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Le Dr Tedros lors de la conférence de presse de l'OMS du 4 septembre 2024. Image : Capture d'écran.

L’OMS et le SAGO fondé pour retrouver l’origine du Sars Cov2 lancent un cadre pour étudier les origines des pandémies

Le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l’OMS et contributeur de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, a annoncé aujourd’hui le lancement d’un cadre stratégique visant à guider les études sur les origines des pathogènes avec un potentiel épidémique et pandémique. Ce cadre est soutenu par le Groupe consultatif scientifique pour l’origine des nouveaux pathogènes (SAGO), qui a été créé à l’origine pour enquêter sur l’origine du Sars Cov2, prenant la relève de façon assez inexpliqué de la Mission OMS-Chine. Explications.

Développé pour la première fois comme un guide pratique, ce cadre est destiné à être régulièrement mis à jour en fonction des retours des utilisateurs. Selon l’OMS, il représente une réponse aux lacunes identifiées dans la gestion des épidémies, telles que celles causées par des virus déjà connus comme Ebola et la grippe aviaire, mais aussi des agents pathogènes nouveaux tels que le SARS-CoV-2.

Le cadre décrit six domaines dans lesquels des investigations scientifiques sont nécessaires pour identifier les origines des épidémies : investigations préliminaires ; études sur les humains ; études sur l’interface animal-humain ; études environnementales et écologiques ; études génomiques et phylogénétiques ; et évaluations de la biosécurité et de la bio-sécurité en laboratoire

Ce cadre s’adresse aux scientifiques, chercheurs, autorités de santé publique et enquêteurs des États membres, leur fournissant une méthodologie pour initier ces enquêtes multidisciplinaires. L’agence onusienne souligne également l’importance de la capacité des pays à mobiliser rapidement des ressources en termes de surveillance humaine, animale et environnementale, ainsi que les compétences en laboratoire pour les tests et le séquençage.

Selon l’OMS, la nécessité de partager rapidement les résultats des investigations pour guider les interventions est un autre point clé du cadre, reflétant l’urgence de réagir efficacement pour prévenir la propagation des maladies et les nouveaux événements de débordement de pathogènes.

« Comprendre quand, où, comment et pourquoi les épidémies et pandémies commencent est crucial non seulement pour prévenir de futures épidémies mais aussi pour rendre hommage à ceux qui en sont les victimes », a déclaré le Dr Tedros. Il a insisté sur l’importance de ce nouveau cadre, qui aurait pu jouer un rôle déterminant dans la gestion de la crise de la COVID-19 si elle avait été disponible plus tôt.

Le mauvais exemple de l’origine du Sars Cov2

À l’origine, c’était toutefois la Mission OMS-Chine qui avait été chargée d’enquêté sur l’origine du Sars-Cov2. Elle était composée de 17 experts chinois et de 17 experts internationaux issus de 10 pays différents ainsi que de l’OMS et de l’Organisation mondiale de santé animale (OIE) et a enquêté sur le terrain à Wuhan du 14 janvier au 10 février 2021. Parmi ces experts, on retrouvait le zoologue, Peter Dazak, président de l’ONG EcoHealth Alliance, qui avait des liens avec l’Institut chinois de virologie de Wuhan. L’équipe internationale de la Mission OMS-Chine, a mené l’enquête autour de quatre hypothèses : le passage direct de la chauve-souris à l’homme, le passage de la chauve-souris à un animal intermédiaire, un passage par l’alimentation et une fuite de laboratoire, mais elle penchait plutôt pour la transmission de la chauve-souris à l’homme via un animal intermédiaire. Lors de la 73e Assemblée mondiale de la Santé qui s’est tenue le 19 mai 2020, les Etats membres de l’agence onusienne avaient adopté à l’unanimité une résolution qui privilégiait d’emblée l’hypothèse d’une origine zoonotique et cette option était privilégié dans la feuille de route de la Mission OMS-Chine. Le 31 mars 2021, date de la publication de son rapport, le Dr Tedros a déclaré que « toutes les hypothèses restent sur la table» et qu’il n’y avait pas eu d’avancé.

