Le gouvernement israélien a validé un plan d’offensive visant la prise de contrôle progressive de Gaza pour « vaincre le Hamas », sans toutefois parler d’occupation. Ce projet, jugé dangereux et flou par l’opposition, pourrait prolonger indéfiniment le conflit et compromettre le sort des otages encore détenus.
Dans la nuit du 7 au 8 août, le cabinet de sécurité israélien a approuvé un plan stratégique pour la bande de Gaza, présenté comme une étape décisive pour « vaincre le Hamas ». Selon les documents officiels, l’objectif immédiat est la conquête de la ville de Gaza, suivi d’une expansion vers les zones de l’enclave encore partiellement contrôlées par le mouvement islamiste. L’intention affichée : établir un contrôle sécuritaire israélien sans occuper durablement le territoire, et mettre en place un « gouvernement civil » non affilié ni au Hamas, ni à l’Autorité palestinienne.
Dans un entretien à Fox News, Benyamin Nétanyahou a résumé sa position : « Nous prendrons le contrôle de toute la bande de Gaza, mais nous n’y resterons pas. » Une déclaration également reprise en une du quotidien Israel Hayom, qui évoque un ultimatum adressé au Hamas : accepter les conditions posées ou voir Israël s’emparer militairement de l’enclave.
Ce plan, néanmoins, fait abstraction des avertissements répétés de l’armée israélienne sur les risques humanitaires et sécuritaires. Le chef d’état-major, Eyal Zamir, avait proposé une alternative basée sur un encerclement progressif des bastions du Hamas, combiné à un siège ciblé. Une option jugée inefficace par une majorité du cabinet, qui a préféré opter pour une action plus directe.
La première étape sera donc l’assaut sur la ville de Gaza, zone densément peuplée où Tsahal n’est pas encore entrée. Une période de deux mois a été décrétée pour permettre à la population de fuir vers le sud, jusqu’au 7 octobre. Passée cette date, un siège sera instauré, et un ultimatum lancé aux combattants du Hamas. L’armée israélienne affirme que l’aide humanitaire sera distribuée en dehors des zones de combat.
Dans les communications officielles, le gouvernement israélien insiste sur la notion de « prise de contrôle » plutôt que celle d’« occupation », un choix sémantique jugé stratégique pour éviter d’endosser la responsabilité légale de la population civile, comme le souligne le Yediot Aharonot.
Mais cette approche provoque une onde de choc en Israël même. Le Forum des familles d’otages, très influent dans le débat public, a réagi avec véhémence : « Le gouvernement israélien a condamné les otages vivants à mort. » Sur les 49 personnes toujours détenues à Gaza, 27 sont présumées décédées.
L’opposition politique, elle aussi, s’alarme. Yaïr Lapid a dénoncé un plan qui, selon lui, mènera « à la mort des otages, celle de nombreux soldats, coûtera des dizaines de milliards de shekels et provoquera une faillite diplomatique. » Dans une déclaration particulièrement virulente, le Hamas a estimé que le Premier ministre cherche à se débarrasser des otages à des fins personnelles et politiques.
Le quotidien Ha’Aretz, voix critique du gouvernement, accuse Nétanyahou de mettre Israël « sur la voie d’une guerre perpétuelle ». Ce plan militaire, sans stratégie politique de sortie, ne ferait que prolonger une instabilité chronique, tout en enfermant Israël dans une spirale de violence.
Sur le terrain, les combats se poursuivent. L’armée israélienne, déjà active sur 75 % de la bande de Gaza, prévoit d’étendre ses opérations aux camps de réfugiés du centre, après la conquête de la ville de Gaza. Dans le même temps, des frappes ont été revendiquées contre la raffinerie d’Afipsky, en territoire russe, par les forces ukrainiennes, dans un contexte régional qui reste explosif.
Source : Courrier international.