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Keir Starmer et Ursula Von Der Leyen. Image : Capture d'écran BBC.

Londres : Le nouveau partenariat Royaume-Uni – UE entre réconciliation stratégique et polémique nationale

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Cinq ans après le Brexit, le Royaume-Uni et l’Union européenne ont franchi un nouveau cap en concluant, lundi 19 mai à Londres, un partenariat stratégique inédit couvrant des domaines clés tels que la défense, l’énergie, la pêche et la mobilité. Si ce rapprochement post-Brexit est salué comme une tentative de normalisation des relations entre Londres et Bruxelles, il suscite de vives critiques outre-Manche, certains y voyant une « reddition » plus qu’une « réinitialisation ».

Porté par le Premier ministre travailliste Keir Starmer et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, l’accord prévoit notamment une coopération renforcée en matière de sécurité et de défense, permettant au Royaume-Uni de participer à certaines missions militaires de l’UE et d’accéder à un fonds européen de 150 milliards d’euros destiné à soutenir l’industrie de défense européenne.

Ce tournant s’inscrit dans une volonté assumée du chef du gouvernement britannique de dépasser les divisions héritées du Brexit. « Il est temps de sortir des vieilles querelles pour construire des solutions concrètes pour les Britanniques », a-t-il déclaré dans les colonnes du Guardian.

Tourisme facilité et retour dans le marché européen de l’électricité

Le texte inclut également un volet mobilité : les touristes britanniques pourront utiliser les portiques électroniques de l’Union, allégeant ainsi les contrôles aux frontières. Côté énergétique, le Royaume-Uni s’engage à rejoindre le marché unique européen de l’électricité, un choix qui implique une convergence réglementaire avec l’UE… et le retour du contrôle de la Cour de justice européenne sur certains aspects techniques.

La pêche, cœur des tensions médiatiques

Mais c’est sur la pêche que l’accord cristallise les tensions. Londres et Bruxelles prolongent jusqu’en 2038 leur pacte post-Brexit sur l’accès réciproque aux eaux territoriales, un compromis qui inclut le maintien d’un quota de captures équivalent à 75 % des niveaux d’avant Brexit. En échange, les produits alimentaires britanniques bénéficieront d’un accès facilité au marché unique, via un alignement sanitaire.

Une décision jugée « humiliante » par la presse conservatrice britannique. The Daily Telegraph accuse Starmer d’avoir « flanché » et de « sacrifier les pêcheurs britanniques sur l’autel de l’entente avec Bruxelles ». Le quotidien y voit une victoire personnelle d’Emmanuel Macron, qui avait fait du dossier halieutique un cheval de bataille européen.

Une fracture politique ravivée

L’opposition conservatrice, emmenée par Kemi Badenoch, dénonce un retour sous « le joug de Bruxelles », tandis que Nigel Farage, leader du parti populiste Reform UK, va plus loin, évoquant « la fin de la pêche britannique » et « une île sans pêcheurs ». Ces critiques interviennent dans un contexte de montée en puissance des droites populistes, comme l’a récemment confirmé un scrutin local.

Une “réinitialisation” sous condition

Si Downing Street espère des retombées économiques estimées à 9 milliards de livres d’ici 2040, la presse britannique rappelle que la relance des relations post-Brexit reste fragile. Selon The Times, le caractère tardif et incertain de l’annonce témoigne du fait que Bruxelles n’accordera aucune concession sans contrepartie, même dans le cadre d’un apaisement politique.

Source : Courrier International.

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