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Image : Dall E X X-Pression Média

Le rapport des États généraux de l’information évoque une « urgence démocratique » et préconise de lutter contre la désinformation

Après neuf mois de consultations et de travaux, les États généraux de l’information (EGI), initiés par le contributeur de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, Emmanuel Macron, en octobre 2023, ont livré leurs conclusions le 12 septembre 2024. L’objectif annoncé par le défunt Christophe Déloire, secrétaire général de Reporters sans frontières (RSF), délégué général de l’événement et contributeur du FEM était de sauvegarder le droit à une information libre et indépendante et de garantir le pluralisme dans le paysage médiatique français. Cependant ces préconisations semblent se concentrer essentiellement sur les bouleversements numériques en cours et la désinformation.

Depuis leur lancement en octobre 2023, les États généraux de l’information ont réuni plus de 4 000 participants via des consultations en ligne, ainsi que 174 experts et personnalités des médias lors d’auditions.

Après la mort de Christophe Deloire au mois de juin dernier, c’est Bruno Lasserre qui a été nommé pour présidé le comité de pilotage de ces Etats généraux, mais celui-ci a démissionner après l’annonce d’un futur procès en correctionnelle pour « complicité de harcèlement moral » au profit de Bruno Patino, le président d’Arte, passé par l’université Johns-Hopkins, ou les Nations unies, notamment pour le Programme des Nations unies pour le développement en Amérique latine.

Le rapport final de 349 pages qui fait le constat d’une « urgence démocratique », selon nos confrères du Monde, de France Info, du Figaro ou de Médiapart, qui ont eu accès au document. Il contient quinze propositions et deux recommandations qui visent à contrer la dégradation de la qualité de l’information et la montée de la désinformation.

Le rapport met en avant que l’espace public se polarise sous l’influence des algorithmes des réseaux sociaux, accentuant la désinformation. Selon les auteurs, ces plateformes, utilisées comme armes de « désinformation ou de mésinformation« , menacent la qualité de l’information. Le développement de l’intelligence artificielle est également pointé comme une source de risque pour la production et la diffusion d’informations fiables.

Parmi les mesures phares, le rapport préconise d’intégrer davantage de cours d’éducation à l’esprit critique et aux faits dans les programmes scolaires, ainsi que de généraliser l’éducation aux médias dès l’école. Les auteurs suggèrent également la création de webradios dans chaque collège pour promouvoir une sensibilisation large et continue.

Pour restaurer la confiance du public envers les médias, le rapport propose de rendre systématique l’adoption de chartes déontologiques. De plus, la nomination d’un administrateur indépendant dans les conseils d’administration des groupes médiatiques est suggérée pour garantir l’indépendance éditoriale.

Le rapport appelle à réguler les opérations de concentration des médias, qui menacent la diversité des points de vue. Il plaide également pour renforcer la protection des sources journalistiques et lutter contre les « procédures bâillons » qui visent à étouffer les enquêtes sur les grandes entreprises.

Médiapart déplore toutefois que le rapport situe « la menace quasi exclusivement du côté des algorithmes, des réseaux et de l’intelligence artificielle, autrement dit de la technique, omettant de désigner les vrais ennemis du droit de savoir, c’est-à-dire les acteurs politiques et économiques ». Le média qui a coproduit le film Média Crash avec l’agence Première Ligne, dénonçant l’hyperconcentrqation des médias, se montre le plus critique, regrettant un manque de courage face à cette concentration, mais aussi face à la précarité des journalistes et des mesures insuffisantes contre les attaques judiciaires via les procédures-bâillons ou la manipulation des lois sur le secret des affaires, constituant une menace croissante.

 François Bonnet, président du Fonds pour une presse libre, déplore quant à lui le manque de propositions audacieuses et immédiates.

France Info souligne que les États généraux de l’information réaffirment l’importance d’assurer un financement stable pour l’audiovisuel public, après la suppression de la redevance audiovisuelle en 2022. Il propose un mécanisme de prélèvement sur recettes, similaire à celui utilisé pour l’Union européenne et les collectivités locales, afin de garantir l’indépendance de l’audiovisuel public. Nos confrères relèvent que le rapport se félicite du  » travail de fact-checking » des rédactions qui avait été préconisé par le député de la Loire Quentin Bataillon, rapporteur d’un rapport sur l’audiovisuel public.

Ainsi, la lutte contre la désinformation et la régulation des plateformes de réseaux sociaux pourtant décriées par de nombreux défenseurs de la liberté d’expression semblent se retrouver au centre du rapport. Lors de la Conférence des Ambassadeurs 2023, Emmanuel Macron a insisté sur la nécessité de s’engager courageusement dans les états généraux de l’information, tout en préservant l’indépendance journalistique. Il avait toutefois affirmé que « Cette indépendance ne doit pas empêcher la réflexion sur de nouvelles approches dans un monde en mutation ». Le président Français avait également exprimé le besoin de repenser le rôle de l’audiovisuel public français à l’international. « France Média Monde est un outil puissant de rayonnement, mais nous devons réévaluer sa fonction et son impact. Nous sommes confrontés à un défi : avoir une presse libre, indépendante, mais aussi efficace dans un contexte de propagande et de contre-influence internationale. »

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