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Gabriel Attal. Image : Capture d'écran compte X de Gabriel Attal.

Gabriel Attal à Arras : le patron de Renaissance annonce son programme pour « tourner la page du chaos » en 2027

Les proches avaient annoncé un moment fondateur. Des macronistes historiques ont même boycotter l’évènement. Devant les militants de Renaissance réunis à Arras ce dimanche 21 septembre, Gabriel Attal a bien livré un discours-programme dense, mêlant tacles appuyés à Emmanuel Macron, mea culpa et propositions structurantes. L’ancien premier ministre ne souhaite pas perdre de temps et il semble s’être lancé dans la course pour 2027 ce dimanche. Celui qui veut « tourner la page du chaos » a annoncé une « nouvelle République » économique, sociale, écologique et démocratique, avec une méthode de gouvernement plus partagée et un calendrier d’action sur dix-huit mois.

À Arras, Gabriel Attal a choisi la solennité. Le chef de Renaissance a d’abord ancré sa parole dans la mémoire du Pas-de-Calais, département « présent dans toutes les fonctions » qu’il a occupées, rappelant la dignité des proches de Ludovic Montuel, l’assassinat de Dominique Bernard « tombé en défendant ses élèves » et la détresse des sinistrés des inondations. Tout en martelant la promesse tenue d’y revenir « chaque mois » depuis son arrivée à Matignon, il souligne que « d’ici à l’automne, 85 % des travaux » engagés contre le risque d’inondations seront achevés. La politique, dit-il, « a encore un sens » lorsqu’elle change la vie.

Le ton s’est fait plus politique lorsque l’ancien premier ministre s’est attaqué à l’« année de chaos » et aux « outrances » qui ont fait perdre de vue « les problèmes des Français ». Attal a revendiqué la « fin du chômage de masse » et la « réindustrialisation », mais a pointé « l’origine première de l’instabilité » : la dissolution de l’Assemblée nationale, à laquelle il dit s’être opposé, allant jusqu’à proposer sa démission pour l’empêcher. Il affirme tendre la main« aux forces politiques » et promet d’« aider » Sébastien Lecornu à réussir, au nom de la stabilité.

Son fil rouge, c’est 2027, a-t-il proclamé. Non « pour le choix du pire », mais pour « le grand ressaisissement ». Pourtant, l’échéance ne vaut que si l’on « agit pour le pays tel qu’il est aujourd’hui ». D’où une stratégie de terrain et d’enracinement local, le lancement d’un « parti libre » et « émancipé » qui « changera de nom », fort d’une base idéologique consolidée et d’élus en formation pour les municipales. Exit la nostalgie : « Nous voulons refonder le modèle de 1945 pour la France de 2025 », face à ceux qui voudraient « retourner en 1945 ».

La « nouvelle République » prend forme en quatre actes. D’abord économique et sociale : respect des entrepreneurs, « France de propriétaires et d’actionnaires », financement social qui n’écrase pas les salaires, assurance-chômage « qui incite réellement à reprendre une activité ». Attal propose de « repenser la manière de travailler », d’ouvrir davantage de libertés d’organisation, y compris dans la fonction publique, et d’« interroger la notion de temps de travail » à l’heure de l’IA. Sur les retraites, il veut « rendre archaïques » les polémiques sur l’âge en prônant un système « sans âge légal », à durée de cotisation par points, avec une part de capitalisation ouverte à ceux qui le souhaitent. Le chapitre social s’élargit aux « angles morts » : mères célibataires, santé mentale, lutte contre le harcèlement et « grande cause » de la solitude.

Deuxième acte, la République des grands projets et du numérique. Fidèle au couple « nucléaire + renouvelables », Attal rêve d’une France « pionnière de l’avion vert » plutôt que « pays sans avion ». Face au « tsunami » de l’intelligence artificielle, il refuse le réflexe punitif : « Plutôt que de demander comment taxer Mistral, demandons-nous comment avoir un deuxième, un troisième, un quatrième Mistral. » Objectif : libérer l’innovation, multiplier les champions technologiques et aligner l’écologie sur des solutions « au service des Français, jamais contre eux ».

Troisième acte, l’autorité. Il prône une « bulle de protection » autour de la jeunesse contre les ingérences, refuse « l’excuse de minorité » pour « les cas de délinquance les plus graves » et se dit prêt à « changer de cadre, y compris constitutionnel ». En immigration, il récuse à la fois la chimère du « zéro » et le déni : « Accueillir moins, mais accueillir mieux », en instituant un permis à points inspiré du Canada, au service de la « préférence travail » et de l’intégration.

Quatrième acte, les libertés. Attal défend la « non-régression sociétale » à graver dans la Constitution, après l’inscription du droit des femmes à disposer de leur corps. Il promet d’être « intraitable » contre l’antisémitisme comme contre les actes anti-musulmans, refusant le piège des haines croisées et appelant à ne pas laisser « la politique défaire ce que la République a su faire : nous unir ».

À l’échelle européenne, enfin, il situe la France « aux côtés des Ukrainiens et des Européens », salue l’envoi de Rafale pour défendre le ciel polonais et plaide pour une Union plus légitime, allant « jusqu’à l’élection au suffrage universel du président de la Commission ».

Reste la méthode. C’est ici que le terme « nouvelle République » devient institutionnel : « cesser de croire au mythe de l’homme providentiel », « partager le pouvoir », « moins de normes », « moins de strates », « moins d’élus », « moins de voies de recours » qui transforment la France en « vétocratie », et « des référendums réguliers » pour impliquer les citoyens au-delà du quinquennat. Il ne s’agit pas de « mettre la Ve République à terre », mais de la « faire passer au XXIe siècle », a-t-il déclamé devant un public clairsemé. Dix-huit mois sont fixés pour « poser les bonnes questions », bâtir le projet et « briser la tenaille » RN/LFI en 2027 par un « idéal, un projet et une démarche » fondés sur « l’espoir, l’autorité et la liberté »,.

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