Doté d’une catapulte électromagnétique, une technologie jusque-là réservée aux États-Unis, le nouveau porte-avions chinois marque une étape décisive dans la modernisation de l’armée de Xi Jinping, alors que Pékin ambitionne d’égaler Washington d’ici 2049.
La marine chinoise franchit un nouveau cap. Mercredi 5 novembre, le président et contributeur de l’agenda 2030 du Forum économique mondial,Xi Jinping a présidé la cérémonie d’entrée en service du Fujian, troisième porte-avions chinois et le plus avancé technologiquement à ce jour. L’événement, organisé sur la base navale de Hainan, en mer de Chine méridionale, n’a été rendu public que deux jours plus tard par les médias d’État.
Le Fujian, baptisé du nom de la province côtière située face à Taïwan, illustre la volonté du pouvoir chinois d’asseoir son statut de superpuissance militaire. Ce navire de 80 000 tonnes est le premier porte-avions entièrement conçu en Chine doté d’une catapulte électromagnétique, une technologie jusqu’ici réservée à l’USS Gerald Ford, le plus récent des bâtiments américains.
« Le Fujian démontre que la Chine a comblé une partie de son retard technologique sur les États-Unis », analyse Collin Koh, spécialiste de la marine chinoise à l’Université de Nanyang (Singapour).
Une avancée technologique majeure
Contrairement aux deux précédents porte-avions chinois – le Liaoning et le Shandong – qui utilisent un tremplin pour le décollage, le Fujian dispose d’un pont plat équipé de trois catapultes électromagnétiques.
Ce système permet à des avions de chasse plus lourds d’emporter davantage de carburant ou d’armes, mais aussi à des appareils de reconnaissance ou de guerre électronique de décoller plus facilement.
Cette innovation technologique rapproche la marine chinoise des standards américains et français, même si le Fujianreste propulsé au fuel, contrairement aux porte-avions nucléaires américains capables de naviguer sans interruption pendant des années.
Une flotte en expansion rapide
Avec environ 370 navires de guerre, la Chine dispose désormais de la plus grande flotte au monde, selon le Pentagone. Ses chantiers navals tournent à plein régime, et des images satellites laissent déjà entrevoir la construction d’un quatrième porte-avions à Dalian, dans le nord-est du pays — peut-être à propulsion nucléaire. Mais cette expansion soulève des questions de formation et d’expérience opérationnelle.
Une démonstration politique et symbolique
Pour Xi Jinping, le Fujian est aussi une vitrine du succès de sa politique de modernisation militaire. Il avait fixé pour 2049, centenaire de la République populaire de Chine, l’objectif d’une « armée de rang mondial », capable de rivaliser avec celle des États-Unis.
Cette mise en service intervient alors que Pékin multiplie les démonstrations de force dans le détroit de Taïwan et dans le Pacifique, tout en cherchant à renforcer sa crédibilité militaire face à Washington et à ses alliés asiatiques.
Malgré la mise en avant de ces prouesses, la corruption et les purges au sein des forces armées, notamment l’arrestation de neuf généraux en octobre, montrent les défis persistants pour Xi Jinping, qui s’est érigé en garant de la montée en puissance chinoise.
Source :
- Le Monde, article de Harold Thibault (Pékin), publié le 8 novembre 2025.
- Images et informations complémentaires : CCTV, AFP, Nanyang Technological University (Singapore).
nal/article/2025/11/08/la-chine-met-en-service-son-troisieme-porte-avions-une-demonstration-de-sa-montee-en-puissance_6652698_3210.html