Le film de Ridley Scott, Gladiator 2, sort ce mercredi 13 novembre. Suite de Gladiator (2000), il met en scène Paul Mescal dans le rôle de Lucius, fils de Maximus et neveu de l’empereur Commode. L’histoire se déroule vingt ans après le premier film, sous le règne de Geta et Caracalla, mais comme dans plusieurs de ses films historiques, Ridley Scott prend de nombreuses libertés avec l’Histoire. Explications.
Plus de vingt ans après les événements de Gladiator, Lucius Verus, fils de Maximus et de Lucilla, vit en Numidie avec sa femme. Lorsque des soldats romains, sous les ordres du général Marcus Acacius, tuent son épouse et le réduisent en esclavage, Lucius décide de suivre les pas de son père. Entraîné par Macrinus, un ancien esclave aspirant à renverser les empereurs Caracalla et Geta, Lucius devient gladiateur pour se venger et combattre l’oppression, mais le film accumule quelques inexactitudes et anachronismes.
Les libertés de Ridley Scott dans Gladiator 2
La journalitse Charlotte Higgins évoque dans les colonnes du Guardian, « une succession ininterrompue de contre-vérités historiques ». La bande-annonce de Gladiator 2 dévoile une scène où le Colisée est transformé en arène aquatique, avec gladiateurs et soldats romains se battant sur des navires, sous la menace de requins. Si les naumachies, ou batailles navales, ont bien existé durant l’Antiquité, elles étaient rares au Colisée et souvent organisées dans des endroits plus adaptés. Selon le New York Times, aucun document historique n’atteste la présence de requins au Colisée, et la plupart des historiens interrogés jugent cet ajout hautement improbable. D’après le Daily Mail, les spécialistes de la Rome antique considèrent ce scénario comme une pure invention, compte tenu des défis logistiques que représenterait le transport et le maintien de requins, même si l’historienne, Charlotte Higgins, estime que c’est plausible. Dans les colonnes du média Collider, Ridley Scott défend néanmoins ce choix en affirmant : « Si le Colisée pouvait être rempli d’eau pour des batailles navales, pourquoi n’auraient-ils pas pu y mettre quelques requins ? ».
Le quotidien espagnol, La Vanguardia, met tout le monde d’accord en soulignant que de toute façon, Gladiator 2, se déroule plus de deux siècles après la construction de l’hypogée, « un réseau de tunnels qui rend impossible la retenue de l’eau dans le sable » de l’arêne.
Parmi d’autres libertés artistiques, Lucius, incarné par Paul Mescal, affronte des babouins enragés, inspirés d’une vidéo virale, et un gladiateur monté sur un rhinocéros – un animal effectivement apparu dans l’arène romaine, mais difficilement envisageable comme monture. En outre, les combats contre des animaux sauvages étaient réservés aux esclaves et condamnés, lors de spectacles appelés venationes.
La timbale est toutefois remportée par une scène où l’on voit un Romain attablé dans un café en train de boire un thé, un journal à la main, deux mille deux cents ans avant l’invention de l’imprimerie.
Les inexactitudes du premier Gladiator
Dans le premier opus de 2000, Ridley Scott avait déjà pris de nombreuses libertés. L’un des anachronismes les plus évidents est un bref travelling au-dessus de Rome, où l’on semble distinguer la basilique Saint-Pierre, construite plusieurs siècles plus tard. Il en allait de même pour certaines dates et personnages historiques : par exemple, Lucilla, sœur aînée de Commode, aurait dû être décédée lors du combat final entre l’empereur et Maximus, personnage fictif.
Les feux grégeois utilisés par l’armée romaine lors de la bataille de Germanie constituent un autre anachronisme, ces feux ayant été inventés aux alentours de 672, dans l’Empire Byzantin. Bien qu’il existe des armes incendiaires anciennes, le « feu grégeois » en tant que tel n’existait pas à l’époque romaine.
Les erreurs historiques dans Napoleon
Dans Napoleon, Ridley Scott montre l’empereur assistant à la décapitation de Marie-Antoinette dans une foule hostile. En réalité, il n’était pas présent, et Marie-Antoinette, tête rasée, n’a pas été la cible de jets de tomates, car le peuple, affamé en 1789, ne gaspillait pas de nourriture. Napoléon a toutefois assisté à la prise des Tuileries.
Le film montre aussi Napoléon en Égypte tirant au canon sur les pyramides, alors que la bataille s’est tenue loin des pyramides de Gizeh, sans les menacer. Par ailleurs, le film suggère que Napoléon quitte l’Égypte en apprenant les infidélités de Joséphine, alors que ses décisions militaires n’ont jamais été influencées par cette raison.
Enfin, Napoleon le montre confiant lors de la bataille de Waterloo, où il aurait mené directement ses troupes. En réalité, déjà affaibli par la maladie, il fut assez en retrait durant cette bataille, avant d’être exilé à Sainte-Hélène.
Ridley Scott n’est pas le premier réalisateur hollywoodien à prendre des libertés avec l’Histoire pour offrir des scènes spectaculaires comme celles des requins ou des feux grégeois, qui ajoutent au grand spectacle. Cependant, l’exercice peut parfois pencher vers la propagande, à l’instar des westerns américains où les cow-boys étaient opposés aux « méchants Indiens ».