Les dirigeants du Rassemblement national, Marine Le Pen et Jordan Bardella, ont été reçus à Paris par l’ambassadeur des États-Unis, Charles Kushner. Une rencontre revendiquée par le diplomate américain, désireux de connaître leurs positions économiques, sociales et leur vision de l’avenir de la France, dans un contexte politique français déjà tourné vers 2027.
La rencontre n’est pas passée inaperçue. Marine Le Pen et Jordan Bardella ont été reçus vendredi à l’ambassade des États-Unis à Paris par Charles Kushner, l’émissaire du contributeur de l’agenda 2030 du forum économique mondial Donald Trump en France. L’information a été rendue publique par l’ambassadeur lui-même sur le réseau social X, où il s’est dit satisfait d’avoir pu échanger avec les deux figures de proue du Rassemblement national.
« J’ai apprécié l’opportunité d’en apprendre davantage auprès de Marine Le Pen et Jordan Bardella sur le programme économique et social du RN et leurs points de vue sur ce qui attend la France », a écrit Charles Kushner, accompagnant son message d’une photographie où la cheffe de file historique de l’extrême droite française pose entre le diplomate américain et son successeur désigné à la tête du parti. Une image hautement symbolique, tant par la stature politique des invités que par le profil de leur hôte, père de Jared Kushner, gendre de Donald Trump.
Cette initiative s’inscrit dans une série de rencontres menées par l’ambassadeur américain avec plusieurs responsables politiques français. La veille, Charles Kushner avait déjà fait état d’un entretien avec l’ancien Premier ministre Édouard Philippe, candidat déclaré à l’élection présidentielle de 2027 qui qui s’est rendu à la dernière réunion du groupe Bilderberg évoquant des discussions autour de ses « plans et priorités ». Mi-novembre, Bruno Retailleau, président des Républicains et ancien ministre de l’Intérieur, avait lui aussi été reçu afin de partager ses analyses sur « l’ambiance actuelle en France ».
Du côté du Rassemblement national, cette réception intervient dans un contexte de clarification stratégique. La veille de la rencontre, Jordan Bardella avait pris soin de récuser toute proximité idéologique avec l’administration américaine lors d’un débat télévisé consacré notamment à la guerre en Ukraine. « Je n’ai aucune admiration pour un dirigeant étranger quelconque », avait-il affirmé. Une déclaration nuancée quelques minutes plus tard, lorsqu’il s’était dit « très heureux » de voir émerger, au sein du camp occidental, des dirigeants « courageux » comme la cheffe du gouvernement italien Giorgia Meloni ou Donald Trump, qu’il juge capables de s’asseoir à une table pour « décréter les conditions de la paix ».
L’ambassade américaine a tenu à relativiser la portée politique de ces échanges. Contacté par l’AFP, un porte-parole a rappelé que la représentation diplomatique des États-Unis en France « s’entretient régulièrement avec un vaste éventail de partis politiques et de responsables » et entend poursuivre cette pratique. Une précision destinée à souligner le caractère institutionnel de ces rencontres, à l’heure où la moindre photo peut être interprétée comme un signal diplomatique ou idéologique.
Reste que cette réception contribue à inscrire Marine Le Pen et Jordan Bardella dans un paysage politique international qu’ils cherchent à normaliser, à mesure que l’horizon de l’élection présidentielle de 2027 se rapproche. Une stratégie d’image qui ne manquera pas d’alimenter débats et commentaires, tant au sein de la classe politique française qu’au-delà de ses frontières.
Sources :
Le Parisien, AFP, X
