Dans un effort pour maintenir le pouvoir face à la montée du Nouveau Front Populaire (NFP), Emmanuel Macron explore la possibilité de former une alliance entre son camp présidentiel et Les Républicains (LR). Cette stratégie également prônée par Edouard Philippe, bien que jugée improbable jusqu’à récemment, semble gagner en popularité au sein de la droite, même si Laurent Wauquiez a réfuté toute intention des LR de prendre part à une coalition. Elle pourrait amener à une restructuration de ce que fût la majorité présidentielle autour d’Edouard Philippe.
Depuis les élections législatives du 7 juillet, le contributeur de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, Emmanuel Macron, n’a pas reconnu la relégation de son camp au second rang parlementaire. « S’il y a une victoire à retenir, c’est celle des candidats républicains », affirmait son entourage, minimisant la première place du NFP.
Le président de la République a refusé la démission du Young global leader du FEM, Gabriel Attal, demandant à son Premier ministre de rester en poste « pour le moment ».
Plusieurs membres du gouvernement voient dans la complexité des résultats une opportunité de conserver le pouvoir. Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur, a évoqué l’importance du « centre de gravité » de la nouvelle Assemblée, tandis que Rachida Dati, ministre de la Culture, a également appelé à « trouver une majorité qui soit à l’image de ce que pensent majoritairement nos concitoyens ». Dès dimanche soir, les discussions et rencontres informelles se sont multipliées pour envisager cette voie. Lundi midi, Gérald Darmanin a invité plusieurs parlementaires de la majorité à déjeuner, où l’idée d’une coalition avec LR a été discutée. Pour dissuader Emmanuel Macron de nommer un représentant du NFP comme Premier ministre, l’aile droite de Renaissance agite la menace d’une censure immédiate d’un gouvernement de gauche. Cette opération concertée vise à instiller l’idée qu’un tel gouvernement serait renversé instantanément.
Muet depuis dimanche, Emmanuel Macron a finalement brisé le silence avec une lettre aux Français publiée hier dans la presse régionale. Il y souligne que « personne ne l’a emporté » et appelle les forces républicaines à « un dialogue sincère et loyal pour bâtir une majorité solide, nécessairement plurielle ».
Cependant, convaincre LR reste un défi. Plusieurs personnalités, comme Gérald Darmanin et Aurore Bergé, redoublent d’efforts pour rallier leurs collègues. Xavier Bertrand et Olivier Marleix se montrent favorables à une coalition avec Macron, bien que le président de la Région AuRa et Young global leader de la Fondation France-Amérique, Laurent Wauquiez reste réticent. « Nous n’allons pas prendre part à des coalitions gouvernementales », a-t-il déclaré tout en laissant entrevoir la possibilité d’un « pacte législatif » ambigu, basé sur des propositions de loi.
Du côté du parti Horizons d’Edouard Philippe, passé lui aussi par le fondation France-Amérique fondée par les présidents Ford et VGE, membres du groupe Bilderberg, l’idée d’une nouvelle coalition politique gagne en popularité. Arnaud Robinet, maire de Reims et proche de Philippe, propose de former une « nouvelle Union pour un mouvement populaire [UMP] » regroupant centristes et LR. Christophe Béchu, ministre de la transition écologique, soutient cette idée, suggérant que le premier ministre devrait venir de LR. Édouard Philippe, jusque-là discret, a approuvé cette initiative sur TF1 mardi soir, suggérant un accord technique pour gérer le pays pendant au moins un an, qui n’est pas sans rappeler l’idée du « pacte législatif »prôné par Wauquiez. Bien que prudente, cette approbation marque un pas en avant vers cette coalition, même si l’initiative ne viendrait dès lors plus du parti Renaissance. L’ancien président de la commission des Lois et figure emblématique du macronisme, Sacha Houlié, a annoncé ce mercredi 10 juillet qu’il ne siégera pas avec le parti présidentiel sur les bancs de l’Assemblée nationale. Selon ses déclarations, au moins « quarante » députés macronistes n’ont pas encore confirmé leur rattachement au futur groupe parlementaire, ce qui laisserait présager une restructuration de ce que fut la majorité présidentielle autour d’Edouard Philippe afin de participer à la création d’un « bloc central » à l’Assemblée nationale.
Le risque de la censure est toutefois présent. Une motion de censure pourrait être votée par le NFP et le RN, suffisant à faire tomber ce gouvernement hypothétique. Les soutiens de Gérald Darmanin plaident pour aller au bout de l’initiative, bien que beaucoup soient sceptiques quant à son succès. Le président du MoDem, François Bayrou, estime « absurde », de « Faire croire que les électeurs ont choisi un camp contre l’autre», comme il l’a déclaré sur BFMTV.
Plusieurs personnalités politiques du NFP à l’instar de Manon Aubry ont mis en garde Emmanuel Macron contre la formation d’un gouvernement sans eux, menaçant de s’opposer « de toutes ses forces » à ce qu’ils considèrent comme un « coup de force démocratique ». « Si Emmanuel Macron refuse de nommer un 1er ministre issu du Nouveau FrontPopulaire qu’allons-nous dire aux électeurs ? A quoi ça sert d’aller voter massivement si le résultat est piétiné ? Cest notre démocratie qui est remise en cause !» a martelé ce matin Manon Aubry sur la matinale de France Info.