Marseille devient progressivement un pôle incontournable pour les data centers, ces infrastructures dédiées au stockage de données numériques. Toutefois, l’implantation de ces centres de données suscite des controverses, notamment en raison de leur consommation massive d’énergie et de leurs impacts environnementaux et urbains.
Grâce à ses 17 câbles sous-marins connectant la ville au reste du monde, Marseille s’est affirmée comme un hub technologique de premier plan. L’entreprise américaine Digital Realty y prévoit la construction de son cinquième data center, une infrastructure de 12 000 m² située sur le site d’un ancien silo à grains. Prévue pour 2026, cette installation viendra s’ajouter aux 24 000 m² déjà existants, faisant de la ville l’un des hubs internet les plus importants au monde.
Ces data centers stockent en continu des données essentielles telles que des films, des jeux vidéo, des télécoms, ainsi que des services publics en ligne. Avec l’explosion des usages numériques, notamment la cryptomonnaie et l’intelligence artificielle, la demande pour ces infrastructures a bondi, et devrait augmenter de 160 % d’ici 2030 selon une étude de Goldman Sachs.
Un projet controversé
Malgré l’aspect stratégique de ces installations, le projet de Digital Realty à Marseille fait face à une vive opposition. Un collectif d’habitants et d’associations locales dénonce l’impact environnemental et urbain de ces infrastructures. Parmi les principales critiques, on note une consommation énergétique énorme, équivalente à celle d’une ville comme Arles pour une installation de 10 000 m².
De plus, les data centers nécessitent d’importantes quantités d’eau pour refroidir les serveurs. À Marseille, une ville où les ressources en eau et en électricité sont déjà en tension, cela soulève des inquiétudes quant à la gestion des ressources locales.
Un impact écologique à surveiller
Les associations comme France Nature Environnement 13 s’inquiètent également des émissions de gaz à effet de serre (GES) engendrées par l’utilisation de liquides fluorés pour refroidir les serveurs. Ces émissions pourraient être huit fois plus élevées que les chiffres officiellement annoncés, selon une étude du Guardian.
Certains élus locaux, comme l’écologiste, Sébastien Barles appellent à une régulation européenne pour éviter que les territoires soient mis en concurrence et encouragent l’adoption de mesures plus contraignantes pour limiter l’expansion de ces infrastructures. La France, via le plan France 2030, soutient toutefois fortement cette industrie, avec des subventions et des exonérations fiscales, facilitant ainsi l’implantation de ces centres.
Digital Realty promet de minimiser l’impact environnemental de ses infrastructures et de nombreux efforts sont réalisés actuellement pour concevoir des Data Centers moins énergivores. Microsoft a par exemple développé des Data center sous-marins, tandis que la Métropole de Lyon planche également sur un projet vertueux qui devrait s’établir à Bron.
Car si les Data Center sont gourmands, ils restent malgré tout des infrastructures essentiels à la révolution numérique que nous sommes en train de vivre et qui pourrait bien nous permettre d’éviter le mur du réchauffement climatique en optimisant par exemple nos consommations d’énergie.