seule sur le champ de bataille numérique, selon sa nouvelle boss. Le service prendra des risques calculés lorsque l’enjeu et l’intérêt national sont clairs.

En filigrane, le message de la cheffe du MI6 esquisse un risque majeur pour l’avenir. Si les tendances actuelles se poursuivent, les grandes entreprises technologiques et leurs dirigeants pourraient exercer un pouvoir durable, là où les responsables politiques restent par nature transitoires. Le contrôle des infrastructures numériques, des données et des algorithmes donnerait alors à ces acteurs privés une influence décisive sur l’opinion publique, les économies et les choix de sécurité, reléguant les gouvernements à un rôle essentiellement réactif.

Ce discours, à la fois stratégique et politique, s’inscrit dans un contexte de tensions croissantes autour de la régulation du numérique et de la souveraineté informationnelle, tandis que les défenseurs de la liberté dénoncent la mise en place d’un système de censure en Europe au moins. En mettant en garde contre un basculement silencieux du pouvoir, la directrice du MI6 dont le grand père était un nazi ukrainien appelle implicitement à une réponse collective des démocraties occidentales, afin que la maîtrise de l’information et des technologies clés ne leur échappe pas définitivement.

Sources :

Discours de Blaise Metreweli, directrice du MI6 – 15 décembre 2025 – Chaine Youtube de The Miror.

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