Nouveau coup dur pour l’innovation médicale française. Carmat, l’entreprise fondée en 2008 et connue pour son cœur artificiel Aeson, a annoncé lundi 30 juin être en cessation de paiements, faute de financements suffisants pour payer ses créanciers.
La société, cotée en Bourse depuis 2010, va demander l’ouverture d’une procédure de redressement judiciaire auprès du tribunal des affaires économiques de Versailles. Dans l’attente de la décision, Carmat a suspendu sa cotation à partir du lundi 30 juin. Son action ne vaut plus que 30 centimes, contre plus de 100 euros il y a dix ans.
Un projet iconique à l’arrêt
Malgré une campagne de dons lancée récemment et des appels à l’aide auprès de l’Élysée, Carmat n’a pas pu réunir les 3,5 millions d’euros nécessaires avant fin juin, ni les 20 millions d’euros prévus d’ici la fin de l’année. Son directeur général, Stéphane Piat, évoquait pourtant une entreprise « sur une rampe de lancement », après avoir réalisé 42 implantations en 2024 et dégagé un chiffre d’affaires de 7 millions d’euros.
Depuis sa création, Carmat a mobilisé 550 millions d’euros d’investissements et trente ans de recherche, avec un objectif ambitieux : remplacer le cœur malade de patients en insuffisance cardiaque terminale grâce à un dispositif biomimétique. A ce jour, 122 patients ont été implantés avec le cœur Aeson, conçu par le professeur Alain Carpentier.
Un besoin vital pour les patients
Destiné aux patients en attente de transplantation, le cœur Aeson reproduit la forme et la fonction d’un cœur naturel. Le professeur André Vincentelli, chirurgien cardio-vasculaire au CHU de Lille, alertait récemment : « Ne plus avoir le Carmat, c’est revenir à d’autres dispositifs d’une autre époque. » La demande reste pourtant importante : l’insuffisance cardiaque tue plus que le cancer et le nombre de donneurs reste inférieur à celui des receveurs potentiels.
Des espoirs malgré la procédure
Carmat assure qu’elle « continue d’explorer toutes les options pour poursuivre ses activités » et qu’elle maintiendra le suivi médical des patients équipés de la prothèse Aeson, « quelle que soit la décision du tribunal ».