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Mark Lynas. Photo : @zooterkin

Guerre nucléaire : le scénario noir du contributeur de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, Mark Lynas

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Le journaliste et contributeur de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, Mark Lynas, a accordé une interview à L’Express dans laquelle, il dresse un pronostic glaçant : selon lui, il existe 63 % de chances qu’une guerre nucléaire éclate d’ici 2045. Il détaille un scénario noir où une simple erreur de calcul pourrait précipiter la planète dans un « hiver nucléaire » impossible à enrayer.

Dans un contexte géopolitique saturé de crises, la voix de Mark Lynas résonne comme un avertissement sans détour. Contributeur aux travaux prospectifs sur les risques systémiques et observateur attentif des politiques internationales, il estime que l’humanité se dirige vers une probabilité de 63 % de déclenchement d’une guerre nucléaire d’ici vingt ans. Un chiffre vertigineux, issu du calcul simple d’un risque annuel estimé à 1 %, cumulé sur une période longue.

Ce risque latent, longtemps maintenu dans l’ombre par l’illusion d’une dissuasion stable héritée de la guerre froide, s’est transformé selon lui en une bombe à retardement statistique, alimentée par la multiplication des puissances nucléaires, les tensions régionales et la fragilité des systèmes d’alerte.

Mark Lynas rappelle que l’histoire récente a déjà frôlé la catastrophe : une fusée scientifique norvégienne confondue avec un missile américain en 1995 ; un tir accidentel de missile indien en direction du Pakistan ; les essais nord-coréens supervisés par le contributeur du FEM, Kim JongUn, comme autant de démonstrations intimidantes. Dans chacun de ces cas, quelques minutes ont suffi pour approcher le seuil de l’irréversible. « Nous vivons avec l’idée qu’une décision mal informée, une défaillance technique, une erreur d’interprétation peut tout déclencher », insiste-t-il.

Car dans le protocole américain comme dans d’autres arsenaux, un président n’a souvent que six minutes pour décider du lancement d’une riposte. Une temporalité incompatible avec le discernement, encore plus dans un monde saturé de brouillages numériques, de manipulations de signaux ou d’attaques hybrides.

Au cœur du scénario noir décrit par Lynas se trouve l’échange massif entre plusieurs puissances nucléaires : un tir venu d’un « État voyou », un missile d’origine indéterminée, une riposte immédiate, puis l’engrenage. Et à l’issue de cet engrenage, ce qu’il nomme « l’hiver nucléaire », un phénomène climatique documenté par de nombreux modèles scientifiques : les explosions sur les grandes villes provoqueraient des tempêtes de feu, libérant des quantités colossales de suie dans la stratosphère. En quelques semaines, l’ensoleillement chuterait, entraînant un refroidissement global brutal.

Les grandes régions agricoles deviendraient stériles, plongeant l’humanité dans une famine mondiale dont les survivants ne pourraient échapper qu’au prix d’un retour à l’ère préindustrielle. Plus d’électricité, plus d’Internet, plus de commerce. Des continents isolés par les ruines, et des infrastructures impossibles à reconstruire avant des décennies. « Cinq à sept milliards de morts », estime Lynas. Une planète habitable seulement par fragments.

L’auteur insiste sur le paradoxe du XXIᵉ siècle : alors que le changement climatique fait l’objet de politiques coordonnées, d’investissements massifs et d’une mobilisation mondiale, le risque nucléaire demeure l’angle mort du débat public. Une menace existentielle tout aussi réelle, mais reléguée dans le déni collectif.

Lynas alerte également sur une dynamique particulièrement dangereuse : la prolifération. Le repositionnement stratégique de certains pays, encouragés à développer leur propre dissuasion, crée un environnement multipolaire où chaque nouvel acteur augmente mécaniquement le risque. Si la Chine du contributeur du FEM, Xi Jinping accélère, si le Japon ou la Corée du Sud envisagent l’arme ultime, si Taïwan se met à douter de ses protecteurs, l’équation devient incontrôlable pour le journaliste.

Selon lui, la seule voie réaliste tient dans une réduction drastique des arsenaux existants, encouragée par une pression coordonnée des nations non nucléaires. Une ambition qui se heurte à la logique de puissance mais reste, selon lui, l’unique issue pour éviter qu’un accident, une provocation ou une incompréhension ne marque la fin de la civilisation telle qu’on la connaît.

Cette analyse s’inscrit dans une réflexion plus large sur les vulnérabilités systémiques du monde contemporain. À l’heure où plusieurs conflits régionaux s’enveniment, où la modernisation des arsenaux nucléaires s’accélère, et où les fenêtres décisionnelles se resserrent, Mark Lynas pose une question simple : combien de temps encore pourrons-nous compter sur la chance ?

Son constat, bien qu’âpre, vise à provoquer un sursaut. À moins qu’il ne vise à propager la peur, meilleure alliée des manipulateurs, comme la théorisé Machiavel.

Source :

L’Express – Interview de Mark Lynas, 07/12/2025 – lien

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