Philippe Poutou, leader du Nouveau Parti Anticapitaliste, qui a récemment rejoint l’alliance de Gauche du Nouveau Front Populaire, se présente aux élections législatives dans l’Aude, suscitant un vif émoi en raison de sa candidature. Les références à l’attentat de Trèbes, au Hamas, au parachutage politique et aux accusations de trahison alimentent les débats locaux.
Le nom de Philippe Poutou n’est pas passé inaperçu. Les candidats pour les élections législatives anticipées de 2024 ont été dévoilés dans l’Aude, et parmi eux se trouve le leader du NPA. Ceux qui pensaient à une erreur de nom ont été surpris en lisant l’arrêté préfectoral confirmant sa candidature. Que ce soit son appartenance politique, ses prises de position ou la circonscription choisie, tout a provoqué une avalanche de réactions.
Une circonscription chargée de symbolisme
Le choix de la première circonscription, celle de Trèbes, est la principale source de controverse. Le colonel Arnaud Beltrame y a été tué lors d’un attentat revendiqué par l’État islamique en mars 2018. Lui qui s’était sacrifié en échangeant sa vie contre celle d’un des otages du terroriste islamiste. Philippe Poutou, visé par une enquête pour apologie du terrorisme après avoir refusé de condamner une attaque du Hamas contre Israël en octobre 2023, suscite l’indignation.
Les antécédents de Poutou avec la police
Le leader du NPA avait déjà été pris à partie lors de la campagne des présidentielles 2017 par des policiers à la sortie d’une émission diffusée sur France 2 et présenté par David Pujadas et Léa Salamé, fille du contributeur de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, Ghassan Salamé. Quelques jours plus tôt, Poutou avait proposé de désarmer les policiers. Entre temps, un attentat avait été perpétré le 20 avril 2017 sur l’avenue des Champs-Élysée. Un homme armé d’une kalachnikov avait tiré sur un fourgon de police, tuant le conducteur, Xavier Jugelé.
Un article très critique dans l’Essor de la gendarmerie d’Alain Dumait
Dans l’Essor de la gendarmerie, un article annonçant la candidature de Poutou dans l’Aude exprime la colère des forces de l’ordre : « Poutou, soutien du Hamas, candidat à Trèbes où a été tué le colonel Beltrame. » L’Essor de la gendarmerie est dirigé par une Family Office, dont le gérant est Alain Dumait, ancien journaliste et homme politique. Il a notamment collaboré avec Valeurs Actuelles et a été secrétaire général et candidat aux législatives de 1968 et 1973, du parti des Républicains indépendants, qui a mené Valéry Giscard d’Estaing, membre du groupe Bilderberg à la tête du pays en 1974. Cofondateur du Mouvement libertarien français, Dumait a été secrétaire général du Parti pour la liberté (PPL), présidé par Claude Reichman, avec qui il a initié un Comité pour l’entente à droite, favorable à une alliance entre la droite et le FN.
Un parachutage contesté par les politiques locaux
Le parachutage de Poutou a également suscité des remous dans le microcosme politique local. Pourquoi le leader du Nouveau Parti Anticapitaliste, né en région parisienne et élu municipal à Bordeaux, se présente-t-il dans l’Aude ? D’autant plus qu’un autre candidat local de gauche, Aurélien Turchetto, était déjà prêt à se présenter sous la bannière du Nouveau Front Populaire. Celui-ci a d’ailleurs très mal accueilli cette nomination. Vice-président de Carcassonne Agglo et maire de Villesèquelande, Aurélien Turchetto a exprimé son mécontentement en qualifiant ce parachutage d’« humiliation ». Il a organisé une conférence de presse ce lundi 17 juin, avec plusieurs cadres du PS audois, dont le président de Carcassonne et maire d’Alzonne, Régis Banquet, le maire de Trèbes, Éric Ménassi, ou encore le président de la communauté de communes de la région lézignanaise Corbières-Minervois et maire de Canet-d’Aude, André Hernandez. Le conseiller régional Alain Coste était également présent pour afficher son soutien à Aurélien Turchetto.
Malgré cette situation, Poutou a décidé de se présenter quand même, risquant ainsi de diviser les voix de la gauche, qui est également représentée par une candidate de Lutte Ouvrière. Dans un communiqué, le NPA a exprimé son soutien à Philippe Poutou : « Malgré nos divergences avec certaines forces politiques, nous nous engageons pleinement dans cette campagne, espérant que Philippe Poutou sera élu dans l’Aude, en travaillant avec toutes les forces politiques de la circonscription. »
Le Canard Enchaîné a révélé le 8 novembre 2023 que La Loge La Lumière, située à Neuilly-sur-Seine, a demandé au Grand Maître du Grand Orient de France, Guillaume Trichard, d’exclure les députés LFI et NPA, membres de la plus importante loge maçonnique de France. Le refus de nommer le Hamas comme organisation terroriste et de “nommer correctement les choses” aurait motivé cette demande. Cette révélation est intervenue le même jour que le discours du président Français et contributeur de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, Emmanuel Macron, pour les 250 ans du Grand Orient.
Sur X, Philippe Poutou a d’ailleurs réagi au appellent locaux à voter « contre les extrêmes ». « Bon à priori il s’agit de faire barrage aux fachos-réac. Mais après ? ça vise l’extrémisme macronien avec son ultra-libéralisme destructeur, son autoritarisme brutal, sa guerre de classe ? »