Contre toute attente, Javier Milei a remporté les élections législatives de mi-mandat avec plus de 40 % des voix, un résultat qui conforte son projet ultralibéral et fragilise un péronisme en crise. Ce scrutin, qualifié de « chèque en blanc » par une partie de la presse argentine, marque une étape décisive pour le président le plus clivant d’Amérique latine.

Un an après son arrivée au pouvoir, Javier Milei signe une victoire politique éclatante. Dimanche 26 octobre, le président d’ultradroite argentin et son parti La Libertad Avanza (LLA, « La liberté avance ») ont largement dominé les élections législatives de mi-mandat, recueillant plus de 40 % des suffrages. Une performance que la presse argentine qualifie tour à tour de « triomphe surprise » (Clarín), de « résultat percutant » (La Nación), ou encore de « victoire éclatante » (Infobae).

Ce score donne au chef de l’État une base parlementaire renforcée : Clarín estime que LLA comptera désormais 93 députés sur 257, contre seulement 37 auparavant, auxquels s’ajouteraient une vingtaine d’alliés issus du PRO, la droite conservatrice. Un quasi-quorum qui lui ouvre la voie à une gouvernance plus fluide, après des mois d’instabilité politique et de bras de fer au Congrès.

Mais au-delà des chiffres, c’est le symbole qui frappe : pour la première fois, La Libertad Avanza arrive en tête dans 16 des 23 provinces, y compris à Buenos Aires, bastion historique du péronisme, où Milei avait été largement battu deux mois plus tôt. « Une dose d’oxygène », commente Infobae, après une série de revers politiques et de scandales de corruption qui avaient fragilisé le gouvernement.

Interrogé une semaine avant le scrutin, le président confiait espérer « seulement un tiers des sièges » pour sécuriser son programme de réformes structurelles : il a fait beaucoup mieux. Dans son discours de victoire, prononcé depuis son quartier général de Buenos Aires, le chef d’État libertarien a surpris par un ton jugé « modéré » par plusieurs observateurs. Loin de ses invectives habituelles, il a multiplié les appels à l’unité : « Nous invitons les gouverneurs à discuter de ces accords possibles. Il y a beaucoup d’acteurs rationnels qui savent que 1 + 1 = 2. »

Cette main tendue s’adresse notamment aux forces non péronistes, dans un pays où la polarisation politique atteint des sommets. Pour La Nación, Milei « sait qu’il ne peut gouverner seul », mais entend « construire une nouvelle majorité autour de la réforme et du pragmatisme ».

Le contraste est saisissant avec la débâcle du camp péroniste. Fuerza Patria (FP), la coalition de centre gauche, n’a obtenu que 31 % des voix, soit près de dix points de moins que LLA. Une claque historique, que la revue Noticiasdécrit sans détour : « Le péronisme se retrouve face à son reflet : désordre, querelles internes, absence de leadership. »

En validant massivement le cap libéral du président, les électeurs argentins semblent accepter les sacrifices promis : réduction de l’État, coupes budgétaires, privatisations et dérégulation du marché du travail. Autant de réformes qui divisent profondément le pays mais que Milei présente comme « le seul chemin pour sauver la nation du naufrage économique ».

« Aujourd’hui, deux Argentins sur trois ne veulent pas retourner dans le passé », a-t-il lancé, visiblement galvanisé par ce plébiscite. Reste à savoir si cette confiance renouvelée lui permettra de transformer son projet idéologique en politique durable — ou si, à l’image de tant de présidents argentins avant lui, son ascension fulgurante cédera bientôt sous le poids du réel.

Sources :

Courrier international – Argentine. “Triomphe surprise” de Javier Milei aux législatives de mi-mandat – lien

Clarín, La Nación, Infobae, Noticias – éditions du 27 octobre 2025.