Emmanuel Macron exhorte les Européens à renforcer leur action contre les pétroliers clandestins russes qui alimentent l’effort de guerre en Ukraine. L’arraisonnement du Boracay, navire sans pavillon intercepté au large des côtes françaises, illustre l’ampleur d’un trafic opaque et stratégique.
Emmanuel Macron a lancé un nouvel appel à la fermeté face à Moscou. Le président français a exhorté ce jeudi 2 octobre les Européens à franchir « un pas » supplémentaire dans la « politique d’entrave » visant la flotte fantôme russe, réseau maritime clandestin qui permet à la Russee d’exporter son pétrole tout en contournant les sanctions occidentales. Cette économie parallèle représenterait, selon l’Élysée, « 30 à 40 % » du financement de l’effort de guerre contre l’Ukraine.
Ce message intervient quelques jours après l’arraisonnement spectaculaire, par les commandos marine français, du Boracay, un pétrolier de 244 mètres de long naviguant sans pavillon. Intercepté samedi au large des côtes bretonnes, il transportait une cargaison massive de brut russe à destination de l’Inde selon les autorités françaises. D’après le procureur de Brest, l’opération a été menée sur la base de l’article 110 de la convention de Montego Bay, qui autorise la saisie d’un navire en cas d’irrégularités sur son immatriculation. L’enquête a confirmé l’absence de nationalité officielle du bâtiment, dont le capitaine, de nationalité chinoise, sera jugé en février pour « refus d’obtempérer ».
Le président français a par ailleurs dénoncé des « comportements inappropriés et extrêmement agressifs » de l’équipage du Boracay lors de l’intervention. La Marine nationale a dû mobiliser une frégate et des hélicoptères pour sécuriser l’opération. « Dans les prochains jours, nos chefs d’état-major, en coordination avec l’OTAN et dans le cadre de la Coalition des volontaires, se réuniront pour bâtir des actions communes », a annoncé Emmanuel Macron, insistant sur la nécessité d’une réponse collective.
Le Boracay, également connu sous le nom de Pushpa, symboliserait le fonctionnement trouble de cette flotte fantôme. Ce navire a déjà navigué sous sept pavillons différents, de Djibouti aux îles Marshall en passant par le Liberia et Hong Kong. Comme de nombreux pétroliers clandestins, il appartient à un réseau de sociétés-écrans installées dans des paradis fiscaux, change fréquemment d’identité et coupe régulièrement ses transpondeurs pour échapper aux radars. Selon une source militaire citée par l’AFP, entre dix et quinze navires de ce type franchiraient chaque jour le large de Brest.
Derrière ce ballet discret, se joue une partie stratégique qui dépasse largement les eaux territoriales françaises. Ces navires assurent la continuité des exportations énergétiques de Moscou, malgré l’embargo imposé par l’Union européenne et ses alliés. Pour Emmanuel Macron, renforcer la surveillance et l’entrave de cette flotte n’est pas seulement un enjeu de sécurité maritime, mais une nécessité politique et économique dans la guerre d’usure que la Russie mène contre l’Ukraine.
Sources :
Le Figaro – « Emmanuel Macron appelle les Européens à bloquer la flotte fantôme russe » – Lien