L’affaire des soupçons d’ingérence étrangère visant le député du Rhône, Hubert Julien-Laferrière a pris une nouvelle tournure avec une demande de levée de son immunité parlementaire. Si cette affaire est déjà ahurissante, l’arbre généalogique du Franc-Maçon, l’est encore plus, puisqu’il remonte jusqu’à l’impératrice Marie-Louise, épouse de Napoléon. Il remonte également jusqu’à Edouard Laferièrre, collaborateur au sein du journal Le Palais de Maurice Joly, auteur du Dialogue aux enfers entre Machiavel et Montesquieu, texte qui avait inspiré Les protocoles des sages de Sion, à l’origine de l’antisémitisme moderne.
Le nom d’Hubert Julien Laferrière ancien membre du PS, passé par LREM et Génération.s, est cité dans l’affaire d’ingérence étrangère avec le Qatar qui implique également l’ancien journaliste de BFMTV, Rachid M’Barki, comme l’a révélé Médiapart, le 21 février 2023.
M’Barki qui a été mis en examen le 8 décembre pour « corruption passive » et « abus de confiance » dans le cadre des soupçons d’ingérence étrangère a reconnu d’après un article du Parisien publié le 19 janvier 2024, « avoir perçu de l’argent liquide pour diffuser des sujets orientés sur BFMTV ».
Admettant avoir accepté entre 6 000 et 8 000 euros pour orienter le contenu de ses reportages sur BFMTV, M’Barki a dévoilé une pratique qui, bien que scandaleuse, n’était peut-être que la partie émergée de l’iceberg dans l’industrie de l’information. Ces révélations, issues d’une enquête menée par la Brigade de répression de la délinquance économique (BRDE), ont mis en lumière un réseau plus vaste d’influence et de corruption impliquant journalistes et politiciens.
L’enquête a révélé que M’Barki, loin d’être un simple observateur impartial des événements mondiaux, était en fait un acteur engagé dans la manipulation de l’information pour servir les intérêts de pays étrangers et d’entités privées. Des échanges entre M’Barki et le lobbyiste Jean-Pierre Duthion ont dévoilé un modus operandi où des textes et images étaient fournis au journaliste pour être intégrés dans ses bulletins d’information, souvent au dernier moment et parfois même avec des modifications spécifiques demandées par Duthion. Celui-ci, ainsi que Nabil Ennasri, politologue du Qatar, ont également été mis en examen.
Plusieurs des séquences diffusées semblaient être conçues pour favoriser les intérêts de nations étrangères, en particulier le Qatar. Cela incluait des reportages soutenant la Coupe du Monde de football 2022 organisée par le Qatar, ainsi que des contenus critiquant les Émirats arabes unis, souvent perçus comme un rival régional de Doha.
L’ancien présentateur avait par exemple relayé des critiques ciblant la désignation d’un général émirati peu apprécié par le Qatar au sein d’Interpol. D’autres reportages semblaient viser à protéger les intérêts de particuliers, tels que des oligarques russes confrontés à la saisie de leurs yachts, ou à mettre en avant des lieux spécifiques comme un hôtel de luxe à Madagascar ou le port de Douala au Cameroun.
Ces investigations ont également révélé des communications inquiétantes entre Jean-Pierre Duthion et un représentant d’un cabinet de conseil britannique. L’objectif de ce dernier était d’orchestrer une campagne médiatique en France pour Karim Massimov, ancien Premier ministre du Kazakhstan et contributeur de l’agenda 2030 du Forum économique mondial arrêté durant les manifestations violentes contre le régime.
Duthion aurait proposé à son contact 10 000 euros, pour une question posée à l’oral et à l’écrit lors de la commission des affaires étrangères, accompagnée de trois tweets d’un député et 15 000 euros, pour un sujet traité sur BFMTV.
Trois mois après cet échange, le député du Rhône, Hubert Julien-Laferrière, attirait l’attention du Quai d’Orsay sur la situation de Massimov, connu pour ses actions répressives et d’espionnage contre les opposants politiques.
Julien-Laferrière s’était également montré particulièrement actif pour dénoncer la nomination du général émirati Ahmed Naser Al-Raisi, accusé de torture, à la tête d’Interpol, lorsqu’il était sous couleur LREM, multipliant par exemple les courriers au contributeur de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, Emmanuel Macron. La nomination d’un général des Emirats Arabes Unis n’était pas du gout du Qatar, pays rival. Hubert Julien-Laferrière s’était également mobilisé en faveur d’Ahmed Mansour, un militant des droits de l’Homme détenu par le régime d’Abu Dhabi.
Médiacité avait déjà révélé qu’Hubert Julien-Laferrière a voyagé au Qatar au frais du Comité national des droits de l’Homme de ce pays. Radio France a dévoilé le 15 février 2024, qu’il aurait perçu « 5000 euros mensuels, ainsi que quelques primes de plusieurs centaines d’euros pendant près d’un » de la part de ce comité et d’une ambassade de cette monarchie du golfe, pour défendre des positions favorables au Qatar.
Selon les informations de la Cellule investigation de Radio France et du Monde, ces deux entités versaient chaque mois 30 000 euros à Nabil Ennasri, somme qui aurait permis, au moins en partie, de payer Jean-Pierre Duthion et Hubert Julien- Laferrière. Une note comptable trouvée dans le téléphone de Nabil Ennasri mentionne des paiements réguliers pour Julien-Laferrière, en lien avec l’ambassade du Qatar et le comité national des droits de l’homme du pays.
