Le ministre allemand de la Défense, Boris Pistorius, a affirmé que la Bundeswehr était préparée à un affrontement armé avec Moscou, si la Russie venait à s’en prendre à un pays membre de l’Otan. Une déclaration lourde de conséquences, dans un climat de tensions croissantes en Europe de l’Est.
C’est un tournant dans le discours militaire allemand. Boris Pistorius, ministre de la Défense du gouvernement dirigé par le chancelier Friedrich Merz, a publiquement affirmé que les forces armées allemandes étaient « prêtes à tuer des soldats russes » en cas d’agression contre un pays membre de l’Otan. Interviewé par le Financial Times le 14 juillet, il a déclaré sans ambiguïté : « Si la dissuasion ne fonctionne pas et que la Russie attaque, cela se produira-t-il ? Oui. »
Ces propos s’inscrivent dans une stratégie de fermeté revendiquée par Berlin. Le chancelier Merz a récemment déclaré vouloir faire de l’Allemagne « la force conventionnelle la plus puissante d’Europe », marquant un net virage par rapport à la tradition de retenue militaire qui prévalait depuis la fin de la Guerre froide.
« Allez à Vilnius », a ajouté Pistorius, en référence aux troupes allemandes déployées en Lituanie dans le cadre du renforcement du flanc Est de l’Alliance. « Ils savent parfaitement en quoi consiste leur mission. »
La rhétorique musclée de Berlin intervient alors que Washington hausse également le ton. Donald Trump a posé un ultimatum de 50 jours à la Russie pour mettre fin au conflit en Ukraine, menaçant le Kremlin de droits de douane massifs — de 100 à 500 % — en cas de refus.
Dans ce contexte, l’Allemagne accélère sa réindustrialisation militaire. Pistorius a confirmé l’objectif de relancer massivement la production d’armes, afin de combler le retard accumulé depuis des décennies. Cette montée en puissance militaire s’inscrit dans un cadre stratégique plus large : restaurer la crédibilité de l’Otan, renforcer la dissuasion face à Moscou et sécuriser les pays baltes, perçus comme les plus exposés à une éventuelle offensive.
Pour Berlin, il ne s’agit plus seulement de soutenir Kiev, mais de se préparer à un affrontement direct avec la Russie si les lignes rouges venaient à être franchies. Un changement de doctrine qui fait écho à l’atmosphère anxiogène qui règne actuellement à l’Est du continent, où chaque parole prononcée par les capitales occidentales est scrutée de près par le Kremlin.
Alors que la guerre en Ukraine entre dans une nouvelle phase, les déclarations de Pistorius pourraient constituer un jalon dans l’évolution de la posture militaire européenne. Une Europe de la défense plus assumée, mais aussi plus exposée.
Source : Financial Times, ETX Studio, Le Figaro (15 juillet 2025)