Le général Hubert Bonneau, directeur général de la gendarmerie nationale, a récemment adressé un message clair à ses troupes : la possibilité d’un conflit armé en France n’est plus un scénario à exclure. Dans une lettre interne datée du 19 janvier 2025, révélée par Le Monde et Intelligence Online, il souligne les risques croissants pour la sécurité du territoire et l’importance d’une préparation renforcée.
Dans son courrier, Hubert Bonneau insiste sur la nécessité d’anticiper un « engagement majeur », en raison des tensions internationales. Il cite notamment l’invasion russe de l’Ukraine et les possibles évolutions politiques aux États-Unis qui pourraient fragiliser l’OTAN et contraindre l’Europe à une prise en charge plus autonome de sa défense.
Il évoque également la menace d’acteurs cherchant à déstabiliser la Nation, notamment en Outre-mer, soulignant ainsi l’importance de la Défense opérationnelle du territoire (DOT), un concept visant à protéger le pays contre des menaces militaires ou asymétriques.
« En tant que force militaire, nous avons le devoir de nous y préparer pour tenir notre place. » – Général Hubert Bonneau
Un discours qui divise au sein de la gendarmerie
Si cette déclaration marque une évolution notable dans le positionnement de la gendarmerie, elle n’a pas été unanimement bien accueillie. Certains cadres, sous couvert d’anonymat, ont confié à l’AFP qu’ils considéraient d’autres enjeux comme plus prioritaires que la DOT.
« Pour la gendarmerie, il y a d’autres sujets plus importants que la DOT. Nos vraies préoccupations sont le budget pour nos 200 brigades mobiles, l’achat de nouveaux véhicules et notre présence sur la voie publique. » – Un cadre anonyme
D’autres estiment que cette lettre est surtout un rappel du lien entre les gendarmes et les Armées, sans implication directe pour l’instant.
Un renforcement du renseignement et de la lutte contre le crime organisé
Au-delà de la préparation à un éventuel conflit, le général Bonneau met également l’accent sur la lutte contre la criminalité organisée et le narcotrafic. Il annonce ainsi la création de l’Unité nationale de police judiciaire de la gendarmerie, qui sera dirigée par le général Sylvain Noyau.
En matière de renseignement, il appelle à une efficacité accrue, tout en préservant les équilibres institutionnels entre les différents services.
Quelques mois après l’attentat du Bataclan, le colonel dirigeant le GIGN a été critiqué après la diffusion de trois lettres anonymes dénonçant la non-intervention de l’unité lors de l’assaut, confié à la BRI-PP et au RAID, conformément aux compétences de la Police nationale. L’affaire avait suscité une polémique, bien que la direction de la Gendarmerie nationale lui avait renouvelé sa confiance.
Des choix budgétaires à venir
Si la gendarmerie doit se préparer à de nouveaux défis, les ressources financières restent une question centrale. Hubert Bonneau avertit qu’il faudra « faire des choix et accepter des priorisations » dans l’attribution des fonds.
Le budget futur devra s’inscrire dans la continuité du projet élaboré par le précédent gouvernement pour 2025, laissant planer des incertitudes sur la capacité de la gendarmerie à concilier modernisation de ses équipements et préparation aux menaces majeures.
Sources : Le Monde, Intelligence Online, AFP, CNews.