Le SAGO à la place d’une deuxième étude de la Mission OMS-Chine ?

Le 14 février 2023, la revue scientifique Nature a publié un article intitulé « L’OMS abandonne ses plans pour la deuxième phase cruciale de l’enquête sur les origines du COVID », dans laquelle des chercheurs accusaient l’OMS d’avoir fait trainer les recherches sur l’origine du Sars Cov-2. Cette article révélait que la mission OMS-Chine, avait été « conçue pour jeter les bases d’une deuxième phase d’études approfondies », mais que « deux ans après ce voyage très médiatisé, l’OMS a abandonné ses plans de phase deux. » Nature rapportait que la Responsable technique de la réponse à la COVID-19, la Dr Maria Van Kerkhove réfutait le fait que deux phases aient été envisagé. 

La virologue au centre médical universitaire Erasmus de Rotterdam, aux Pays-Bas, Marion Koopmans confiait à Nature que les scientifiques avaient écrit l’article de 2021, parce qu’ils craignaient « que la phase deux ne se produise » pas. 

Interrogé lors de la conférence hebdomadaire de l’OMS qui s’est tenue le 15 février à Genève, par la journaliste de POLITICO, Ashley Furlong, la Dr Van Kerkhove rétorquait qu’ « Il s’agit d’une erreur de reportage qui est assez préoccupante car elle provoque des gros titres inexacts ». Les cadres de l’OMS niaient avoir fait trainer les choses, invoquant les difficultés rencontrées pour mener les études, comme le manque de collaboration avec les autorités chinoises.

La Dr Van Kerkhove faisait valoir qu’en novembre 2021, l’OMS avait formé le Groupe consultatif scientifique sur les origines des nouveaux agents pathogènes (SAGO), une équipe permanente d’experts qui travaillait sur une proposition sur la manière de mener des études sur les origines des futures épidémies et qui avait également évalué les preuves sur les origines du SARS-CoV-2.

La Dr Van Kerhov avait alors noyé le poisson, précisant qu’ « Initialement, la phase deux était un plan pour être une continuation de cette mission de janvier 2021 à Wuhan, qui était en quelque sorte considérée comme la phase un, mais nous avons mis à jour nos plans ». « Dans un sens, la deuxième phase est devenue SAGO. Nous nous appuyions sur ce qui avait été fait lors de la première phase et en particulier sur le SAGO en tant que groupe consultatif stratégique permanent pour étudier les origines du COVID-19, mais pour travailler largement pour établir un cadre permettant de comprendre les cadres de toute future épidémie et pandémie et les agents pathogènes qui émergent. »

Le DG de l’OMS a annoncé ce mercredi que « le SAGO finalise maintenant son évaluation indépendante de la façon dont la pandémie de COVID-19 a commencé ». « Comme je l’ai dit à maintes reprises, notamment aux hauts dirigeants chinois, la coopération de la Chine est absolument essentielle à ce processus. Cela inclut le partage d’informations sur le marché des fruits de mer de Huanan, les premiers cas connus et suspects de COVID-19 et les travaux effectués dans les laboratoires de Wuhan, en Chine. Sans ces informations, aucun d’entre nous ne peut exclure une quelconque hypothèse. Jusqu’à ce que la Chine partage ces données, les origines du COVID-19 resteront largement inconnues. »

L’OMS n’a toutefois pas fait preuve d’une grande transparence non plus, puisque deux études publiées dans Science é le 26 juillet 2022 dirigées par Michael Worobey, et Kristian G. Andersen, intitulées, « Huanan, le marché aux fruits de mer de Wuhan est le premier épicentre de la pandémie de COVID-19 », critiquaient l’enquête de la Mission OMS-Chine et révélait que le gouvernement Chinois avait lui aussi réalisé des études génomiques et phylogénétiques

Le Dr Tedros a également remercié la présidente du SAGO, le Dr Marietjie Venter, qui est également une contributrice de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, pour son « leadership ».

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