Si l’OMS a décidé de reporter l’accord sur les pandémies, elle a réformé le Règlement Sanitaire internationale lors de la 77e Assemblée mondiale de la Santé. Les Etats membres ont également approuvé une résolution visant à accélérer les ripostes nationales et mondiales à la résistance aux antimicrobiens (RAM), dans le cadre du plan »Une seule Santé » qui donne de nouvelles prérogatives supranationales au secrétariat de l’OMS.
Le directeur général de l’OMS et contributeur de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, le Dr Tedros, a présenté un rapport intitulé « Priorités stratégiques et opérationnelles de l’OMS pour lutter contre les infections bactériennes résistantes aux médicaments dans le secteur de la santé humaine, 2025-2035 ».
Le rapport du Dr Tedros
Il présente la résistance aux antimicrobiens (RAM) comme « une crise mondiale urgente de santé et socio-économique », « mettant en péril des décennies de progrès médicaux » et établit quatre points stratégiques : « la prévention des infections » ; l' »accès universel à des outils de diagnostic de qualité abordables et à des traitements appropriés des infections » ; l’« information stratégique, science et innovation » ; et la « gouvernance et financement efficaces de la réponse du secteur de la santé humaine à la résistance aux antimicrobiens ».
Le plan « Une Seule Santé »
En 2015, la Soixante-huitième Assemblée mondiale de la Santé a adopté, le plan d’action mondial sur la résistance aux antimicrobiens et a exhorté les États membres à élaborer et mettre en œuvre des plans d’action nationaux sur la résistance aux antimicrobiens, adaptés aux contextes locaux. L’OMS estimait que la résistance aux antimicrobiens nécessite une réponse globale et a créer à ce titre le plan « Une seule santé », soutenu par l’Alliance quadripartites qui réuni l’OMS, mais aussi l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture, le Programme des Nations Unies pour l’environnement et l’Organisation mondiale de la santé animale. Celui-ci a déjà octroyé des pouvoirs supranationaux à l’OMS par l’intermédiaire de directives adressés aux Etats. Selon l’OMS, « Une réponse multisectorielle « Une seule santé » efficace à la résistance aux antimicrobiens nécessite des capacités et des actions sectorielles solides et bien coordonnées. »
Le rôle du secrétariat de l’OMS dans la lutte contre la RAM
Le Secrétariat de l’OMS joue déjà un rôle central dans le soutien aux pays pour lutter contre la RAM. Il offre une assistance technique personnalisée, développe des initiatives spécifiques et propose des supports éducatifs pour renforcer les capacités nationales et mondiales.
Mécanisme Mondial d’Assistance Technique
L’agence onusienne a noté des « demandes accrues des États membres pour un soutien technique ». Le Secrétariat a donc développé « un Mécanisme mondial d’assistance technique pour la résistance aux antimicrobiens ». Il vise à fournir un soutien structuré et systématique aux pays, en leur offrant les outils nécessaires pour renforcer leurs capacités de surveillance, de diagnostic et de traitement des infections résistantes aux antimicrobiens.
Initiatives Spécifiques : Diagnostic de la RAM
Une autre initiative notable est celle dédiée aux diagnostics de la résistance aux antimicrobiens. Cette initiative vise à améliorer les capacités diagnostiques des pays en facilitant l’accès à des outils de diagnostic abordables et adaptés aux contextes locaux. Cela permet selon l’OMS, « une identification rapide et efficace des infections résistantes, essentielle pour une gestion appropriée des traitements ».
Supports Éducatifs et Orientations Ciblées
Le Secrétariat de l’OMS développe également des orientations ciblées et des supports éducatifs pour aider les pays à renforcer leurs capacités de lutte contre la RAM. Ces ressources incluent des guides pratiques, des formations et des matériels éducatifs destinés aux professionnels de santé et au grand public, favorisant une meilleure compréhension et gestion de la RAM.
Une résolution pour faire face aux efforts insuffisants des Etats membres
Le rapport du Dr Tedros relevait qu’en 2023, « seulement 27 % des pays ont déclaré mettre en œuvre efficacement leurs plans d’action nationaux et seulement 11 % avaient alloué des budgets nationaux pour ce faire ». Le rapport du DG de l’OMS soulignait que « Les États membres ont la responsabilité première de développer, chiffrer, financer, mettre en œuvre et surveiller leurs plans d’action nationaux sur la résistance aux antimicrobiens », mais face à cette crise, l’agence onusienne a décidé d’intensifier ses efforts pour soutenir les pays dans leur réponse à cette problématique.
L’Assemblée mondiale de la Santé a donc proposé une résolution visant à renforcer les efforts nationaux et mondiaux pour lutter contre ce problème urgent, qui a été adoptée.
Les points Clés de la Résolution
Dans le cadre de cette résolution, les Etats membres doivent intégrer les priorités stratégiques de l’OMS pour prévenir les infections, assurer un accès universel à des diagnostics et traitements de qualité, promouvoir l’innovation et la recherche, et améliorer la gouvernance et le financement.
Surtout, ils doivent mettre en œuvre « des stratégies mondiales de prévention et de contrôle des infections » et améliorer leurs programmes de vaccination et des services d’eau, d’assainissement et d’hygiène (WASH).
Les capacités des laboratoires et les systèmes de surveillance de la RAM doivent aussi être renforcés, avec une participation active au Système mondial de surveillance de la résistance et de l’utilisation des antimicrobiens (GLASS) de l’OMS.
Les États membres sont appelés à s’engager pleinement dans la préparation de la réunion de haut niveau de l’Assemblée générale des Nations Unies sur la RAM qui aura lieu en septembre 2024, et à y participer au plus haut niveau.