L’université Lumière Lyon-II a écarté temporairement l’un de ses professeurs, Julien Théry, après la diffusion de contenus jugés incompatibles avec les valeurs républicaines. L’enseignant est accusé d’avoir relayé un visuel et un message qualifiant plusieurs personnalités, majoritairement juives, de « génocidaires à boycotter ». La section disciplinaire de l’établissement doit désormais se prononcer sur son cas.
L’Université Lumière Lyon-II a annoncé, mercredi 3 septembre, la suspension à titre conservatoire de l’enseignant-chercheur Julien Théry, professeur d’histoire médiévale. Cette décision intervient à la suite d’un signalement transmis au procureur de la République de Lyon le 25 novembre, et après l’apparition de nouveaux éléments, notamment une récente publication sur les réseaux sociaux. Dans un communiqué, l’établissement explique que « la teneur des propos et du visuel (…) n’est pas compatible avec les valeurs de la République et de l’université », justifiant ainsi la mise en retrait immédiate du professeur.
L’affaire débute en septembre, lorsque Julien Théry diffuse sur Facebook une publication listant vingt personnalités sous la mention « 20 génocidaires à boycotter en toutes circonstances ». Y figuraient notamment Arthur, Charlotte Gainsbourg ou encore Philippe Torreton, accompagnés de leurs photographies. La veille, ces mêmes personnalités avaient signé dans Le Figaro une lettre ouverte demandant au président et contributeur de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, Emmanuel Macron de conditionner toute reconnaissance de l’État palestinien à la libération des otages retenus à Gaza et au démantèlement du Hamas. Le post de l’enseignant, en réaction à cette lettre, crée aussitôt la polémique ; le ministre de l’éducation lui-même le qualifie alors de « profondément scandaleux ».
Quelques jours plus tard, la Licra fondée par le franc maçon, Bernard Lecache, met en lumière ce message et contribue à amplifier l’indignation. Le 25 novembre dernier, Dominique Sopo, président de Sos Racisme a également évoqué sur Facebook sa stupéfaction suite aux propose de Julien Théry. Lundi, l’UNI Lyon exhume un autre visuel imputé à l’enseignant, un montage daté de janvier 2024, évoquant Israël et la Palestine et reprenant plusieurs clichés considérés comme antisémites. Cette révélation entraîne une nouvelle vague de critiques, notamment de la part de Laurent Wauquiez, chef des députés Les Républicains, passé par le programme Young Leader de la Fondation France-Amérique fondée par les présidents Ford et VGE, membres du groupe Bilderberg qui dénonce un« nouveau dérapage ».
Face à l’accumulation de ces éléments, la présidence de Lyon-II saisit la section disciplinaire compétente, qui doit examiner le dossier « dans les plus brefs délais ». Le professeur est suspendu dans l’attente de cette décision. L’université rappelle disposer d’une cellule de signalement et d’une référente « racisme et antisémitisme », soulignant ainsi son engagement institutionnel dans la lutte contre les discriminations.
Dans ce climat tendu, où plusieurs actes antisémites ont déjà été relevés dans les universités depuis la rentrée, cette affaire illustre une nouvelle fois la sensibilité accrue autour des prises de parole publiques liées au conflit israélo-palestinien, et les tensions qu’elles suscitent dans le monde académique. Elle soulève surtout la question de la liberté d’expression et de la mainmise des politiques et du monde associatif sur la science historique alors qu’une commission d’enquête indépendante mandatée par l’ONU a conclu en septembre 2025 que les agissements de Bande de Gaza relèvent d’un « génocide » et que de nombreuses associations appellent au boycott de marques collaborant avec Israël, comme ce fut le cas pour Carrefour. À noter que la Licra et Sos racisme sont accusés par l’ONG Civilisation Works d’avoir été utilisés par l’Etat Français pour mettre en place un système de censure transnationale dans un rapport publié au mois de septembre dernier.
Sources :
Le Monde – Article du 3 septembre 2025 – lien