Malgré des améliorations, Marseille demeure l’une des villes françaises les plus marquées par la ségrégation sociale, selon une étude récente de l’Insee.
Marseille, souvent perçue comme un creuset culturel et un exemple de diversité méditerranéenne, révèle une tout autre réalité lorsqu’on s’intéresse à sa structure sociale. Une récente étude de l’Insee souligne que la mixité sociale y reste un mythe. Si la ville a reculé dans le classement des villes les plus ségréguées (passant de la première place en 2004 à la huitième en 2020), elle continue de souffrir d’une fracture sociale profonde, notamment entre les quartiers nord, pauvres, et les quartiers sud, plus aisés.
Un contraste entre nord et sud
L’étude, publiée en octobre dernier, met en lumière des disparités de revenus flagrantes. Selon l’Insee, les populations modestes se concentrent principalement dans les quartiers nord de la ville, ainsi que dans une partie du 1er arrondissement, près de la gare Saint-Charles. À l’opposé, les populations aisées résident majoritairement dans les 7e et 8e arrondissements (Bompard, Roucas-Blanc, Périer) ainsi qu’à l’est, dans certains quartiers des 9e, 11e et 12e arrondissements, ou encore à Allauch, en périphérie.
Cette dichotomie s’explique en partie par l’histoire du développement urbain de la ville, marquée par la construction de grands ensembles dans les années 1960. À cette époque, les quartiers nord se sont densément peuplés de logements sociaux, créant une polarisation qui perdure.
Une ségrégation en évolution
Si les inégalités persistent, des tendances contrastées émergent. Entre 2014 et 2020, l’Insee observe une légère baisse de la ségrégation pour les populations modestes, attribuée en partie à des projets de rénovation urbaine, notamment dans des secteurs comme la Joliette. Cependant, cette évolution positive est contrebalancée par une augmentation de la ségrégation parmi les populations aisées, marquées par une tendance accrue à l’entre-soi.
Les quartiers sud illustrent ce phénomène, où de nombreuses résidences fermées se multiplient. Ces « mosaïques d’enclaves séparées », comme les appellent les chercheurs Élisabeth Dorier et Julien Dario, sont des espaces exclusifs, souvent équipés de barrières et de services de sécurité. En 2014, l’Insee recensait déjà 1531 résidences fermées à Marseille, une tendance qui s’est probablement accentuée depuis.
Un défi pour l’avenir
Marseille se distingue également par des inégalités de revenus importantes : les 20 % les plus riches gagnent en moyenne 4,5 fois plus que les 20 % les plus pauvres, un chiffre qui dépasse la moyenne nationale. Cette situation fait de la ville un exemple frappant des défis que pose la ségrégation sociale en France.
La réduction de cette fracture sociale nécessitera une politique volontariste et des investissements dans des projets favorisant la mixité, à la fois dans les infrastructures, le logement et les services publics. En attendant, Marseille reste un symbole complexe d’inégalités ancrées dans son tissu urbain.
Source : Le Figaro