La décision est tombée ce vendredi 30 mai 2025. L’agence de notation Standard & Poor’s a décidé de maintenir la note AA− attribuée à la dette souveraine française. Une bouffée d’oxygène pour le gouvernement, alors que François Bayrou, Premier ministre, tente de combler un déficit abyssal et de rassembler 40 milliards d’euros pour boucler le budget 2026.
Mais cette accalmie reste fragile : la perspective négative maintenue par l’agence américaine signifie qu’une rétrogradation demeure possible si la situation budgétaire du pays ne s’améliore pas.
Un statu quo qui évite le pire
Le maintien de la note permet à la France de rester dans la catégorie des pays jugés financièrement solides, évitant ainsi une sanction qui aurait eu des conséquences directes sur les marchés financiers. Une dégradation à un simple « A » aurait pu pousser certains fonds d’investissement à revendre massivement la dette française, ce qui aurait contraint l’État à payer plus cher ses emprunts.
Cependant, depuis l’alerte lancée par S&P en février, aucune avancée majeure n’a été observée sur le redressement des comptes publics.
Un budget 2025 sous pression
Face au ralentissement économique et aux incertitudes internationales – notamment liées à la politique de Donald Trump –, le gouvernement a déjà gelé 12 milliards d’euros de crédits, dont 3,1 milliards ont été annulés. Malgré cela, le déficit public reste évalué à 5,6 % du PIB, le plus élevé de la zone euro selon la Commission européenne.
2026 : l’année de tous les dangers
C’est surtout le budget 2026 qui inquiète. Le plan de redressement de François Bayrou prévoit un ajustement de 40 milliards d’euros, afin de ramener le déficit à 4,6 % du PIB. Mais ce plan, encore flou dans ses détails, suscite le scepticisme des économistes et l’hostilité d’une partie de la classe politique.
Certaines pistes comme la hausse de la TVA sont déjà contestées, et les tentatives d’économies – comme la baisse du coût des transports sanitaires – rencontrent une forte résistance sociale, notamment de la part des taxis en grève.
Un équilibre encore hors de portée
L’OFCE table sur un déficit de 5,3 % en 2026, tandis que la Commission européenne anticipe une remontée à 5,7 %. L’objectif des 3 % exigé par les traités européens semble hors d’atteinte à moyen terme.
Le prochain examen de la note française par S&P est prévu pour le 28 novembre 2025, en plein débat budgétaire au Parlement.
Source : Le Monde.