Le ministre israélien des finances Bezalel Smotrich a proposé, jeudi 28 août, un plan radical : annexer la bande de Gaza par étapes si le Hamas ne dépose pas les armes. Une stratégie qui entérinerait un tournant historique dans le conflit israélo-palestinien, à rebours des efforts de négociation internationaux.
Le ton est sans ambiguïté et la ligne, assumée : Bezalel Smotrich, ministre israélien des finances et figure de l’extrême droite nationaliste, a présenté jeudi 28 août 2025 un plan détaillé visant à annexer la bande de Gaza si le Hamas refuse de se rendre. Lors d’une conférence de presse à Jérusalem, l’homme fort du sionisme religieux a posé un ultimatum clair : « Si le Hamas ne dépose pas les armes et ne libère pas les otages, nous devrons avancer et prendre Gaza, semaine après semaine, jusqu’à sa totalité. »
Son plan repose sur une logique de pression militaire et territoriale. Il prévoit une campagne d’annexion progressive, par portions hebdomadaires pendant un mois, accompagnée d’une stratégie de déplacement de population. Les civils palestiniens seraient invités à rejoindre le sud de l’enclave, tandis qu’un siège militaire serait imposé au Nord et au Centre pour neutraliser les derniers bastions du Hamas.
Cette prise de parole intervient alors que la guerre à Gaza, déclenchée il y a près de deux ans, s’enlise dans un cycle de violence et de représailles sans fin. Pour Bezalel Smotrich, c’est le moment d’« adopter une stratégie de victoire claire, avant la fin de l’année », appelant le Premier ministre Benyamin Nétanyahou à valider « immédiatement et en totalité » cette initiative.
Le plan Smotrich représente un tournant radical dans la doctrine israélienne, jusque-là officiellement opposée à une réoccupation durable de la bande de Gaza. Depuis le retrait unilatéral de 2005, Israël n’a jamais revendiqué l’annexion du territoire. L’éventualité d’une telle opération, en violation du droit international, serait une rupture majeure, aux conséquences régionales et diplomatiques potentiellement explosives.
Du côté international, aucune réaction officielle n’a encore été enregistrée, mais les chancelleries occidentales, déjà préoccupées par l’enlisement humanitaire et militaire dans l’enclave, devraient suivre cette déclaration avec la plus grande attention. La proposition de Smotrich vient par ailleurs contrarier les efforts discrets menés par l’Égypte, le Qatar et les États-Unis pour tenter de parvenir à un cessez-le-feu et à la libération des otages.
En Israël même, ce plan pourrait également accroître les tensions au sein du gouvernement, où les désaccords sur la conduite de la guerre sont de plus en plus visibles. Alors que les familles d’otages réclament un accord immédiat, Smotrich parie sur une logique de domination totale du territoire. Un pari à haut risque, dans un contexte déjà explosif.
Sources :
Le Monde – Gaza : le ministre israélien des finances prône l’annexion de l’enclave si le Hamas refuse de déposer les armes – 28 août 2025