Le collectif La Cueva, composé de l’actrice Aurore Simond, du musicien Stéphane Reynaud et de l’illustratrice Arty Mori, interprète jusqu’au 8 février au théâtre de l’Uchronie Alma, la femme animale, un spectacle immersif où se croisent féminisme, résilience et art. Né en plein cœur de la crise sanitaire, ce projet est un hommage à la force féminine et à la capacité de se réinventer face à l’adversité. À travers un mélange subtil de narration, musique électro-acoustique, illustrations en live et projections vidéo, ce spectacle propose un voyage sensoriel initiatique, où la transformation est au centre de l’expérience.

C’est pendant la pandémie de COVID-19, dans une période de confinement où l’isolement était une réalité, que le collectif La Cueva a vu le jour. Privés de scènes publiques et d’interactions, les trois artistes ont fait le choix de créer dans un espace clos, un appartement devenu lieu de répétition et de résilience. « Nous avons installé une scène dans mon appartement et c’est ainsi que le collectif La Cueva a pris vie », raconte Aurore Simond. Ce repli sur soi, devenu symbolique du travail d’artiste pendant cette période difficile, a permis à la création de Alma, la femme animale de prendre forme. Le collectif a transformé cette contrainte en force créative, allant jusqu’à organiser des concerts en appartement, réunissant un public avec rport du masque, mais renforçant ainsi un cercle de solidarité et de partage.

Alma, la femme animale : Une figure de résilience et de transformation

Le personnage central de ce spectacle, Alma, incarne la résilience face aux épreuves de la vie. À travers cette création, le collectif explore la transformation d’une femme qui traverse des épreuves difficiles, fait face à la mort, renaît à chaque instant et se réinvente. Le récit de Alma s’appuie sur des éléments traditionnels de contes, mais les métamorphoses du personnage résonnent profondément dans un contexte social et politique, avec une lecture féministe marquée.

« Alma est une femme qui se bat contre les difficultés, mais elle est aussi porteuse d’une force intérieure. C’est une femme ni victime, ni soumise, mais qui assume pleinement ses choix et son corps », explique Arty Mori. Cette vision féministe est accentuée par les métamorphoses animales du personnage.

Le féminisme au cœur du spectacle

Alma, la femme animale est un spectacle qui remet en question les archétypes de la femme. Le personnage central se trouve confronté à des situations où elle doit prendre le contrôle de sa vie, de sa sexualité et de son destin. « C’est un message fort : une femme peut être séductrice, forte et indépendante, tout en restant humaine », indique Stéphane Reynaud. Ce message s’inscrit dans une critique des normes sociales imposées aux femmes, qui doivent souvent se conformer à des stéréotypes réducteurs. Alma, en incarnant des animaux puissants, rappelle qu’une femme est multiple et qu’elle peut se réinventer à l’infini.

La crise sanitaire, en forçant les individus à se recentrer sur eux-mêmes, a également permis au collectif de porter une attention particulière à la notion de résilience. « Malgré tout ce qui se passe autour de nous, il faut continuer », souligne Aurore Simond. L’histoire d’Alma invite les spectateurs à réfléchir à la manière dont ils peuvent, eux aussi, surmonter leurs propres épreuves et renaître plus forts, à l’image du personnage.

Résilience et mémoire : La nécessité de se souvenir

Le spectacle met aussi en lumière l’importance de la mémoire pour avancer. « Il faut se souvenir du passé pour pouvoir avancer. C’est un peu comme une quête de vérité », confie Arty Mori. Ce thème est particulièrement poignant dans un contexte où la mémoire collective semble fragile. Les symboles, notamment les animaux, jouent un rôle central dans cette recherche de sens. Les sorcières qui fouillent le désert à la recherche des disparus politiques, les références aux disparus sous la dictature de Pinochet, rappellent l’importance de la mémoire dans le processus de guérison.

Alma, la femme animale est bien plus qu’un simple spectacle. C’est une œuvre née dans un contexte de crise, mais qui incarne une forme de résistance artistique. Le collectif La Cueva a transformé cette période de confinement en un creuset créatif, produisant une œuvre puissante qui interroge le féminisme, la résilience et la transformation. « Le spectacle est cathartique, il a été conçu pour libérer l’âme », conclut Aurore Simond. À travers Alma, le collectif propose non seulement un voyage artistique mais aussi un message de résistance et de renouveau pour tous ceux qui traversent des périodes de difficulté.

« Alma, la femme animale » par le Collectif La Cueva. Théatre de l’Uchronie. 19, rue de Marseille. 69007 Lyon.