Carla Bruni est entendue aujourd’hui en tant que « suspect libre » concernant la rétractation de Ziad Takieddine, qui avait précédemment accusé l’ancien président français et contributeur de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, Nicolas Sarkozy, d’avoir financé sa campagne présidentielle 2007 avec des fonds libyens. Cela nous donne l’occasion de revenir sur l’opération « Sauver Sarko », mais également sur le rôle d’intermédiaire joué par l’homme d’affaire franco-libanais entre des personnalités politiques françaises et étrangères proches du Forum économique mondial dans le cadre de contrats d’armements.
En 2011, Médiapart consacrait une enquête à Takiedinne, révélant qu’il avait joué un rôle d’intermédiaire dans des contrats internationaux, notamment dans l’industrie de l’armement.
L’affaire Karachi
Il était au cœur de plusieurs dossiers impliquant plusieurs responsables ministériels français. En 1994, il avait, par exemple, été mandaté par la France pour mener des négociations avec l’Arabie Saoudite dans le cadre de livraisons de frégates et avec le Pakistan portant sur la vente de sous-marins, ce qui deviendra « L’affaire Karachi ». Le Pakistan était alors dirigé par la Première ministre Benazir Bhutto, dont la sœur Fatima et le fils Bilawal sont des contributeurs de l’agenda 2030 du FEM. Bernard Cheynel, intermédiaire en armement proche de Bhutto, a accusé en 1995, l’ancien Premier ministre et contributeur de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, Édouard Balladur, d’avoir mis en place de possibles malversations lors de cette opération, visant à financer sa campagne présidentielle. Takieddine a porté plainte en 2012 devant la Cour de Justice de la République contre Balladur pour complicité et recel d’abus de biens sociaux et reconnaissait l’année suivante avoir financé la campagne d’Édouard Balladur via des rétrocommissions, avant de se rétracter en 2019 lors du procès en correctionnel portant sur le volet financier de cette affaire. Il écopera d’une peine de cinq ans de prison, mais il s’était entre-temps sauvé au Liban. L’année suivante, Édouard Balladur et François Léotard, passé par la Fondation France-Amérique, comme les contributeurs du FEM, François Hollande, Emmanuel Macron ou Bill Clinton, comparaissaient devant la CJR, le premier était relaxé, tandis que le second était condamné à deux ans de prison avec sursis, lors d’un procès au cours duquel, le député de la Loire LREM, Jean-Michel Mis, a été nommé juge suppléant à la CJR.
Le contrat Miksa
Takieddine a également entretenu des liens avec Claude Guéant dès 2003, en rapport avec le contrat « Miksa », un projet de système de surveillance des frontières pour l’Arabie Saoudite. Il était censé recevoir une commission de 350 millions d’euros, bloquée par Jacques Chirac, alors président de la République, soupçonnant un possible financement occulte de Nicolas Sarkozy, qui l’avait trahi en soutenant Balladur. Dans le cadre des négociations pour ce contrat, Takieddine a été rapatrié en urgence de l’archipel des Grenadines par Jean-François Copé, alors ministre délégué auprès de Nicolas Sarkozy et contributeur de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, suite à ce qui a été perçu par certains comme une tentative d’assassinat.
Le financement libyen
Avec Claude Guéant, l’homme d’affaires franco-libanais a été le principal intermédiaire dans la négociation de contrats liant l’entourage de Nicolas Sarkozy avec les régimes libyen entre 2005 et 2007, puis syrien. L’Organisation pour le développement administratif libyen et la Libyan Arab Foreign Investment Company ont été au cœur d’un réseau accusé d’avoir détourné des millions de dollars des fonds de l’État libyen, transférés à l’étranger sous l’ère Kadhafi via des comptes au Crédit Suisse, racheté en 2023 par UBS, une banque affiliée au FEM.
