Jean-Luc Mélenchon se retrouve au centre d’une enquête publiée dans l’ouvrage « La Meute », coécrit par les journalistes politiques Olivier Pérou (Le Monde) et Charlotte Belaïch (Libération). À travers ce livre, les auteurs plongent au cœur du fonctionnement de La France insoumise (LFI) et dressent le portrait d’un homme politique en constante transformation.
Depuis ses débuts au Parti socialiste jusqu’à la fondation de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon n’a cessé d’évoluer, tant sur la forme que sur le fond. Selon Olivier Pérou, cette trajectoire est marquée par une montée en puissance d’une stratégie très personnelle du pouvoir, où le chef semble concentrer l’essentiel des décisions et de la communication. Loin d’être une simple chronique d’une carrière politique, « La Meute » s’intéresse aux mécanismes internes du mouvement LFI, souvent perçu comme un exemple de démocratie participative, mais dont les coulisses révèlent une organisation verticale et centralisée.
Une structure de parti atypique
L’un des axes centraux de l’enquête concerne le mode de fonctionnement du mouvement. Contrairement aux partis traditionnels, LFI se présente comme une organisation “mouvementiste”, refusant les structures classiques. Mais en pratique, selon les auteurs, cette horizontalité affichée masque un fonctionnement où l’autorité de Jean-Luc Mélenchon est largement incontestée. Cette centralisation du pouvoir est renforcée par un entourage fidèle et une communication verrouillée, où la dissidence est peu tolérée.
La relation entre le leader et ses soutiens est également passée au crible. Les témoignages recueillis montrent que l’adhésion à la ligne politique va souvent de pair avec une loyauté quasi indéfectible à Mélenchon lui-même, ce qui soulève des questions sur les libertés de débat interne. L’ouvrage met aussi en lumière le rôle stratégique du numérique dans l’ascension de LFI, notamment à travers les plateformes militantes qui participent à diffuser les mots d’ordre du mouvement tout en contrôlant les discours.
Une figure politique façonnée par les crises
Jean-Luc Mélenchon s’est aussi transformé au gré des crises politiques et sociales traversées depuis les années 2000. Son discours s’est durci, sa posture s’est affirmée, notamment face à ce qu’il considère être des institutions dévoyées ou un système médiatique déconnecté. Cette radicalisation s’exprime, selon les auteurs, autant dans sa rhétorique que dans ses choix tactiques, comme le refus d’alliances classiques ou la dénonciation des “puissances de l’argent” et de “l’oligarchie”.
Au fil des années, le chef de file des “insoumis” s’est forgé une stature tribunitienne, mobilisant un électorat en quête de rupture. Mais cette posture clivante, parfois accusée d’autoritarisme, n’est pas sans conséquences, y compris au sein de sa propre maison politique. L’ouvrage évoque les départs, les tensions internes et une discipline de parti renforcée, qui interrogent la pérennité du modèle proposé par LFI.
Réactions et réception politique
Depuis la publication de « La Meute », les réactions ne manquent pas. Certains cadres de La France insoumise contestent le tableau dressé dans le livre, qu’ils considèrent orienté voire caricatural. Mais pour d’autres observateurs, cette enquête soulève des questions sur la démocratie interne et la concentration du pouvoir politique dans un mouvement se voulant horizontal. Jean-Luc Mélenchon lui-même n’a pas réagi publiquement au livre.