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Beyrouth. Photo : @r Vyacheslav Argenberg

Hezbollah : la frappe israélienne à Beyrouth ravive la peur d’une “explosion à grande échelle” au Liban

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L’assassinat ciblé de Haitham Ali Tabatabaï, haut responsable militaire du Hezbollah, a fait l’effet d’un séisme politique et sécuritaire au Liban. Dimanche 23 novembre, une frappe israélienne a frappé de plein fouet un immeuble du quartier de Haret Hreik, bastion du parti chiite dans la banlieue sud de Beyrouth. L’opération, l’une des plus meurtrières depuis le cessez-le-feu de 2024, a tué cinq personnes et blessé vingt-huit autres. Elle marque, selon la presse libanaise, un tournant majeur dans l’affrontement latent entre Israël et le Hezbollah.

Pour L’Orient-Le Jour, “l’escalade franchit un nouveau palier”. Le choix de cibler Tabatabaï n’a rien d’anodin. Ce dernier, présenté par Israël comme le chef d’état-major du Hezbollah, dirigeait depuis plusieurs mois la stratégie militaire du mouvement après l’élimination successive, en 2024, de ses principaux dirigeants, dont Hassan Nasrallah et Hachem Safieddine. Tabatabaï incarnait l’aile la plus dure et la plus idéologique du Hezbollah, celle qui refuse toute concession sur le désarmement et plaide pour une confrontation ouverte avec Israël, dans la continuité du lien organique qui relie le parti chiite à la République islamique d’Iran.

Dans les rangs du mouvement, le chef assassiné jouait aussi un rôle de coordination essentiel avec les Houthis au Yémen et les milices pro-iraniennes en Irak et en Syrie. Sa mort est perçue comme un avertissement direct envoyé non seulement au Hezbollah, mais également aux autorités libanaises, accusées par Israël et les États-Unis de ne pas remplir leur engagement de désarmer la milice chiite. Washington ne cache plus son impatience : la semaine dernière, l’administration américaine a annulé la visite officielle du chef de l’armée libanaise à Washington, un geste rare qui traduit une tension croissante.

La frappe intervient d’ailleurs 48 heures après un discours du président libanais Joseph Aoun, qui, à l’occasion de la fête nationale, avait réaffirmé la nécessité d’un monopole de l’État sur les armes et se disait prêt à négocier avec Israël sous parrainage international. Une déclaration aussitôt perçue comme une ouverture politique que les États-Unis appuyaient, mais qu’Israël semble avoir balayée en poursuivant ses opérations militaires. Pour An-Nahar, cette attaque démontre que ni Tel-Aviv ni Washington ne prêtent désormais foi à la voie diplomatique proposée par le Liban.

Dans les analyses publiées lundi, la presse libanaise estime qu’un seuil critique vient d’être franchi. Certaines rédactions vont jusqu’à évoquer le “signal le plus dangereux” envoyé par Israël depuis la fin de la guerre de 2024. Si le Hezbollah ne riposte pas, il risque de donner l’image d’une organisation affaiblie et contrainte d’accepter de nouvelles règles imposées par Israël. Mais s’il choisit la riposte, il pourrait entraîner le pays dans une confrontation régionale de grande ampleur, à un moment où le Liban, plongé dans une crise économique et institutionnelle sans précédent, n’a plus les moyens d’absorber un choc supplémentaire.

Pour de nombreux commentateurs, le parti chiite se trouve face à un dilemme existentiel. Sa direction doit choisir entre une posture de “patience stratégique”, adoptée depuis le cessez-le-feu de novembre 2024, ou une escalade immédiate qui pourrait embraser à nouveau la frontière sud et plonger le pays dans une guerre totale. Dans un contexte où Israël considère que l’État libanais est incapable de neutraliser le Hezbollah, l’hypothèse d’opérations unilatérales de grande envergure n’est plus écartée à Tel-Aviv.

Au Liban, la tension est palpable. Dans la banlieue sud de Beyrouth, les habitants se préparent à un possible retour aux frappes quotidiennes. Les responsables politiques, eux, redoutent que cet assassinat marque le début d’un engrenage incontrôlable. Beaucoup y voient déjà le prélude à une nouvelle guerre, dans un pays où la moindre étincelle peut suffire à embraser un paysage politique et sécuritaire déjà au bord du gouffre.

Sources :

L’Orient-Le Jour – « L’escalade franchit un nouveau palier » – www.lorientlejour.com

An-Nahar – Analyse du 24 novembre 2025 – www.annahar.com

Al-Liwa – Déclarations sur le rapport de force Hezbollah/État libanais – www.aliwaa.com

Reuters – Reportage de Mohamed Azakir depuis Beyrouth – www.reuters.com

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