Emmanuel Macron hausse le ton face à la nouvelle opération militaire israélienne à Gaza, qu’il qualifie de « désastre ». Au nom d’un cessez-le-feu durable et d’une mission de stabilisation internationale, le président français prend ses distances avec Tel-Aviv, accentuant un climat de tensions diplomatiques inédit entre la France et Israël.
Le désaccord entre Paris et Tel-Aviv s’aggrave. Dans un message publié mercredi 20 août sur X (ex-Twitter), Emmanuel Macron a vivement critiqué l’opération militaire israélienne prévue dans la bande de Gaza, affirmant qu’elle « entraînera la région dans une guerre permanente ». Ce nouveau coup de semonce intervient après des échanges tendus entre le président français et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, notamment autour de la reconnaissance prochaine d’un État palestinien par la France.
Après ses récents entretiens avec le roi Abdallah II de Jordanie et le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi, Emmanuel Macron s’est fait le porte-voix d’une ligne commune appelant à l’arrêt immédiat des hostilités. Il plaide une nouvelle fois pour un cessez-le-feu permanent à Gaza, la libération de tous les otages, l’acheminement massif de l’aide humanitaire, le désarmement du Hamas, ainsi que le renforcement de l’Autorité palestinienne dans l’enclave. Mais surtout, il appelle à la mise en place d’une mission internationale de stabilisation pour Gaza, étape cruciale selon lui vers une solution politique durable.
Ce positionnement contraste de manière frontale avec la stratégie offensive défendue par le gouvernement Netanyahu, qui a récemment approuvé le rappel de 60 000 réservistes en vue d’une opération visant à contrôler les camps de réfugiés du centre de Gaza, considérés comme les derniers bastions du Hamas. Pour le président français, cette initiative ne pourrait que « conduire à un véritable désastre pour les deux peuples ».
Le différend s’est aggravé à la suite d’une lettre incendiaire envoyée par Benjamin Netanyahu à Emmanuel Macron. Dans ce courrier, le chef du gouvernement israélien accuse le président français d’alimenter l’antisémitisme en Europe, en raison de sa volonté de reconnaître un État palestinien d’ici septembre 2025, à l’occasion d’un sommet prévu à New York. Il y exhorte Paris à revenir sur cette décision « avant la nouvelle année juive ».
L’Élysée a réagi fermement, affirmant n’avoir « aucune leçon à recevoir » en matière de lutte contre l’antisémitisme. Un message relayé par le ministre chargé des Affaires européennes, Benjamin Haddad, qui a dénoncé sur BFMTV une « instrumentalisation » politique d’un sujet aussi grave. Le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) a tenté de calmer le jeu, appelant à l’unité : « Le combat contre l’antisémitisme doit rassembler et non diviser », a déclaré son président Yonathan Arfi.
La tension entre la France et Israël, nourrie par des désaccords de fond sur le conflit israélo-palestinien, atteint ainsi un niveau inédit.
Si Paris maintient son engagement en faveur d’une paix fondée sur une solution à deux États, Tel-Aviv semble désormais considérer cette position comme une atteinte directe à sa légitimité diplomatique.
Le ministre des Affaires étrangères israélien Gideon Saar a même recommandé à Benyamin Netanyahou la fermeture du consulat de France à Jérusalem, selon un article publié dimanche par le quotidien proche du gouvernement Israel Hayom.
Sources : AFP, Élysée, X/Twitter, BFMTV