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France : Une hausse inquiétante de la mortalité infantile, symptôme d’un système de santé en crise

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La France connaît une tendance préoccupante en matière de mortalité infantile. Avec 4,1 décès pour 1 000 naissances, le pays se retrouve en queue de peloton en Europe, loin des standards nordiques. Ce chiffre, en hausse depuis 2015, marque une rupture avec les décennies précédentes où la baisse de la mortalité infantile était continue. Cette dégradation, qui ramène la France aux taux du début des années 2000, soulève des interrogations sur l’état du système de santé et l’efficacité des politiques publiques en matière de périnatalité.

Les journalistes Anthony Cortes et Sébastien Leurquin, auteurs du livre 4,1 – Le scandale des accouchements en France, mettent en lumière plusieurs facteurs contribuant à cette augmentation. Si l’âge des mères et la précarité sont souvent cités par les autorités médicales, les auteurs pointent d’autres éléments structurants : la fermeture des maternités de proximité, la désertification médicale et une politique hospitalière dictée par des logiques comptables plutôt que par les besoins réels des patients.

Les disparités régionales sont frappantes. En milieu rural, l’éloignement des maternités représente un risque accru. Dans des départements comme le Lot, où trois maternités sur quatre ont fermé en quinze ans, les femmes enceintes doivent parcourir de longues distances pour accoucher, avec des conséquences parfois dramatiques. De même, en Seine-Saint-Denis, où le taux de mortalité infantile atteint 5,8 %, la précarité et la diminution des structures de suivi périnatal aggravent la situation.

La fermeture des maternités : une politique à revoir ?

Depuis les années 1970, l’État a mis en place une rationalisation des maternités pour garantir un niveau de sécurité plus élevé. Un décret de 1998 impose notamment un seuil minimal de 300 accouchements par an pour maintenir une maternité ouverte, un chiffre aujourd’hui jugé obsolète par certains experts. En conséquence, dix départements français ne disposent plus que d’un seul établissement de naissance, poussant les futures mères à se rendre dans des hôpitaux surchargés ou à accoucher dans des conditions précaires.

L’Académie de médecine plaide pour un modèle inspiré de la Suède, avec de grandes maternités équipées et des unités mobiles de transport médicalisé. Mais en France, ce système peine à être mis en place, notamment en raison des infrastructures routières et des aléas climatiques qui compliquent l’accès aux hôpitaux pour certaines populations rurales.

Un manque de données pour une prise de décision efficace

Un autre problème majeur réside dans l’absence d’un registre national des naissances, qui permettrait de mieux analyser les causes de cette hausse de la mortalité infantile. Actuellement, les données disponibles sont parcellaires et ne permettent pas d’établir un lien précis entre les différents facteurs de risque : âge de la mère, conditions socio-économiques, pollution, qualité du suivi médical, etc.

Vers un sursaut politique ?

Face à ces constats, les auteurs de 4,1 – Le scandale des accouchements en France appellent à une prise de conscience et à des réformes en profondeur. Pour éviter que la France ne poursuive sa trajectoire négative, ils plaident pour une refonte des politiques de périnatalité, une meilleure répartition des maternités sur le territoire et un investissement accru dans les structures d’accompagnement des mères.

La mortalité infantile est un indicateur clé de la santé d’un pays. La hausse observée en France ces dernières années doit alerter sur l’état du système de soins et la nécessité d’une réponse adaptée.

Source : L’Express.

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