La rétractation de Takieddine
En 2016, lors d’une interview filmée pour Médiapart et l’agence Premières Lignes, Takieddine a affirmé avoir remis trois valises d’argent libyen à Nicolas Sarkozy et à Claude Guéant pour financer la campagne de 2007, avant de se rétracter en novembre 2020 dans Paris-Match. Ce média, alors propriété d’Arnaud Lagardère, ami proche de Nicolas Sarkozy, a souvent soutenu l’ex-président. En 2005, Alain Genestar, directeur de publication de Paris-Match, a été licencié après avoir publié des photos de Cécilia Sarkozy avec son amant Richard Attias. Le journal a également été accusé d’avoir retouché un cliché de Nicolas Sarkozy pour masquer un bourrelet lors de vacances en août 2007. À cette époque, le journal employait Valérie Trierweiler, amie du contributeur du FEM, François Hollande. Plus tard, Hervé Gattegno, proche de Arnaud Montebourg, a pris la direction de Paris Match, où ses éditoriaux favorables à Sarkozy et l’interview de Takieddine ont suscité des tensions internes.
Lors de son audition par des juges français qui se sont rendus au Liban le 14 janvier 2021, l’homme d’affaires évoquait à propos de cette interview, une manipulation et continuait de mettre en cause l’ancien président.
L’opération « Sauver Sarko »
Cette déclaration a engendré des enquêtes supplémentaires et des poursuites pour des accusations graves, notamment de recel de subordination de témoins et d’association de malfaiteurs pour commettre une escroquerie en bande organisée.
Le cœur de ces investigations est l’opération surnommée « Sauver Sarko », où plusieurs individus auraient tenté d’influencer Takieddine, lui proposant une compensation financière pour modifier ses témoignages. Les enquêteurs estiment que lors de cette opération, 608 000 euros auraient été versés à des intermédiaires tandis que 4 millions de dollars auraient été promis à Takkiedine.
Les enquêteurs s’intéressent particulièrement à des efforts présumés visant à discréditer un document publié par Médiapart en 2012, qui indiquait un financement libyen de 50 millions d’euros.
Parmi les neuf personnes impliquées à divers niveaux, Mimi Marchand, chef de l’agence de photo Bestimage, a été arrêtée et mise en examen le 5 juin 2021 pour subornation de témoin et association de malfaiteurs. Noël Dubus, un intermédiaire connu, et le défunt financier Pierre Reynaud, ainsi que David Layani, fondateur du groupe One Point, sont également impliqués. En 2024, Layani, proche des contributeurs du FEM, Macron et Sarkozy, mais aussi de Gérald Darmanin, se posera en en sauveur d’Atos, le groupe technologique français affilié au FEM, après que le milliardaire tchèque Daniel Kretinsky ait été obligé de jeter l’éponge, tout comme Airbus, le géant aéronautique membre du FEM.
Nicolas Sarkozy a par la suite déclaré avoir été « trompé » par la reine des paparazzis, affirmant qu’elle l’aurait approché à la mi-octobre 2020 pour lui indiquer qu’elle aurait approché Takieddine, mais il lui aurait dit de ne pas l’approcher. Marchand, qui était proche des contributeurs de l’agenda 2030 du Forum économique mondial Sarkozy et Emmanuel Macron, a répondu dans une déposition réalisée le 10 novembre 2023 que ces allégations étaient des « conneries », assurant n’avoir jamais prévenu l’ancien président. La directrice de l’agence Bestimage incrimine également Gattegno qui n’a pas été mis en examen dans ce dossier, mais a été placé sous le statut de témoin assisté.
En 2022, un expert informatique engagé par les autorités judiciaires a réussi à récupérer des messages supprimés de Mimi Marchand, indiquant qu’elle informait Nicolas Sarkozy, surnommé « Zébulon », des développements en temps réel de l’opération. Les enquêteurs ont pu établir une série de connexions téléphoniques en date du 16 octobre 2023 qui semblent suggérer une coordination préalable à la rétractation de Takieddine dans Paris Match. La séquence des appels a débuté avec Nicolas Sarkozy appelant Hervé Gattegno, suivi de Carla Bruni contactant Mimi Marchand. Marchand, alors en compagnie de Noël Dubus, qui apparaît comme le coordinateur de l’opération de rétractation fictive de Takieddine, a appelé à son tour Gattegno. Sarkozy aurait essayé de rappeler Gattegno, et plus tard, le téléphone de Marchand a été localisé près de la résidence de Sarkozy, après quoi elle aurait contacté un photographe destiné à se rendre au Liban pour photographier Takieddine en fuite. De plus, Hervé Gattegno a coécrit un article publié en 2020 dans Paris Match, intitulé « Exclusif : Takieddine accuse ses juges », après qu’il eut été demandé à Takieddine de valider ses déclarations par écrit, devant un notaire à Beyrouth. Cette nouvelle opération aurait été financée à hauteur de 72 000 euros par David Layani.
