Avec son Dictionnaire amoureux des Juifs de France, Denis Olivennes, issu d’une famille juive d’origine allemande qui s’appelait Olievenstein à l’origine, avant que ce ne nom ne soit francisé, revient sur les liens entre la communauté juive et la France. Tout en célébrant cette histoire partagée, l’auteur alerte sur la résurgence d’un antisémitisme « d’extrême gauche » qu’il juge inquiétant et inédit.

Patron de presse, essayiste et homme d’idées, Denis Olivennes livre avec son Dictionnaire amoureux des Juifs de France (éditions Plon) un ouvrage de près de 700 pages d’histoire, de portraits et d’évocations culturelles.

De A comme Pierre Abélard, philosophe médiéval qui prit la défense des Juifs dès le XIIᵉ siècle, à Z comme Zadok Kahn, grand rabbin de France et soutien indéfectible d’Alfred Dreyfus, le livre explore la complexité d’une relation marquée par la grandeur et la douleur, l’intégration et les fractures.

« J’ai voulu un cabinet de curiosités tendres, une promenade dans l’histoire et la culture plutôt qu’un pamphlet sur l’actualité », écrit Olivennes dans sa préface. L’essayiste y retrace les mythes, les figures et les lieux de mémoire — de Belleville et son yiddish populaire aux clichés de la « belle juive orientale » du XIXᵉ siècle — tout en rendant hommage à l’apport immense des Juifs à la littérature, au cinéma, à la politique et aux arts.
« Ce livre est un acte d’amour », confie-t-il. « L’amour des Juifs pour la France, et de la France pour les Juifs. »

Mais cet amour, rappelle-t-il, n’est pas sans inquiétude. Invité sur Le Figaro TV, Denis Olivennes a confié son désarroi face à la montée d’un antisémitisme nouveau, qu’il observe notamment « à l’extrême gauche ».

« On a vu monter de manière impressionnante un antisémitisme à l’extrême gauche, notamment chez La France insoumise, qui a rompu avec la tradition issue de l’affaire Dreyfus : celle d’une gauche républicaine et universaliste luttant contre l’antisémitisme », a-t-il déclaré dans l’émission Points de Vue.

Selon lui, cet antisémitisme moderne prend la forme d’un antisionisme radical, une idéologie qui « se donne les gants d’être morale » :

« Le raisonnement est fallacieux : tout Juif serait comptable d’Israël, tout Israël de son gouvernement, et puisque ce gouvernement est accusé de génocide, alors tout Juif serait génocidaire. C’est la justification intellectuelle de la haine. »

Denis Olivennes dénonce également la banalisation du mot « sioniste » devenu, dans certains milieux militants, une insulte :

« Quand on fait de “sioniste” une injure, c’est déjà un pas vers l’antisémitisme, car être sioniste, c’est simplement reconnaître le droit à l’existence de l’État d’Israël », estime-t-il.

Ce glissement sémantique et idéologique, ajoute-t-il, « marque la rupture de certaines forces politiques avec la République elle-même ».

Sources :
Le Figaro TV – Points de Vue : Denis Olivennes sur la montée de l’antisémitisme en France – 5 octobre 2025 – lefigaro.fr
France Inter – Critique du “Dictionnaire amoureux des Juifs de France” – 4 octobre 2025 – franceinter.fr