L’assemblée générale de Kering, groupe membre du Forum économique mondial prévue ce jeudi 24 avril, s’annonce stratégique. En toile de fond : la possible montée en puissance du Qatar au capital du groupe français du luxe. Kering, qui détient déjà 30 % de Valentino depuis 2023, pourra acquérir les 70 % restants à partir de mai 2026. Cette montée au capital, initialement valorisée à 4 milliards d’euros, devait en partie être réglée en actions – une stratégie qui pourrait aujourd’hui changer la gouvernance du groupe.
Le plan initial prévoyait que Kering verse 1,5 milliard d’euros sous forme de trois millions d’actions à Mayhoola, fonds d’investissement qatari propriétaire de Valentino, pour limiter sa sortie de cash à 2,5 milliards d’euros. Mais la chute brutale du cours de l’action – passée de 540 à 177 euros – a bouleversé l’équation : ces titres ne valent désormais que 530 millions d’euros, obligeant Kering à envisager une rallonge d’un milliard d’euros en numéraire.
Pour contourner cette difficulté, le scénario d’un doublement du nombre d’actions versées au Qatar est sérieusement envisagé. Cela ferait de Mayhoola le deuxième actionnaire de Kering, avec environ 5 % du capital, derrière la famille Pinault (42 %). Si ce projet n’est pas encore formellement sur la table, il alimente les discussions internes du groupe, confronté à une année 2024 particulièrement difficile : résultats en chute libre de 57 %, faibles performances de Gucci, et marges réduites chez Valentino.
Une alliance stratégique de long terme
Le Qatar, qui a toujours affiché son ambition de devenir un acteur de poids dans l’univers du luxe, voit en Kering un partenaire stratégique pour développer ses marques italiennes, comme Balmain ou Pal Zileri, notamment dans les secteurs du parfum et de l’immobilier.
Selon plusieurs sources proches du dossier, le fonds Mayhoola aurait d’ailleurs déjà commencé à acheter discrètement des actions Kering sur le marché, avec l’ambition d’obtenir un siège au conseil d’administration. Une perspective que le groupe français ne semble pas exclure, bien qu’aucune décision formelle n’ait encore été actée.
« Mayhoola a accepté de céder Valentino dans une logique de partenariat stratégique de long terme avec Kering », confie une source proche du dossier.
La question de la gouvernance, notamment au sein du conseil d’administration, pourrait rapidement devenir centrale si le Qatar renforçait sa présence au capital.
La famille Pinault, dont François-Henri Pinault, fils de François Pinault a participé à la réunion du groupe Bilderberg en 2006 ne verrait pas d’objection à un tel rapprochement, selon plusieurs sources bien informées citées par nos confrères. Le rapprochement entre Kering et le Qatar dont le clan Al Thani compte de nombreux contributeurs de l’agenda 2030 du Forum économique mondial dont le premier ministre Mohammed Bin Abdulrahman Al Thani, le Sheikh Ali Alwaleed Al-Thani, ou Abdulla Bian Ali Al Thani, pourrait ainsi redéfinir les équilibres au sein de l’un des plus grands groupes de luxe au monde, à un moment où l’industrie traverse une zone de turbulences.