Julien-Laferrière s’était également rendu en Ukraine, pays dirigé par le contributeur du FEM, Zelensky, en mars 2022, quelques semaines après le début de la guerre. Amateur de voyages, il avait également participé en septembre 2023 au Forum « Finance in common », le sommet international des banques publiques de développement, dont la plupart sont affiliées au FEM, à Cartagene, dans la Colombie de Gustavo Petro, un habitué de Davos.
Il a également participé à Genève à un évènement organisé par UNITAID, organisation internationale d’achats de médicament, affilié à l’OMS, membre du Forum économique mondial. Il était également présent le 7 février 2024, dans les salons de l’Hôtel de Ville lors de l’hommage rendu par la municipalité à Claude Bloch, dernier rescapé de l’Holocauste, alors que la Commission des lois de l’Assemblée nationale adoptait le projet de loi visant « à renforcer la lutte contre les dérives séctaires ».
Hubert Julien-Laférrière a également été accusé d’avoir fait promotion d’une cryptomonnaie camerounaise développée par un homme d’affaire véreux lors d’une question posée au gouvernement lors de séances à l’Assemblée nationale.
Les nouvelles révélations du Monde
Le Monde a révélé la semaine dernière qu’il avait obtenu des preuves indiquant que l’élu a été rémunéré par Jean-Pierre Duthion en échange d’interventions, comme l’attestent des captures d’écran de leurs échanges datant de l’été 2022. Ces conversations évoquent des paiements pour des interventions spécifiques, notamment en faveur de Reckya Madougou, une opposante béninoise. Le Monde confirme que les policiers ont découvert des documents suggérant que le député est intervenu à plusieurs reprises pour des intérêts étrangers, recevant en échange des sommes importantes en liquide.
Il est également question d’un déjeuner, organisé en octobre 2022, au Peninsula, un palace parisien situé dans le 16e arrondissement, auquel, Alexandre Benalla, aurait participé, tout du moins à la fin de repas. L’ex-chargé de mission d’Emmanuel Macron à l’Elysée affirme dans les colonnes du Monde, avoir « entendu parler par Duthion du fait qu’il donnait [à Hubert Julien-Laferrière] à manger régulièrement pour défendre un certain nombre de sujets, y compris contre le patron d’Interpol« .
Il était également prévu que Julien-Laferrière rédige un livre critiquant les Emirats Arabes Unis, via « la politique diplomatique d’Emmanuel Macron ». L’ouvrage devait inclure une « dénonciation du cynisme politique qui consiste à vendre des armes, notamment aux pays du Golfe, tout en restant silencieux sur la tragédie au Yémen », où une coalition de pays arabes, dont les Émirats arabes unis, intervient militairement.
Si l’ancien présentateur de BFM-TV Rachid M’Barki et le politologue Nabil Ennasri, qui selon nos informations a été approché par la Maçonnerie, ont été mis en examen, ce n’est pas le cas du député, qui jouit de son immunité parlementaire et n’a pas encore été entendu par les enquêteurs. Pour que ce dernier puisse être entendu, les magistrats doivent obtenir la levée de son immunité parlementaire, une demande en ce sens, qui a été adressé le 22 mai, est actuellement en cours de traitement par le ministère de la Justice. Tous les protagonistes cités, sont bien sur considérés comme innocents jusqu’à preuve du contraire.
L’arbre généalogique du Franc-maçon Hubert-Julien Lafeyrière
Un temps considéré comme le dauphin du maçon, Gérard Collomb, ayant, comme lui, commencé sa carrière dans le 9e art de de Lyon, Hubert Julien Laffeyrière ferait lui aussi partie de la Maçonnerie.
Son arbre généalogique remonte du côté de sa mère, la comtesse Helena Pleter-Zyberka, jusqu’à l’impératrice Marie-Louise, femme de Napoléon, qui s’est remariée au général-comte Adam Adalbert von Neipperg. Ainsi, Lafeyrière a également Louis XIV parmi ses ancêtres. La famille Julien-Laferrière compte de nombreuses personnalités renommées, depuis le XIXe siècle, y compris des juristes, des militaires, des musiciens, un évêque… Hubert Julien Laffeyrière est par exemple le petit fils de Georges Julien-Lafferière, qui était ingénieur des arts et manufactures et directeur des mines de Roche-La-Molière.
Surtout, son arbre généalogique remonte jusqu’à Edouard Laférrière, rédacteur en chef du journal Le Palais, qui a collaboré au sein de cette rédaction avec Maurice Joly, auteur du Dialogue aux enfers entre Machiavel et Montesquieu, un texte qui évoquait un complot de juifs et de maçons désireux de renverser la Chrétienté et de conquérir le monde en s’appuyant sur les guerres, la révolution industrielle et le capitalisme. Ce texte aurait inspiré « Les protocoles des sages de Sion » qui sont à l’origine de l’antisémitisme moderne qui s’était répandu en Europe de l’Est, jusqu’en Autriche, influençant un certain Adolphe Hitler dans sa théorie du complot juif. Edouard Laférrière qui a fini par se battre en duel avec Maurice Joly avait été condamné lors du second empire pour « complot contre la sureté de l’Etat ». La proclamation de la IIIe République, lui sera plus favorable, puisqu’il sera nommé au Conseil d’Etat, comme directeur des cultes au ministère de l’Intérieur avant de devenir président de la section du contentieux, rédigeant le Traité de la juridiction administrative et des recours contentieux, oeuvre fondatrice du droit administratif français. Il sera même nommé vice-président du Conseil d’Etat en 1886 avant de rejoindre l’Algérie comme gouverneur général, et d’être nommé procureur général près la Cour de cassation.