Réunis à Sarrebruck pour le 35e anniversaire de la réunification allemande, Emmanuel Macron et Friedrich Merz ont alerté sur la fragilité des démocraties européennes. Entre défiance citoyenne, montée des extrêmes et pressions autocratiques, les deux dirigeants plaident pour un réveil politique et militaire du continent.
À l’occasion du 35e anniversaire de la réunification allemande, le président français Emmanuel Macron et le chancelier allemand Friedrich Merz se sont retrouvés ce vendredi 3 octobre à Sarrebruck. Dans cette ville frontalière, symbole d’unité et de coopération européenne, les deux dirigeants ont lancé un appel solennel à un « sursaut » des démocraties du Vieux Continent, confrontées selon eux à une double crise : l’érosion de la confiance dans les institutions et la pression croissante d’un axe d’États autocratiques.
« Un doute s’est installé sur nos institutions », a reconnu Emmanuel Macron, évoquant une possible « dégénérescence de nos démocraties ». Le chef de l’État a pointé la responsabilité des réseaux sociaux, accusés de nourrir l’anonymat, la polarisation et la violence verbale. Selon lui, sans réaction rapide, l’Europe risque de se transformer, d’ici dix ans, en un « continent de complotistes, d’extrêmes, de bruits et de fureur ».
Le chancelier Friedrich Merz a abondé dans ce sens, estimant que « notre mode de vie libre est attaqué, aussi bien de l’extérieur que de l’intérieur ». Sans citer explicitement la Russie, il a dénoncé un « axe d’États autocratiques » qui remet en cause l’ordre libéral mondial et défie les démocraties occidentales. Pour le dirigeant conservateur, investi en mai, l’Allemagne doit devenir le fer de lance du réarmement européen, face à la menace russe et au désengagement américain.
Cette convergence franco-allemande s’inscrit dans un contexte de montée des populismes et de l’extrême droite, qui grignotent progressivement le socle électoral des partis traditionnels. Moteurs historiques de l’Union européenne, Paris et Berlin cherchent à donner l’impulsion d’une nouvelle étape, centrée sur la défense et la souveraineté. Emmanuel Macron a ainsi plaidé pour que l’Europe devienne « pour la première fois, une puissance militaire », rompant avec une « vassalisation » aux États-Unis.
La veille, lors d’un sommet informel des Vingt-Sept à Copenhague, Bruxelles avait proposé la mise en place d’un « mur » antidrones, en réponse aux incursions attribuées à Moscou. De son côté, le Kremlin, par la voix de Vladimir Poutine, a averti qu’il suivait « attentivement la militarisation croissante de l’Europe » et a promis une « réponse aux menaces ».
Source : BFMTV