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L’OMS s’alarme de l’augmentation des décès dus au choléra en 2023 alors qu’ils étaient plus nombreux en 2017

L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a publié hier des statistiques mondiales inquiétantes concernant le choléra pour l’année 2023. Le rapport révèle une hausse significative des cas et des décès liés à cette maladie, pourtant « évitable » et « traitable ». Selon les données de l’OMS, le nombre de cas de choléra a augmenté de 13 % en 2023 par rapport à 2022, tandis que le nombre de décès a bondi de 71 %, entraînant plus de 4 000 morts. En 2017, la maladie entraînait toutefois « 5000 décès minimum par an », comme l’a souligné hier, le Dr. Philippe Barbosa, directeur technique pour la gestion du choléra de l’OMS.

Le choléra est une infection intestinale aiguë causée par l’ingestion d’eau ou d’aliments contaminés. Il affecte principalement les communautés ayant un accès limité à l’assainissement et à l’eau potable. En 2023, 45 pays ont signalé des cas de choléra, contre 44 en 2022 et 35 en 2021. Parmi ces cas, 38 % concernaient des enfants de moins de cinq ans, ce qui souligne la vulnérabilité des jeunes populations face à cette maladie.

À titre de comparaison en, 2017, on estimait environ 2 millions de cas par an et près de 100 000 décès par an.

Facteurs contribuant à la hausse des épidémies de choléra

Plusieurs facteurs ont contribué à l’augmentation des cas de choléra et des décès, selon l’OMS. Les conflits, le changement climatique, l’insuffisance de l’accès à l’eau potable et à l’assainissement, la pauvreté, le sous-développement, ainsi que les déplacements de populations dus aux conflits émergents et aux catastrophes naturelles, ont tous exacerbé les épidémies de choléra l’année dernière.

L’année 2023 a également vu un changement notable dans la répartition géographique des cas de choléra. Alors que les cas signalés au Moyen-Orient et en Asie ont diminué de 32 %, l’Afrique a connu une augmentation spectaculaire de 125 %. De nombreux pays africains ont signalé une proportion élevée de « décès communautaires », c’est-à-dire des décès survenus en dehors des établissements de santé. Cette situation met en lumière des lacunes importantes dans l’accès aux soins médicaux et souligne l’urgence de renforcer les infrastructures de santé dans ces régions.

Une réponse mondiale urgente nécessaire

Pour la première fois, plusieurs pays ont signalé des décès dus au choléra survenus en dehors des établissements sanitaires. Dans cinq des 13 pays déclarants, plus d’un tiers des décès dus au choléra ont eu lieu dans la communauté, indiquant un besoin urgent d’améliorer l’accès aux traitements et de renforcer les efforts de réponse selon l’agence onusienne.

Des pays tels que l’Afghanistan, la République démocratique du Congo, le Malawi et la Somalie ont continué à signaler de grandes flambées, chacune comptant plus de 10 000 cas suspects ou confirmés. L’Éthiopie, Haïti, ou le virus avait été importé par des casques bleus après le tremblement de terre de 2010, le Mozambique et le Zimbabwe se sont également ajoutés à cette liste en 2023.

Défis et solutions à long terme

Les données préliminaires pour 2024 montrent que la crise mondiale du choléra persiste, avec 22 pays signalant actuellement des épidémies actives. Bien que le nombre de cas signalés jusqu’à présent en 2024 soit inférieur à celui de la même période l’année dernière, 342 800 cas et 2 400 décès ont déjà été rapportés à l’OMS au 22 août.  » Les données préliminaires montrent que la crise mondiale du choléra se poursuit en 2024, avec 22 pays signalant des épidémies actives. Jusqu’à présent cette année, plus de 342 000 cas et 2400 décès ont été signalés à l’OMS dans toutes les régions « , a déclaré hier le DG de l’OMS et contributeur de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, le Dr Tedros, lors de la conf’ de presse hebdomadaire de l’agence onusienne.

L’augmentation de la demande de vaccins anticholériques oraux (OCV), de tests de diagnostic et de médicaments essentiels comme les sels de réhydratation orale et les fluides intraveineux continue de poser un défi aux efforts mondiaux de contrôle de la maladie d’après l’agence onusienne.

Selon le Dr Tedros, « La crise mondiale du choléra a entraîné une grave pénurie de vaccins contre le choléra ». « Entre 2021 et 2023, plus de doses ont été demandées pour répondre aux épidémies que durant toute la décennie précédente. Environ 36 millions de doses ont été produites l’année dernière, soit seulement la moitié de la quantité demandée par 14 pays affectés. »

Depuis octobre 2022, le Groupe international de coordination (GIC) a suspendu le schéma de vaccination standard à deux doses dans les campagnes de réponse aux épidémies de choléra, optant pour une approche à dose unique afin de protéger un plus grand nombre de personnes malgré les stocks limités, soulignent l’OMS et son directeur.

Le Dr Tedros a rappelé qu’il n’y actuellement qu’un seul fabricant de vaccins contre le choléra, EUBiologics, la biotech qui compte parmi ses actionnaires, Biogen, entreprise américaine membre du Forum économique mondial. Le DG de l’OMS a exhorté « les autres fabricants qui envisagent d’entrer sur le marché à accélérer leurs efforts et à rendre les doses disponibles à des prix abordables »

Appel à une action collective

Face à cette situation critique, l’OMS considère que le risque global de choléra reste très élevé et réagit avec urgence pour réduire les décès et contenir les épidémies.

Le Dr. Philippe Barbosa, directeur technique pour la gestion du choléra, a toutefois concédé en conférence de presse que la « diversité dans les systèmes de surveillance rend difficile l’interprétation des données provenant de différentes régions, car les méthodes de surveillance ne sont pas toujours comparables ». Il a également rappelé qu’en « 2017, on estimait environ 2 millions de cas par an (1 227 391 selon les données de l’OMS NDLR.) et près de 5 000 décès minimum par an (5654 par an) ».

L’organisation soutient les pays avec une surveillance renforcée de la santé publique, la gestion des cas, des mesures de prévention, la fourniture de fournitures médicales essentielles, la coordination des déploiements sur le terrain avec des partenaires, et le soutien à la communication des risques et à l’engagement communautaire.

Depuis 2022, 18 millions de dollars ont été alloués par le Fonds de réserve pour les situations d’urgence de l’OMS pour la réponse au choléra. Cependant, un appel de 50 millions de dollars pour répondre aux épidémies de choléra en 2024 n’a pas encore été totalement financé, laissant un besoin urgent de soutien supplémentaire pour répondre à cette crise sanitaire mondiale.

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