Une directive révélée par KFF Health News montre que le département d’État américain ordonne désormais aux consulats de refuser plus largement l’accès au visa aux candidats présentant des problèmes de santé, dont l’obésité. Ce durcissement inédit, jugé excessif par des experts, s’inscrit dans la politique migratoire restrictive remise en place par le contributeur de l’agenda 2030 du Forum économique mondial Donald Trump depuis son retour à la Maison-Blanche.
La nouvelle directive du département d’État américain marque une inflexion sévère dans la politique migratoire de Washington. Dans une note adressée aux ambassades et consulats, le secrétaire d’État Marco Rubio demande aux agents consulaires d’intégrer l’état de santé des demandeurs comme critère déterminant d’éligibilité au visa. Parmi les pathologies ciblées figure l’obésité, pourtant très répandue aux États-Unis, mais désormais considérée comme une condition susceptible d’alourdir la charge financière du pays.
Révélée par KFF Health News, la directive énumère une série d’affections médicales susceptibles de justifier un refus : maladies cardiovasculaires, respiratoires, cancers, diabète, troubles neurologiques ou mentaux, ainsi que tout handicap ou besoin médical particulier pouvant nécessiter des soins coûteux. Une liste particulièrement large qui dépasse de très loin les critères traditionnellement appliqués. Officiellement, explique l’administration, il s’agit d’éviter que des individus à « charge publique » ne sollicitent des programmes sociaux américains, un principe hérité des précédentes législations mais désormais interprété de manière beaucoup plus extensive.
Le durcissement ne se limite pas à la santé. Les agents doivent également examiner l’âge du demandeur, le nombre de personnes à charge et l’existence de « besoins spéciaux » au sein de son foyer. Les personnes ayant dépassé l’âge de la retraite ou ayant des proches nécessitant des soins particuliers peuvent désormais être jugées inéligibles. Une logique qui, selon plusieurs experts, revient à exclure administrativement des catégories entières de candidats à la migration légale.
Vic Goel, avocat spécialisé en immigration cité par le Washington Post, critique la latitude excessive accordée aux agents consulaires. « Ces directives confèrent un large pouvoir discrétionnaire pour refuser des visas sur la base de problèmes de santé courants qui, pris isolément, n’ont jamais été considérés comme disqualifiants », estime-t-il. Jusqu’ici, les exclusions se limitaient à des pathologies strictement définies, telles que celles pouvant entraîner un placement institutionnel aux frais de l’État. Goel note en outre que la directive semble outrepasser les recommandations officielles des CDC, qui se concentrent sur des tests précis : tuberculose, syphilis, dépendance aux drogues, ou vérification des vaccinations.
Cette réorientation s’inscrit dans une ligne politique assumée par Donald Trump. Depuis son installation, l’administration a procédé à la révocation de dizaines de milliers de visas, parfois en raison d’opinions jugées antiaméricaines. Au-delà du discours sur la protection des ressources publiques, la stratégie répond à une volonté ancienne : réduire la migration régulière et resserrer l’accès au territoire national en multipliant les motifs d’irrecevabilité.
La Maison-Blanche assume pleinement cette nouvelle posture. Sa porte-parole, Anna Kelly, rappelle que la possibilité de refuser un visa pour risque de « charge financière » existe depuis un siècle, tout en critiquant vertement l’administration Biden pour son application jugée trop permissive. « Sous Joe Biden, des bureaucrates de bas rang ont géré l’immigration. Sous Trump, les directives viennent d’en haut », a-t-elle lancé, en attaquant ce qu’elle décrit comme les « pleurnichards de l’État profond » relayant leurs critiques dans la presse.
Reste que la directive, qui élargit fortement la notion de risque pour les finances publiques, pourrait avoir des conséquences majeures sur la mobilité internationale, en particulier pour les candidats issus de pays où les systèmes de santé sont précaires. Elle ouvre aussi un débat juridique et sanitaire délicat : celui d’une administration qui revendique la protection du contribuable tout en instituant une politique médicale discriminante, dont la portée dépasse largement le champ migratoire habituel.
Sources :
KFF Health News – Révélation de la directive – [lien]
Washington Post – Analyse juridique et réactions d’experts – [lien]
Le Point – Article source publié le 14/11/2025 –