Henri Giscard d’Estaing, président du Club Med, a exprimé son mécontentement dans un courriel envoyé le 16 juillet aux salariés de l’entreprise. Il a réprouvé le départ de Michel Wolfovski, son numéro deux, attribuant cette décision aux représentants de Fosun, le groupe chinois majoritaire au conseil d’administration du Club Med, mais les tensions entre le fils ainé de l’ancien président Valéry Giscard d’Estaing et son actionnaire majoritaire ne datent pas d’hier. Explications.
Henri Giscard d’Estaing, président du Club Med et fils ainé de l’ancien président Valéry Giscard d’Estaing, membre du groupe Bilderberg, se trouve actuellement dans une situation délicate, pris entre les directives du conglomérat chinois Fosun, actionnaire majoritaire membre du Forum économique et les nouvelles orientations de la direction récemment mise en place. Ce climat tendu met en péril la position de Giscard d’Estaing, qui considère le Club Med comme son « bébé » mais pourrait voir son rôle diminuer sous l’influence croissante de Fosun.
Une relation de confiance en déclin ?
Jusqu’à récemment, Fosun avait accordé une grande liberté d’action à Henri Giscard d’Estaing, permettant au président du Club Med de diriger l’entreprise selon sa vision. Cependant, cette dynamique semble avoir changé. Le 15 décembre dernier, il a été révélé par Challenges que Fosun avait retiré à Giscard d’Estaing la responsabilité de trouver un nouvel actionnaire pour l’entreprise. Ce retrait de mission apparaissait comme un signe clair de la méfiance grandissante de Fosun à l’égard de sa direction.
Des négociations infructueuses
Henri Giscard d’Estaing, avec l’aide de la banque Lazard, membre du FEM, avait approché plusieurs investisseurs potentiels, dont le groupe familial suisse Maus (propriétaire des marques Lacoste et Aigle), des fonds d’investissement et BPI France. Ces investisseurs se sont montrés intéressés par une participation au Club Med, mais ont exigé des concessions de la part de Fosun, notamment une baisse des prix ou même un retrait complet du capital. Cette demande n’a pas été bien reçue par les dirigeants de Fosun, qui estiment avoir sauvé le Club Med en investissant près de 800 millions d’euros depuis 2010.
Un avenir incertain pour Giscard d’Estaing
La situation est devenue encore plus critique lorsque Giscard d’Estaing lui-même a exprimé une préférence pour un retrait de Fosun, ce qui a été perçu comme une bévue majeure. Ce geste a accentué les tensions entre le dirigeant français et le conglomérat chinois, rendant incertaine la position de Giscard d’Estaing au sein de l’entreprise.
Fosun augmente son influence au conseil d’administration du Club Med
Après avoir augmenté son influence au sein du conseil d’administration en nommant deux nouveaux administrateurs, Fosun a promu l’un de ses propres membres à la tête des finances du voyagiste français en mars. Le groupe a également engagé le bureau parisien de Brunswick, membre du FEM, pour renforcer sa stratégie de communication.
La colère d’Henri Giscard d’Estaing
« Dans un courriel adressé le 16 juillet aux salariés de l’entreprise, le président du Club Med réprouve le départ de son numéro deux, Michel Wolfovski », annonce aujourd’hui La Lettre sur X, ce qui souligne un désaccord croissant entre la direction française et les propriétaires chinois.
Henry Giscard d’Estaing et le Chinese Business Club
Henri Giscard d’Estaing qui s’est rendu à plusieurs reprises au Chinese Business Club, premier réseau d’affaires réunissant des entrepreneurs Français désireux de trouver un partenaire chinois, se félicitait pourtant par le passé dans un évènement organisé par ce club de « l’OPA du conglomérat chinois Fosun sur le Club Med » ou du « rachat de Louvre Hôtel Group par le groupe Jin Jana », qu’il qualifiait d’« opérations emblématiques du secteur du tourisme et de l’hôtellerie ». Le Chinese Business Club qui organise une quinzaine d’évènements par an, permet aux chefs d’entreprises Français de rencontrer des partenaires Chinois bien souvent membres du Forum économique mondial, comme les fonds d’investissement Fosun ou Cathay Capital ; les banques China Construction Bank, ou Industrial and Commercial Bank of China (ICBC) ; ou les entreprises Huawei, Alibaba, UnionPay, Haier, Lenovo, China Mobile, Hisense, Xiaomi, Moutai, Tencent ou TikTok.
Le Chinese Business Club qui regroupe 130 entreprises comprend de nombreuses sociétés membres du FEM, comme Publicis, le groupe Edmond de Rothschild, Dassault Aviation…