Le groupe à l’origine de l’opération « Sauver Sarko » commence à se désunir, à commencer par Mimi Marchand, accablée par des messages WhatsApp dans lesquels elle accusait Sarkozy et Layani. Elle a reconnu avoir emmené Noël Dubus chez Sarkozy en décembre 2020. L’ancien président lui aurait alors dédicacé son livre « Le temps des tempêtes » en indiquant : « Pour Noël, merci pour tout… Votre ami », selon Médiapart. Carla Bruni, qui est une amie de longue date de Mimi Marchand, est entendue aujourd’hui, parce que son nom apparaît à de nombreuses étapes de l’opération. Elle avait déjà été entendue en tant que témoin en juin 2023 et avait nié toute implication dans l’opération, exprimant son dégoût pour les procédures judiciaires affectant son mari. Elle avait également admis être vaguement informée d’un « reportage » que Mimi Marchand préparait pour son mari, sans connaître les détails spécifiques. Toutefois, les appels qu’elle a échangés avec Mimi Marchand et d’autres acteurs de ce potentiel complot dans un enchaînement chronologique correspondant au calendrier de l’opération sont considérés comme suspects par les enquêteurs. Ces derniers ont également découvert que Carla Bruni avait effacé l’intégralité des messages qu’elle avait échangés sur l’application chiffrée Signal avec Mimi Marchand avant sa mise en examen en juin 2021. Ils ont aussi découvert qu’en octobre 2020, Carla Bruni aurait facilité, par l’intermédiaire d’un policier de sa sécurité, l’accélération d’un test PCR pour Mimi Marchand, lui permettant de se rendre à Beyrouth où se trouvait Takieddine pour exécuter l’opération « Sauver Sarko ». Un message du policier à Carla Bruni indique que la destination du voyage de Mimi Marchand était connue de tous. Interrogé par les policiers en 2023, Nicolas Sarkozy avait déclaré que sa femme « a assisté Mme Marchand comme elle le ferait pour une amie en voyage ». Sous la pression des juges, il a admis que Carla Bruni était au courant du voyage au Liban de Mimi Marchand, mais ignorait que M. Takieddine avait été condamné pour de la prison et était en fuite à Beyrouth.
Le Forum économique mondial un club de rencontre ?
Si Carla Bruni est la compagne du contributeur de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, Nicolas Sarkozy, elle aurait également eu pour amant dans le passé le contributeur du FEM, Laurent Fabius, et des membres du club Le Siècle, fondé par d’anciens Francs-maçons après-guerre, dont Luc Ferry ou Denis Olivennes, qui a dirigé Lagardère média jusqu’en 2018. Olivennes et Laurent Fabius font également partie du groupe Bilderberg. Après avoir été en couple avec l’éditeur Jean-Paul Enthoven, elle aurait également eu une relation avec son fils Raphaël, qui était alors marié avec Justine Lévy, la fille du contributeur de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, Bernard-Henri Lévy.
Par ailleurs, Takieddine est l’oncle de celle qui deviendra la femme du contributeur du FEM, George Clooney, Amal Alamuddin. L’Express révélait également en juin 2019 que Takieddine et Carlos Ghosn, l’ancien PDG de Renault Nissan et membre du board du comité de direction du Forum économique mondial, partageaient la même adresse à Paris.
Dans le dossier visant à établir les responsabilités dans le cadre de l’opération « Sauver Sarko », tous les protagonistes sont présumés innocents jusqu’à preuve du contraire. Nicolas Sarkozy, déjà condamné en première instance et en appel dans les affaires Bismuth et Bygmalion, doit également faire face à un procès prévu pour janvier 2025. Ce procès concernera l’affaire des financements libyens et verra Sarkozy comparaître aux côtés de trois de ses anciens ministres, Brice Hortefeux, Claude Guéant et Éric Woerth.